1. La construction de nouvelles
formes de gouvernance est le défi prioritaire du prochain
siècle
2. Les formes traditionnelles
de gouvernance et d'exercice de la démocratie sont en cause
un peu partout dans le monde et c'est l'action publique étatique
qui est la plus directement en crise, comme l'atteste partout
le mouvement simultané de décentralisation et de
construction de régions du monde. Cette crise touche à
la fois les modes d'action et les échelles auxquelles s'exerce
l'action publique.
3. A tous les niveaux, le défi
de la gouvernance est de permettre à la fois plus de solidarité
et d'interdépendance, plus d'autonomie et de diversité.
Les mécanismes par lesquels on peut y parvenir constituent
le " meccano de la gouvernance " .
4. Les politiques de transformation
de l'action publique d'Etat ont, en général, échoué
pour deux raisons :
· elles ne sont pas
conduites dans la durée alors qu'il s'agit d'un changement
culturel ;
· elles tendent à renforcer la dualité
entre sens et action, entre responsabilité politique
et responsabilité administrative, aggravant de ce fait
le mal au lieu de le guérir
5. Face à un déficit
de sens, elles ont cru possible de répondre par une modernisation
technique.
6. Il faut construire de nouvelles formes de relations entre l'action
publique et la société, partant de l'idée
que l'Etat fait partie de la société et ne se borne
pas à exercer son pouvoir sur elle. C'est à cette
condition que les pouvoirs publics pourront véritablement
devenir, à tous les niveaux, partenaires d'autres acteurs
de la société.
7. Les trois modalités
d'une telle évolution en faveur du partenariat sont :
· Considérer
que les connaissances acquises par les pouvoirs publics, dans
le cadre de leur action, contribue à une " intelligibilité
du monde " qui doit être mise au service de l'ensemble
de la société ;
· Construire les conditions d'un dialogue vrai avec les
autres acteurs sans privilégier le face à face
avec les notables ;
· Apprendre à " entrer en projet " avec
ces autres acteurs et, pour cela, préférer les
stratégies aux schémas, distinguer la véritable
entrée en projet des faux partenariats que constituent
les coordinations obligées, dépasser la simple
confrontation d'intérêts divergents au profit de
la construction de représentations et de perspectives
communes.
8. L'action publique actuelle
est menée principalement à travers l'édiction
de règles et de normes, c'est à dire d'obligation
de moyens. C'est une mauvaise manière de concilier unité
et diversité. Il faut préférer l'énoncé
d'obligation de résultats.
9. Plus un problème est complexe, plus il est important
de concevoir les conditions démocratiques d'élaboration
de solutions satisfaisantes, moins les mécanismes classiques
de choix entre solutions alternatives sont importantes : il faut
passer d'une démocratie de procédures à une
démocratie de processus.
10. Dans un contexte mondialisé, l'idée d'autonomie
voire d'autarcie de territoires locaux perd tout son sens. Par
contre, face aux crises sociales, économiques, écologiques
et politiques, la gestion du territoire prend une nouvelle importance
: le territoire est la brique de base de la gouvernance de demain.
11. Traditionnellement, la réflexion sur la gouvernance
privilégiait l'exercice de celle-ci sur un territoire donné.
Aujourd'hui, aucun des problèmes importants de notre société
ne peut être traité à une seule échelle.
C'est l'articulation entre niveaux de gouvernance qui devient
la question centrale. Le principe de subsidiarité active
est le moyen concret de gérer cette articulation des échelles
: les exigences d'unité s'y expriment à chaque niveau
par des obligations de résultat formulées à
l'égard des autres niveaux.
12. L'application du principe de subsidiarité active a
des conséquences considérables sur la pratique de
la gouvernance :
· le partage des compétences,
tel qu'il a été conçu dans les lois françaises
de décentralisation, doit être remplacé
par l'idée de responsabilité partagée.
Dans le domaine de la lutte contre l'exclusion, par exemple
cette responsabilité partagée peut être
concrétisée par les " Pactes locaux "
pour l'emploi et la cohésion sociale ;
· Pour les fonctionnaires, le devoir de pertinence deviendra
plus important que le devoir d'obéissance ;
· Pour les différents acteurs de la société,
la construction de réseaux d'échanges faisant
circuler l'expérience et permettant à chacun d'en
tirer ses propres leçons est indispensable à la
mise en uvre du principe de subsidiarité active.
· Ce principe induit également une autre vision
des relations entre le local et le global.