Malgré le niveau de pollution très élevé du Gange, celui-ci continue d’attirer chaque année des industries polluantes.
Étonnant paradoxe que la relation des hindous et de leurs fleuves sacrés. Ceux-ci ont beau être des entités vénérées, ils sont aussi sacrément pollués ! Le Gange n’échappe pas a la règle. Bien que coulant dans la région berceau de la religion hindouiste dont il en a inspiré tant de mythes, ses pollutions y sont autant, voire plus, dramatiques qu’ailleurs. « De toute l’Inde on vient faire ses ablutions, se baigner, déposer des offrandes ou mourir sur la rive gauche du Gange pour atteindre le Svarga, le paradis d’Indra, dieu de l’Orage, mais personne n’imagine une seconde que ce fleuve symbole de purification puisse être aussi pollue ! » explique Rakesh, fondateur et président de l’association Ecofriends.
Le but de cette organisation non gouvernementale créée en 1993 est de sensibiliser les riverains du Gange aux problèmes écologiques et aux impacts de la pollution du Gange sur leur santé. Sachant que 400 millions d’Indiens vivent plus ou moins directement du Gange pour boire, se nourrir, se laver dans le bassin fluvial le plus large et le plus peuplé au monde, la tâche d’Ecofriends est pour le moins ardue ! « Les problèmes du Gange sont aussi longs que lui (2 500 kilomètres), c’est pourquoi nous avons choisi de nous concentrer sur la zone la plus polluée, celle de Kanpur », poursuit Rakesh. Autrefois considérée comme la Manchester de l’Inde, Kanpur est aujourd’hui « une cité dépotoir » selon les cinq salariés d’Ecofriends. A certains endroits, Kanpur est un égout à ciel ouvert où les eaux du Gange recèlent des traces de produits toxiques, notamment du chrome, du nickel et de l’arsenic provenant des tanneries et des industries chimiques situes aux bords du fleuve. Autre source de pollution, les cadavres humains et animaux jetés dans le Gange, a moitié consumés car le bois coûte cher.
Des autorités publiques insensibles
Malgré un début d’action de la part des autorités, il paraît vite évident qu’il n’y a de leur part guère de volonté ni de détermination. « La situation a tendance à s’améliorer depuis trois ans et la qualité de l’eau de Kanpur est meilleure qu’à Bombay ou à Delhi depuis que nous avons créé de nouvelles centrales d’épuration », se targue le maire de Kanpur, monsieur Anil Sharma. Pourtant, sur le terrain, les traces d’un quelconque changement passent inaperçues. En témoignent les points d’adduction d’eau de la ville toujours situés à proximité de cinq conduites d’égouts ou le nombre croissant de personnes affectées par les maladies hydriques et respiratoires à Kanpur. « Le seul moyen d’empêcher le Gange de mourir et d’affecter ses riverains est de mobiliser le maximum de personnes pour faire pression sur les industries et l’administration », confie le président d’Ecofriends. Afin de secouer ces dernières et de les forcer à se préoccuper de l’écologie du fleuve qui se dégrade chaque jour, Ecofriends multiplie les interventions, les manifestations non violentes, les pétitions dans les écoles, les médias, et les communautés dont le Gange est le gagne-pain (pêcheurs, fermiers, blanchisseurs…). Malgré la difficulté de la tâche, Rakesh s’efforce d’être enthousiaste : « J’ai lu que le Rhin était autrefois extrêmement pollué. Beaucoup d’efforts pour le rendre plus sain ont été couronnés de succès. Si ça marche chez vous, pourquoi pas chez nous ? »
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Liens :
Site web d’Eco Friends
(Contactez Rakesh K. Jaiswal)
Alliance Mondiale de l’Eau
Eautourdumonde, campaigne de sensibilisation de l’eau
Lectures :
URL : www.alliance21.org/2003/article314.html
DATE DE PUBLICATION :22 novembre 2004