En pleine crise financière mondiale, le neuvième Forum social mondial (FSM) a réuni, du 27 janvier au 1er février dans la ville portuaire de l’Amazonie brésilienne, Belém, 133 000 représentants d’organisations, mouvements sociaux, partis de gauche, organisations non gouvernementales et autres altermondialistes de 142 pays . Parmi eux se trouvait le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ostensiblement absent du Forum économique mondial de Davos. L’Amazonie a été choisie pour le FSM cette année parce qu’elle « concentre les contradictions essentielles de notre époque : (…) la déforestation sauvage, l’exploitation minière prédatrice et l’urbanisation caotique. » [1] Des déclarations issues du FSM de cette année, nous avons choisi de publier ici la Déclaration de l’assemblée pour la justice climatique, qui, notez-le, appelle à plusieurs jours d’action pour le reste de cette année 2009.
Depuis des siècles, le productivisme et le capitalisme industriel détruisent nos cultures, exploite notre travail et empoisonne notre environnement.
Aujourd’hui, avec la crise climatique, la terre dit "ça suffit", "ya basta" !
Une fois encore, ceux qui sont à l’origine des problèmes nous expliquent qu’ils ont des solutions : le marché d’émission de gaz carbonique, le soit disant "charbon propre", l’énergie nucléaire, les agro-fuels, et même un "new deal vert". Mais ce sont des fausses solutions, des illusions néolibérales. Il nous faut aller au-delà de ces illusions.
Les solutions réelles au changement climatique sont en train de ses construire avec ceux qui ont toujours protégé la terre et ceux qui se battent tous les jours pour défendre l’environnement et leurs conditions de vie. Nous devons aujourd’hui globaliser ces solutions.
Pour nous, les luttes pour la justice climatique et la justice sociale sont la même chose. C’est la lutte pour l’accès à la terre, la défense des forets, l’accès à l’eau, la réforme agraire et urbaine, la souveraineté alimentaire et énergétique, la lutte pour le droit des femmes et le droit des travailleurs. C’est le combat pour l’égalité et la justice pour les populations indigènes, pour les peuples du "Sud global", pour la répartition des richesses et la reconnaissance de la dette écologique historique que doivent les pays du Nord.
Contre les intérêts désincarnés et dominés par la logique du marché des élites et contre le modèle dominant de développement basé sur le consumérisme et la croissance sans fin, le mouvement pour la justice climatique revendique la défense des "biens communs" et met les questions sociales et économiques au cœur de notre combat contre le changement de climat.
Nous appelons les salariés, les paysans, les pêcheurs, les jeunes et les étudiants, les peuples indigènes et tous les êtres humains concernés, du Nord comme du Sud, de joindre cette bataille commune pour construire les solutions réelles à la crise climatique pour le futur de la planète, celui de nos sociétés et de nos cultures. Ensemble, nous construirons le mouvement pour la justice climatique.
Nous soutenons les mobilisations face au G20 et la crise du 28 mars au 4 avril, ainsi que la mobilisation du 17 avril 2009 de la Via Campesina.
Nous soutenons l’appel à une journée mondiale d’action pour la défense de la "Mère Terre" et les droits des peuples indigènes du 12 octobre.
Nous appelons à nous mobiliser avec différentes formes d’action pour la conférence de l’ONU de Copenhague, en particulier pour la journée mondiale d’action du 12 décembre.
Dans tous les aspects de notre travail, nous voulons dénoncer les fausses solutions, faire entendre les voix du Sud, défendre les droits de l’homme et renforcer notre solidarité dans le combat pour la justice climatique. Si nous faisons les bons choix, nous pouvons construire un monde meilleur pour toutes et tous.
Toutes les photos sont de Nate Cull, sous licence Creative Commons
[1] Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale, De quelle Amazonie le monde a-t-il besoin ?
URL : www.alliance21.org/2003/article3381.html
DATE DE PUBLICATION :9 février 2009