L’eau est l’essence de la vie. Elle est également, à bien des égards, une ressource irremplaçable. L’aggravation de la pollution et des déséquilibres écologiques, l’augmentation de la demande du fait de l’explosion démographique et de l’intensification des activités de production au cours de ce siècle, ou encore le fait que l’eau se raréfie en bien des endroits de la planète, sont donc autant de questions urgentes et vitales. La dégradation de l’état des ressources, la manière souvent hasardeuse dont l’homme les a gérées, tout cela entraîne des risques sérieux pour l’environnement, l’économie, autant que pour la santé en général - lorsque cela ne constitue pas, comme au Proche-Orient, un facteur de déclenchement de conflits.
La résolution de ces problèmes impose avant tout de ne plus envisager l’eau comme un "don du ciel", une ressource illimitée qu’il n’y aurait qu’à cueillir et à consommer. Il faut d’abord apprendre à respecter son cycle et sa manière d’être, et cesser de croire que celle-ci peut se plier indéfiniment à la volonté et aux besoins humains. Il s’agit également, en considérant les modes d’appropriation et d’usage (qu’ils soient techniques, sociaux, ou même rituels), particulièrement ceux qui prévalent là où elle reste un bien rare, de concevoir l’eau comme une richesse finie qui touche, de manière indissoluble, à la fois au rapport de l’homme à son environnement et aux relations des hommes entre eux. C’est dire que le problème de l’eau est un point où viennent se nouer des enjeux à la fois écologiques, économiques et culturels. Une gestion durable des ressources en eau doit prendre en compte tous ces aspects.
La question de l’eau est donc une question politique au sens où elle engage d’une part la nécessité du partage (les problèmes d’accès à l’eau traduisent toujours d’une certaine manière les déséquilibres sociaux), et où elle doit, d’autre part, se décider en fonction d’enjeux, d’instances et d’impératifs parfois divergents, voire contradictoires : les conflits et les catastrophes environnementales et sociales surviennent précisément lorsqu’un pouvoir se détermine de manière unilatérale selon un intérêt particulier élevé à la qualité de raison d’Etat. Mais, à l’inverse, si la gestion des ressources en eau constitue un point de cristallisation si essentiel de tout un ensemble de crises, cela peut signifier que toute avancée dans ce domaine concerne la scène politique toute entière. Un projet d’amélioration de l’approvisionnement peut être l’occasion et la source d’un mouvement de démocratisation de toute une société, tout comme l’obligation pour les Etats d’envisager ces problèmes d’un point de vue plus large que celui de leurs limites territoriales, et de travailler en collaboration avec leurs voisins, peut les aider à promouvoir entre eux de nouveaux types de relations, et à progresser sur d’autres questions.
Les fiches de ce dossier sont extraites de la base de données Dialogue pour le Progrès de l’Humanité (DPH).
Dossier réalisé par Olivier PETITJEAN, Fondation Charles Léopold Mayer (FPH), 38, rue Saint SABIN 75011 Paris, FRANCE. Tel : 33-(0)1 43 14 75 75. Fax : 33-(0)1 43 14 75 99. E-mail : olivier@fph.fr