Résumé
: Le débat a commencée avec une discussion sur les
valeurs, les principes et les buts. En général, la
plupart des participants étaient d’accord sur le fait
que le monde d'aujourd'hui a besoin de chercher des solutions globales
aux problèmes urgents tels que la guerre, l'inégalité,
la pauvreté et la dégradation de l'environnement.
Deux courant principaux ont clairement surgi. Le premier insistait
sur le fait qu'il fallait prendre le temps nécessaire pour
arriver à se mettre d’accord sur les valeurs avant
d'avancer dans la construction d'un Parlement Mondial. Le deuxième
groupe était plus impatient, voulant passer aux choses pratiques
et considérait la question des valeurs comme ayant déjà
été essentiellement résolue par les multiples
efforts et initiatives pour une gouvernance globale. En conclusion
: le Parlement Mondial comme un arbre à palabre.
Le forum pour un Parlement Mondial pour le 21ème
siècle va se dérouler sur plusieurs mois. Le débat
a commencée avec une discussion sur les valeurs, les principes
et les buts. La discussion s’est développée
essentiellement autour des valeurs qui peuvent fonder un parlement
mondial, ainsi qu’autour des principes et des buts qui doivent
servir à le gérer.
Il nous faut des solutions globales
aux problèmes urgents : la guerre, l'inégalité,
la pauvreté...
En général, la plupart des participants
étaient d’accord sur le fait que le monde d'aujourd'hui
a besoin de chercher des solutions globales aux problèmes
urgents tels que la guerre, l'inégalité, la pauvreté,
et la dégradation de l'environnement. Le gouvernement global
est-il un chemin possible pour trouver des solutions à ces
problèmes et à encore d’autres ? Voilà
la question centrale du forum. D'abord, tout le monde a semblé
être d’accord sur le fait que le système actuel
de gouvernement basé sur les États, soit sous forme
d'action d’un État individuel, soit sous celle d’initiatives
multilatérales ou collectives, est inadéquat pour
pas mal d'aspects et que ce type de gouvernement ne sera pas capable,
dans l’état actuel, de résoudre ces problèmes
et encore d’autres qui peuvent se produire à l’avenir.
Une majorité de participants était
également d’accord sur fait que, si on construit un
Parlement Mondial, il devrait être fondé sur un certain
nombre de valeurs qu’il faudra promouvoir. Plusieurs participants
ont nommé quelques-unes des valeurs qui pourraient être
prises en compte. Une personne a suggéré, par exemple
: l'éthique, la solidarité, la liberté, la
transparence et la démocratie. Une autre a proposé
une structure décomposée en sept valeurs : le respect
et la solidarité, la clarté, la cohésion, la
protection, une vraie représentativité, la flexibilité
et l'adaptation, et la citoyenneté de la Terre (ou «
ci-terrienété »).
Il semblait y avoir un accord général
sur le fait qu'une valeur importante tourne autour de l'idée
que les gens devraient être capables de satisfaire leurs besoins
humains fondamentaux tels que la nourriture, le logement, une vie
digne, le bien-être économique, etc. Et qu'un des principes
sur lesquels un Parlement Mondial serait basé serait d'assurer
que ces besoins soient satisfaits (tandis qu’un point de désaccord
a surgi sur comment l’on pourrait satisfaire ces besoins.)
Une personne a suggéré qu’il
faudrait fournir un revenu minimum à tout le monde, tandis
qu'un autre a dit que nous devrions laisser de côté
les idéologies politiques du siècle dernier. Une autre
différence d'opinion se trouvait sur la question le nombre
de valeurs qu’il faudrait reconnaître. Devrions-nous
essayer d'être exhaustifs ou nous contenter de n’en
énumérer que quelques-unes ? Quelqu’un a suggéré
qu’il faudrait faire la différence entre les valeurs
fondamentales et les secondaires. Alors il faudrait déterminer
comment décider quelles sont fondamentales et quelles sont
secondaires.
Si trouver un ensemble de valeurs universelles
s'avère fondamental, il faut poser aussi la question suivante
: Comment peut-on assurer que la gouvernance globale, ou le Parlement
Mondial, opérerait d'après les valeurs sur lesquelles
un accord a été trouvé ? En tant que corollaire,
on peut aller plus loin et demander : Quels outils ou instruments
pourraient représenter et définir le mieux ces valeurs
et principes (et lesquels ne pourraient pas) et pourquoi ? Finalement,
il faut encore répondre à la question suivante : Comment
pouvons-nous assurer que nos institutions globales fonctionnent
dès le départ d'après ces principes ?
Nous n'avons pas essayé de répondre
à ces questions dans cette phase initiale de la discussion,
sauf pour suggérer des programmes spécifiques et pour
faire des propositions pour traiter les défis globaux qui
ont servi à examiner nos valeurs et principes de base actuels,
et ces questions de base pourront servir de fil conducteur pour
le reste de la discussion.
Nous pourrions partir des valeurs
profondes et intégrales pour définir des valeurs pragmatiques
minimales
Beaucoup de participants ont semblé manifester
que la clé pour l’organisation réussie d'un
Parlement Mondial (PM) serait un bon équilibre entre les
idéaux recherchés et les manières pragmatiques
de les réaliser. Une grande partie de la discussion a porté
sur une critique de l'état actuel de la gouvernance. De ce
point de vue, un Parlement Mondial devrait essayer de traiter les
problèmes que le système de gouvernement actuel n’a
pas su résoudre. Cette approche a l'avantage de faire la
comparaison avec ce qui existe déjà, mais elle prend
aussi le risque d'essayer de faire ce qui est impossible. Quelqu’un
s’est montré particulièrement inquiet sur le
fait que la discussion pourrait finalement dériver vers une
sorte d'idéalisme romantique qui mènerait à
une impasse. Pour être viable, il suggère, un PM doit
gagner le respect, la légitimité, et le pouvoir, car
son pouvoir viendra des droits fondamentaux, du fait de comprendre
qu'il représente vraiment mieux que tout autre organisme
de la planète la volonté des citoyens du monde. Les
principes qui fondent un PM, dit-il, doivent être limités
en nombre et doivent concerner les mécanismes et processus
concrets qu’il faudra développer pour le PM. Encore
sur le sujet de la légitimité, quelqu'un a corroboré
cette position en disant que tout le monde devrait être inclus
dans le Parlement Mondial, avec des tables rondes qui pourraient
être créées à tous les niveaux de gouvernement
et de prise de décision, pour permettre à tout le
monde d’y participer entièrement.
Quelqu'un a aussi suggéré qu’il
faudra faire un effort important pour respecter les valeurs, la
culture et l'histoire de chacun, en ajoutant qu'il faudrait organiser
un PM autour du développement de communautés d'idées
basées sur un certain nombre de droits à une qualité
de vie, dont :
De la nourriture pour tous ; un abri pour
tous ; un accès équitable à la justice ; la
protection des minorités ; le droit à la santé
; égalité des chances pour l’éducation
; respect de l'enfance ; le droit à l'information.
Nous devrons dépasser les formes
actuelles de gouvernance et de parlementarisme, qui sont obsolètes
Beaucoup de participants ont approuvé l'idée
d'une auto-gouvernance, selon laquelle les gens s’occupent
de leur propres besoins à tous les niveaux. Mais si on veut
mettre cette idée en pratique, il faut aussi regarder au-delà
des formes de gouvernance que nous avons héritées
des modèles de parlement du 18ème siècle. Un
Parlement Mondial pour le 21ème siècle doit prendre
en compte de nouveaux éléments qui n’existaient
pas dans le passé, y compris un haut niveau de participation
et le respect pour la diversité. En ce qui concerne l’immensité
des nombres, la technologie pourrait résoudre certains problèmes.
La démocratie électronique, par exemple, pourrait
être à notre portée.
Un participant a imaginé un PM avec un rôle
de gardien et de protecteur des plus faibles, notamment des enfants.
Une des tâches d'une telle institution serait de mettre fin
aux guerres, à la folie des armes, à l'exploitation
industrielle, sexuelle ou domestique des êtres humains et
des autres espèces. Il permettrait également de rétablir
les écosystèmes.
Il est important de promouvoir le
multiculturalisme et de se méfier de la dominance des valeurs
d'origine occidentale
La question du multiculturalisme est à la
racine de la question des valeurs, pour ce qui est, essentiellement,
des valeurs universelles. Il y a eu dans la discussion une forte
tendance d’inquiétude de la possible dominance des
valeurs d'origine occidentale. Quelques participants ont suggéré
de porter une attention particulière sur les systèmes
de valeur traditionnels. Les questions de culture et de valeurs
ont été particulièrement portées sur
le thème de la langue. Une des questions fondamentales qu'il
faudra se poser est de savoir dans quelle langue ou langues un Parlement
Mondial devrait travailler. Plusieurs participants sont convaincus
qu'un Parlement Mondial devrait opérer dans une langue «
neutre ». L'espéranto a été mentionné
plusieurs fois. Parmi d'autres idées il y avait la récupération
d'une langue morte.
Cette question nous mène à un point
critique du problème. Deux courants principaux sont apparus
dans la discussion. Les représentants du premier courant
ont insisté sur le fait qu'il fallait consacrer le temps
qu’il fallait pour arriver à un accord sur les valeurs
avant de passer à la construction d’un Parlement Mondial.
Ce groupe était plutôt favorable à démarrer
un dialogue interculturel et voyait le Parlement Mondial comme un
corps qui aurait à gérer une multitude de problèmes,
y compris les injustices économiques et sociales, et les
inégalités Nord-Sud. Le deuxième groupe semblait
plus impatient de passer à des sujets plus pratiques et voyait
la question des valeurs comme étant résolue grâce
à d’autres efforts et initiatives multiples pour une
gouvernance globale. Ce groupe a suggéré qu’il
fallait prendre en compte les travaux déjà existants
dans ce domaine et partir de ces derniers. Le deuxième groupe
était favorable à un système minimum de valeurs,
tandis que le premier groupe semblait vouloir développer
un système plus élaboré.
Voici un exemple de ce qu'un des participants a
défini comme un ensemble de valeurs minimales qu’un
Parlement Mondial pourrait adopter (ces principes sont tirés
de la Campagne pour la Démocratie Mondiale) :
1) L’ultime souveraineté politique
réside chez les individus
2) La souveraineté collective des peuples doit s’exprimer
par la démocratie directe ou représentative
3) État de droit
4) Les problèmes sont à résoudre à l'échelle
la plus adéquate (principe de subsidiarité)
5) La transparence institutionnelle et des processus sert à
créer et à maintenir la confiance
6) L'usage de moyens pacifiques pour la construction de telles institutions
7) La non-discrimination (art. 2 de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme)
Traditionnellement, les philosophes politiques
tendent à voir le progrès dans la gouvernance de deux
manières : grâce à la réforme de la nature
humaine ou grâce à des améliorations systémiques.
Quel est le but d'un Parlement Mondial ? Après ce premier
mois de discussion, on peut présumer une primauté
du dernier.
Parfois, les idées les plus simples sont
les plus profondes. Je voudrais conclure cette synthèse avec
un message d'un de nos participants. Je pense qu'il a saisi en quelques
mots l'essence de ce qui pour beaucoup est l’enjeu :
« En Afrique, nous avons connu l'arbre
à palabre. En effet, c'est sous cet arbre que toutes les
différences sont résolues en présence de tous
ou de leurs représentants. Je rêve que le Parlement
Mondial puisse devenir une reproduction des temps modernes de nos
arbres à palabre. »
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