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Comment créer
à partir de l’espace virtuel d’une seule liste
de discussion, un mouvement citoyen mondial ayant comme ambition
rien de moins que l’instauration de la démocratie internationale
grâce à la mise en place d’un Parlement Mondial
? Comment, en plus, s’organiser de la façon la plus
ouverte et démocratique possible en essayant de ne marginaliser
personne, en « faisant le chemin en marchant », en essayant
à chaque fois de trouver la bonne mesure de modestie et d’urgence
?
Voici ce qui pourrait être la raison d’être
ultime ou presque idéale de cette communauté électronique
pour laquelle, en tant qu’expérience citoyenne, on
avait pourtant prévu une seule période de six mois
avec une fin de trajet début mai 2003, et un dossier récapitulatif
qui devrait servir à inspirer la constitution d’expériences
futures similaires... le dossier même que vous avez en mains.
De fait, grâce à la volonté
exprimée par beaucoup de participants et à la décision
d’une partie de l’équipe de facilitation de poursuivre
l’aventure, nous avons rebaptisé dans l’urgence
les premiers six mois écoulés comme une « première
étape » du forum (octobre 2002 - avril 2003), tandis
qu’une deuxième étape se déroule au moment
où nous rédigeons ces lignes (juillet 2003) : des
idées et projets circulent pour les suites à donner
maintenant, et à court, moyen et long terme. Ce dossier devient
par conséquent le premier chapitre d’une histoire dont
on ne connaît pas encore la fin.
Une deuxième étape bien
engagée sur l’exploration du futur immédiat
Aux diversités géoculturelle (plus
de 70 pays représentés par nos participants), professionnelle,
générationnelle, idéologique et de points de
vue… il faut ajouter une très importante « diversité
stratégique », qui fait que nous nous trouvons en face
de plusieurs visions, non seulement d’un Parlement Mondial
mais aussi de comment parvenir à sa construction à
partir du contexte actuel, voire de quel futur projet ou projets
concevoir pour ce forum, sans pour autant oublier que ceci n’est
qu’une toute petite initiative. Arriver à un accord
entre tous ou entre beaucoup d’entre nous dans des telles
conditions se révèle alors comme un défi majeur
que nous devons entreprendre progressivement, avec, voire même
grâce à nos pauvres moyens.
Dans cet esprit, l’agenda thématique
de cette deuxième étape a voulu garder un équilibre
entre l’élargissement à de nouveaux participants
et la recherche des premières convergences pour avancer,
après tous ces mois d’une très enrichissante
pluie d’idées. Il s’agit d’un agenda pour
une étape en elle-même « intermédiaire
», en attente d’une future définition du projet
et de la mise à disposition de nouvelles ressources.
Ainsi, les mois de mai et juin ont été
consacrés à de nouvelles présentations et à
une nouvelle discussion sur les valeurs, tandis qu’en juillet,
août et septembre on cherchera un accord sur la forme de délibération,
ainsi que sur la rédaction d’un manifeste ou d’une
charte qui doit fonder le groupe. Si la pratique actuelle du forum,
à mi-chemin entre celle d’un « chat » et
celle d’un groupe de travail délibératif structuré
avec précision, donne lieu à des discussions parallèles
sur ces sujets divers, on avance malgré tout, peu à
peu, en fonction de cet agenda.
Voici une liste des futurs possibles du projet
dans l’immédiat, sur lesquels plusieurs d’entre
nous travaillons et réfléchissons :
- Création de forums territoriaux (en Espagne, en France,
en Indonésie, dans le Monde Arabe, en Catalogne) et la
préparation de rencontres régionales (en Afrique
et en Amérique Latine) qui pourraient être un préalable
à une rencontre mondiale lors du prochain Forum Social
Mondial (Mumbai, Inde, janvier 2004) ou à la proposition
d’une rencontre internationale sur la démocratie
mondiale, et en même temps pourraient être des rencontres
de préparation de futures assemblées citoyennes
régionales.
- Un système pratique de délibération et
de votation par internet qui nous permettra d’avancer dans
nos décisions et en même temps au vrai débat
de continuer au cœur de notre projet sans tomber dans le
piège d’une logique de rivalités de décisions.
- De futures répartitions des tâches en fonction
de la disponibilité très variable de nos participants
: depuis l’élaboration de cahiers de doléances
jusqu’à la constitution de groupes de travail thématiques
bien structurés capables de prendre des décisions
sur des sujets clef tels que le financement, la recherche, la
visibilité, la rédaction de documents… depuis
l’invitation d’experts et d’hommes de terrain
clefs pour nous aider à avancer dans des domaines importants
jusqu’à l’expérimentation des premières
consultations populaires.
- Des collaborations concrètes avec d’autres groupes
ayant des fins similaires, notamment à partir de la création
de listes spécifiques qui feraient partie d’un futur
réseau.
- Des propositions pour le financement.
Ouvrir la boîte à utopies
et les laisser s’envoler vers des sols fertiles
Le futur immédiat reste ouvert à
chacun de ces chemins et à d’autres. L’augmentation
du nombre de participants et de messages par jour montre bien qu’il
y a une sensibilité des habitants de la planète au
sujet qui nous occupe, ainsi qu’une volonté d’action.
Elle nous donne aussi une toute première image « légitime
» malgré les limites actuelles de l’initiative
par rapport à son ambition.
Par ailleurs, l’objectif est justement d’ouvrir
la boîte aux utopies et de les laisser s’envoler pour
qu’elles germent dans un sol fertile. Nous voulons à
tout prix sortir des cercles des idéalistes pour rencontrer
un plus grand nombre de concitoyens et partager nos volontés
d’agir pour un monde autrement. En tant que groupe ayant pour
objectif la recherche de la démocratie mondiale, nous ne
pourrions pas, alors, garder une spécificité face
à d’autres mouvements et d’autres projets : nous
deviendrions alors un réceptacle ou « meeting point
» qui s’entêterait modestement à tout partager,
en permettant grâce à de tels échanges «
multi-bandes », la construction d’un imaginaire stratégique
partagé par la société civile et la citoyenneté.
Car en cette ère post-idéologique, il nous faut mettre
la fidélité aux personnes à sa juste place,
c'est-à-dire au-dessus de l’importance donnée
aux idées et projets de chacun, pour ainsi avancer peu à
peu vers la démocratie, grâce à un pacte social
mondial le plus large possible qui serve à jeter les fondations
du Parlement Mondial, pour un monde plus juste et pacifique.
Germà Pelayo
Équipe d'animation du forum PM21
Un Parlement Mondial pour le 21e siècle
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