Les relations entre agriculture, alimentation et
santé.
°°° Résumé
: Comment élaborer des politiques agricoles, économiques
et sociales qui incitent à mettre sur le marché des
aliments facteurs de santé ? Le décloisonnement des
milieux impliqués est indispensable. Il y a eu peu de réactions
sur ce thème, qui concerne pourtant l'ensemble des consommateurs
européens. °°°
J'ai lance une proposition qui consiste à subordonner toute
politique agricole aux impératifs de santé. Les types
et modes de production agricole doivent être jugés
selon leurs impacts sur la santé des Européens. Les
aides doivent soutenir les produits qui garantissent la santé
des consommateurs, tant sur le plan des risques sanitaires, de l'équilibre
des produits, de leurs valeurs nutritives, de leur innocuité,
etc. Il est proposé que le système de santé
soit en partie financé par des taxes sur les produits comme
le tabac, l'alcool, les graisses, les glucides, etc. Un effort de
pédagogie et un décloisonnement des milieux de la
santé et de l'agriculture doivent accompagner cette politique.
Pierre Caro témoigne de la dégradation de l'alimentation
au cours du temps : perte du plaisir de manger, de diversité
dans les régimes alimentaires, de confiance dans son alimentation.
Il propose plusieurs pistes pour que l'agriculture et l'alimentation
contribuent à une meilleure santé :
1) Rapprocher producteurs et consommateurs,
pour briser l'anonymat et créer un dialogue
2) Informer les consommateurs pour
les responsabiliser et les rendre conscients des conséquences
de leurs achats
3) Taxer davantage les produits de mauvaise qualité
4) Supprimer la Taxe sur la Valeur
Ajoutée (TVA) sur les produits qui favorisent une bonne santé
Il n'y a pas encore eu d'autres
réactions sur ce sujet. Pourtant, ce problème est
assez largement partagé dans toute l'Europe. L'alimentation
est de moins en moins abordée comme une source de bonne santé,
et, pire, elle devient un risque pour la santé. L'agriculture
seule ne peut pas répondre à ce problème. Les
habitudes alimentaires, les rythmes de vie et les priorités
budgétaires des Européens sont des facteurs importants.
Cependant, concernant notre débat, je vois encore trois pistes
a approfondir :
1) Continuer à imaginer
comment les politiques agricole, sociale et économique peuvent
contribuer à mettre sur le marché des produits alimentaires
favorisant une bonne santé : sains, nourrissants et plaisants.
2) Parler des manières de
créer des liens entres les différents secteurs : consommateurs,
producteurs, médecins... Je pense que Ioana Balasoiu, Samuel
Feret ou Marielle Richard, par exemple, pourraient, d'après
leur présentation, nous éclairer sur ces points.
3) Imaginer comment les campagnes
peuvent être impliquées dans le domaine de la santé.
Il existe des expériences de "ferme de santé"
dans lesquelles des malades, au lieu d'aller à l'hôpital,
sont pris en charge et suivis par des médecins. Gerwin Verschuur
pourra sûrement nous informer sur ces expériences.
Le prochain message de synthèse
portera sur les interventions qui ont concerné les modalités
de soutien aux agriculteurs et à l'espace rural.
De l'agriculture au territoire : les modalités de soutien
à l'agriculture et à l'espace rural **
°°° Résumé
: La Politique Agricole Commune ne peut résoudre autre chose
que des problèmes agricoles. Les autres fonctions de l'espace
rural (la création d'emplois par exemple) doivent faire l'objet
de mesures et de politiques spécifiques. Les politiques de
territoires remplacent peu a peu les politiques de filières.
°°°
Le débat sur les modalités
de soutien aux activités rurales, dont l'agriculture, a été
lancé à partir de la première proposition.
J'ai proposé, pour stimuler le développement de l'espace
rural, d'affecter une prime unique à l'hectare, indépendante
des productions et proportionnelle aux emplois crées. L'agriculture
n'est pas la seule manière de donner de la vie dans les campagnes,
et la Politique Agricole Commune (PAC) n'étant pas capable
de résoudre autre chose que des problèmes agricoles,
il est nécessaire de proposer des incitations à la
création d'emplois, qui constitue un problème général.
Iain Farquhar a répondu
en deux fois. Dans son premier message il nous apprend que la majorité
des ONG britanniques sont défavorables au principe de modulation
des aides. Il exprime aussi des doutes sur l'efficacité et
l'acceptabilité d'une telle mesure :
- Est-elle compatible avec la diversité
des situations en Europe ?
- Cette mesure coûterait-elle
moins cher que la politique actuelle ?
- Résoudrait-elle les problèmes
environnementaux ?
Iain suggère de s'appuyer
sur ce qui existe : des aides agro-environnementales, le cadre de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et la timide mais courageuse
avancée des accords de Berlin (voir le compte-rendu de l'intervention
de Matthieu Calame, ci-dessous) qui augmente le budget des aides
agro-environnementales et celui du développement rural par
rapport aux aides à la production.
Même si Iain est personnellement
favorable a cette proposition, il pense qu'il peut y avoir des abus
: des délocalisations d'activité non liées
au sol et des déclarations d'emplois farfelues, pour toucher
les primes. Il pose une question cruciale : comment mesurer le travail
en agriculture ?
Dans son second message, Iain tempère
le refus des ONG britanniques vis-à-vis de la modulation.
Les petits producteurs (agriculture familiale) défendent
la modulation. Il est en fait difficile de savoir qui est contre
et qui est pour. Les groupes qui s'expriment sur ce sujet (ONG,
Syndicats, Associations) ne représentent pas toujours bien
l'opinion de leurs membres. Les grands propriétaires sont
souvent ceux qui ont le plus de temps pour défendre leurs
organisations, et c'est parfois leur point de vue qui ressort.
Cela dit, "small is not necessarily
beautiful" ! De grands propriétaires peuvent être
écologiques et solidaires dans leurs comportements. C'est
d'ailleurs ce qui fait hésiter les associations de protection
de la nature à se prononcer pour des mesures qui pénalisent
les grandes structures...
Matthieu Calame est alors intervenu
pour préciser que la proposition n'a pas pour objectif exclusif
de favoriser l'emploi en milieu rural. C'est clairement une politique
de l'emploi, qui concerne l'ensemble de la population européenne.
Elle a le mérite d'être claire et simple (nous verrons
dans le message de Iain que c'est important) mais elle a aussi des
limites : elle ne remplace pas une politique de l'environnement,
de l'alimentation ou du développement rural.
Elle suppose aussi une autre politique foncière, les agriculteurs
ayant aujourd'hui le quasi-monopole de l'usage des terres.
Cette proposition est peut-être
coûteuse au niveau de l'Europe, comme le suggère Iain,
mais elle peut aussi être appliquée à l'échelle
d'une commune ou d'une région.
Matthieu est aussi intervenu pour
affirmer que les accords de Berlin sont un succès pour trois
raisons :
1) ils accentuent la visibilité
des aides directes et donc du coût de cette PAC
2) ils annoncent un re-équilibrage
des aides en faveur des productions animales
3) ils plafonnent le budget PAC
mais pas celui des fonds structurels
Le prochain message de synthèse
traitera des interventions portant sur la durabilité des
modes de production agricole.
La durabilité en agriculture et les moyens
d'y parvenir.
°°° Résumé
: La préservation des ressources naturelles doit être
une pré-condition, un préalable dans le choix d'une
politique. Il faut instaurer des règles agro-environnementales
qui soient équitables, transparentes et efficaces. La question
de " qui " instaure ces règles est fondamentale.
°°°
Dans son message Iain pose le problème
de façon générale : on ne peut pas continuer
à consommer ainsi, sans perdre irréversiblement le
capital des ressources de l'humanité. Il y a des ressources
comme les nappes phréatiques, le pétrole ou les sols,
qui ne servent qu'une fois ! Il y a des ressources comme la diversité
des races et des espèces qui peuvent disparaître pour
toujours. Si on veut un avenir, il faut donc préserver ces
ressources.
Iain constate que, si tout le monde est d'accord pour un développement
durable, les attitudes et les pratiques ne sont pas à la
hauteur de l'enjeu : notre survie.
Il propose que la conservation
des ressources soit une pré-condition requise pour accepter
tel ou tel processus, telle ou telle technique de production.
Il propose que le soutien aux agriculteurs
soit conditionne à la préservation des sols, de l'eau,
des sources d'énergie et de la biodiversité :
* Sols * : son capital fertilité
doit être conservé, et sa capacité de dépollution
respectée.
* Eau * : l'usage doit être
modéré, et adapté à la quantité
disponible. Le stock d'eaux souterraines doit être absolument
protégé.
* Energie * : Iain propose que
le système agricole de l'Europe soit au minimum autonome
en énergie. Le soutien public serait réservé
aux fermes dont l'équilibre en carbone serait atteint.
* Biodiversité * : le principe
de prudence doit nous conduire à ne négliger aucune
espèce végétale ou animale.
Brigitte Decrauzat reprend ce thème
et confirme la nécessité de développer des
règles internationales pour identifier des produits issus
de l'agriculture durable. En s'appuyant sur le modèle de
soutien aux agriculteurs suisses (paiements directs conditionnés
par le respect de pratiques environnementales) et le cas de l'agriculture
biologique, Brigitte propose de s'inspirer des indicateurs de durabilité
de l'OCDE pour établir des règles communes et reconnues,
et un label "produits issus de l'agriculture durable".
Elle suggère aussi que le
marché rétribue le surcoût de ces pratiques
respectueuses de l'environnement. Le soutien public doit être
envisagé quand il n'y a pas de marché suffisant pour
ces produits.
Alain Ruellan, quant à lui,
suggère de ne pas établir de priorité dans
les ressources à préserver. Toutes sont essentielles
pour l'avenir, et il faut apprendre à les utiliser sans en
détruire aucune.
Par ailleurs, il propose de ne
pas inclure l'énergie comme une ressource naturelle identifiable,
mais propose l'eau, les sols, l'air et la vie.
Il propose également de
ne pas réduire la réflexion sur le développement
durable à l'agriculture, mais de l'élargir à
l'espace rural dans son ensemble, y compris dans ses relations aux
villes.
Dans un autre message, Iain souligne
trois paradoxes liés à la conditionnalité des
aides publiques.
1) Les réglementations et
les contrôles qui sont nécessaires pour conditionner
les aides publiques désavantagent les petits producteurs.
La quantité de travail administratif, les besoins d'expertise,
les exigences sanitaires et réglementaires qu'entraîne
cette évolution des pratiques coûtent d'autant plus
cher que l'exploitation est petite.
2) Les réglementations conduisent
souvent à concentrer les structures et à favoriser
les installations de grandes taille. Iain donne l'exemple de la
disparition des petits abattoirs qui empêche les circuits
de production / distribution locaux, et donc éloigne les
consommateurs des producteurs.
3) Même si les réglementations
plus dures sont nécessaires, elles n'ont pas empêché
l'apparition de l'encephalopathie spongiforme bovine (ESB).
Il y a donc un dilemme à
résoudre : comment instaurer des règles agro-environnementales
efficaces (parce que l'enjeu est vital), justes (sans pénaliser
les petites structures), crédibles et transparentes (pour
que les consommateurs y adhèrent) et économiquement
acceptables ?
Marielle Richard nous signale qu'en
Allemagne (Bas Wurtemberg), et dans l'Ouest de la France, plusieurs
expériences dans lesquelles élus, agriculteurs, consommateurs
et environnementalistes ont réussi, ensemble, à améliorer
les pratiques agricoles.
Marielle introduit ici l'idée
que les évolutions des pratiques agricoles sont liées
à la nature des partenaires qui s'y impliquent. La question
n'est plus seulement " comment ", mais " avec qui
" on tente de résoudre les problèmes.
Le prochain et dernier message
de synthèse abordera les interventions qui ont porté
sur le cas de la protection des sols.
La protection des sols en Europe.
°°°Résumé
: L'attention portée à nos sols est largement insuffisante.
Peut-on accepter des règles qui officialisent la possibilité
de polluer un sol (principe pollueur-payeur) ? Une meilleure connaissance
des sols et une plus grande sensibilisation des citoyens sont nécessaires.
Des travaux existent déjà sur cette problématique.
°°°
Suite aux échanges sur la
protection des ressources naturelles, j'ai apporté quelques
réflexions sur la gestion des sols. Les suggestions ou propositions
sont :
1) le principe pollueur-payeur
entérine le droit de polluer. Il propose, comme dans l'industrie
ou la construction, d'interdire toute technique qui dégrade
le sol dans la mesure ou une autre technique plus douce ou moins
polluante est connue et disponible.
2) Les Etats et les usagers, propriétaires
fonciers, agriculteurs, etc. doivent être capables de suivre
l'état des sols dont ils sont responsables, et doivent s'engager
à le maintenir, au minimum, dans l'état où
ils l'ont trouvé. Un travail de cartographie et de caractérisation
des sols est indispensable, accompagné de procédures
de suivi (indicateurs) et de contrôles.
3) La méconnaissance des
citoyens sur les enjeux de la protection des sols mérite
un effort de sensibilisation et d'éducation important.
Samuel Feret a réagi à
ces premières propositions en confirmant essentiellement
un point : la méconnaissance générale des sols,
due à plusieurs facteurs :
1) L'enseignement agricole classique
a "oublié" les sols pendant longtemps, présentant
la terre comme un simple support dont la chimie peut corriger telle
ou telle carence.
2) La recherche sur les sols est
sous-développée, notamment par rapport à la
recherche sur l'eau.
3) Les sols sont davantage un bien
public et collectif. Le marché ne permettant pas de prendre
en compte les coûts de la protection des sols, il faut trouver
des moyens de lier les aides publiques et les exigences environnementales
: éco-conditionnalité, fiscalité écologique,
ou contractualisation.
Alain Ruellan nous rappelle par
ailleurs que le groupe qui travaille sur les sols au sein de l'Alliance
pour un monde responsable, pluriel, et solidaire, a publié
un premier cahier de proposition " SOS2 " (Save Our Soils
to Sustain Our Societies / Sauver nOs Sols pour Sauvegarder nOs
Sociétés).
Pour mémoire, j'ai proposé
un premier message sur l'eau. Il reprend les questions et les premières
propositions déjà formulées par le groupe qui
travaille spécifiquement sur l'eau au sein de l'Alliance
:
- Comment mesurer la valeur de
l'eau ?
- La gestion collective de l'eau
et le partage de cette ressource
- La mobilisation des sciences
au service des besoins en eau
En conclusion, cette première phase est très encourageante.
Les questions abordées sont bien au coeur du débat
: l'avenir de nos campagnes.
Je propose trois directions pour
poursuivre les échanges :
1) Approfondir les thèmes
abordés : l'alimentation et la santé ; les politiques
d'aides publiques ; les indicateurs et les modalités de production
durables ; les sols et l'eau.
2) Amorcer d'autres questions :
l'élargissement de l'Europe à l'Est et au Sud ; l'évolution
du droit foncier ; les fonctions culturelles ; les fonctions sociales
des campagnes, etc.
3) Diversifier les horizons géographique
et culturel de nos contributions. Ceci est un appel aux participants
qui ne se sont pas encore manifestes !
Il y a du travail ! A bientôt
sur le forum.
Le modèle européen de développement
rural durable : la plurifonctionnalité.
°°° Résumé
: Dans son premier message, Gerwin Verschuur pose le problème
du développement de l'Europe rurale par rapport au reste
du monde. La plurifonctionnalité de l'agriculture est-elle
la spécificité d'un "modèle européen"
de développement rural ? °°°
Gerwin se fait l'écho d'un
groupe de travail (TAED : Transatlantic Environmental Dialogue)
sur la place et le rôle de l'agriculture, son commerce et
son environnement. De part et d'autre de l'Atlantique, un constat
: l'agriculture n'est pas seulement la production de nourriture,
et ses effets dépassent les frontières et le temps
de la génération. L'Europe se défend dans les
négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce avec
l'argument de son "modèle de développement"
et la plurifonctionnalité de son agriculture. Mais cette
plurifonctionnalité existe aussi aux USA, en Afrique, et
partout dans le monde. Cela signifie que l'agriculture n'est pas
une activité isolée et indépendante.
Pour cette raison, on ne peut se
satisfaire ni des règles du commerce classique, ni des seules
logiques techniques de production.
- Il faut protéger les systèmes
de production des pays en voie de développement pour garantir
la sécurité alimentaire en cessant les pratiques de
dumping à l'exportation, en encourageant les formes d'agriculture
et de commerce qui maintiennent les paysans sur leurs territoires.
- Il faut que les politiques d'aide
a l'agriculture intègrent la plurifonctionnalité de
cette activité, en fonction des degrés et de la nature
de cette plurifonctionnalité, qui est très différente
d'une région à l'autre, d'un pays à l'autre.
- Les règles du commerce
doivent reconnaître le droit aux consommateurs de choisir
des produits labellisés, pour exprimer leur intérêt
ou leur indifférence pour les différents modes de
productions. Ceci fait référence au message de Brigitte
Decrauzat à propos de sa proposition d'un label "produit
issu de l'agriculture durable".
- Il faut arrêter la concentration
des pouvoirs sur toutes les filières alimentaires aux mains
de quelques grandes firmes multinationales, concentration qui va
contre la diversité des systèmes de production, et
qui unifie les techniques, les produits et les " cultures "
dans les deux sens du terme.
Je me permets une réflexion
sur le message de Gerwin, et sollicite vos réactions :
Plurifonctionnalité : de quoi parle t-on exactement ? de
plurifonctionnalité de l'agriculture ? Mais l'agriculture
en soi, c'est-à-dire l'art de cultiver les végétaux
ou d'élever des animaux n'est pas, à mon sens, plurifonctionnelle.
Un hectare de blé a pour fonction de produire quelques quintaux
de blé.
Ce qui a plusieurs fonctions, c'est
la combinaison d'un métier (agriculteurs), avec le territoire
ou s'exerce ce métier (les campagnes), et avec la matière
première (le sol, l'eau, les arbres, le patrimoine génétique...).
Cette nuance n'est pas innocente car si on parle d'agriculture plurifonctionnelle,
toutes politiques d'aide aux autres fonctions (biodiversité,
paysage, emploi...) risquent d'être confisquées par
le monde agricole. Or, nous pensons que le monde agricole n'est
pas capable, seul, de proposer d'autres modes de gestion des espaces
ruraux.
Ne serait-il pas plus juste et
efficace de parler de "territoires plurifonctionnels",
et de considérer l'espace rural européen comme une
source d'emploi, de paysage, de biodiversité, etc. dont les
agriculteurs sont une composante, essentielle sans doute mais surtout
pas unique.
Les habitants des campagnes, les
retraites qui y vivent, les petites entreprises, les chômeurs,
les enfants des écoles rurales ou citadines, les mères
au foyer qui passent une partie de leur vie à sillonner les
campagnes pour leur foyer, les touristes qui s'y promènent,
tous participent à la plurifonctionnalité des territoires,
et devraient être impliqués dans sa gestion.
Les sols et l'energie.
°°° Résumé
: En matiere de protection des sols et de politique énergétique,
l'Europe a les moyens de proposer d'autres règles et d'autres
lois pour encadrer la production. °°°
Le débat sur les sols continue
sur le forum. Iain, dans un long message du 21 fevrier, nous explique
comment, par manque d'alternatives technico-economiques, par facilité
avec les substances chimiques et par une vision à court terme,
les agriculteurs du Royaume - Uni négligent leurs sols. Paradoxalement,
ce sont les agriculteurs les moins conscients et les moins concernés
par la dégradation des sols et par la pollution qui en résulte.
La situation est completement bloquée
: la baisse de fertilité des sols oblige les agriculteurs
à utiliser de plus en plus de produits chimiques, et la fertilite
diminue encore. L'érosion des sols et la pollution augmentent
avec la fragilité des sols, mais les agriculteurs ne sont
plus capables de payer les dégâts. Alors la société
paie les accidents de la route après inondation, paie la
dépollution des eaux, les égouts à déboucher...
Iain nous apprend aussi que l'Université
d'Essex a calculé les coûts aval des cultures qui représente
environ 330 Euros ! Ne vaudrait-il pas mieux, avec cet argent, aider
les agriculteurs à ne plus polluer ?
Matthieu Calame confirme l'idée
qu'il faut utiliser "politiquement" les effets désastreux
de l'érosion des sols (écoulements de boue sur les
route...)
Il propose trois indicateurs simples
pour suivre l'état des sols :
1) le taux de matière organique : objectif de 2%, en accord
avec Iain ;
2) Le rapport C/N (Carbone sur Azote) : objectif entre 10 et 60
;
3) Le nombre de vers de terre par mètre carré.
A propos de politique énergétique,
Matthieu soumet deux propositions :
1) une Taxe progressive à l'Energie Fossile Consommée,
qui rendra plus cher un produit fabriqué avec de l'énergie
fossile (y compris le nucléaire) ;
2) Une prime aux entreprises qui améliorent leur bilan énergétique
global, c'est-à-dire leur capacité à capter
de l'énergie renouvelable.
Pour les sols comme pour l'énergie,
il semble que les idées, les indicateurs et les outils de
mesure existent. Avant de formuler des propositions plus précises,
il serait utile d'avoir l'opinion d'autres Européens sur
ces méthodes. Cela dit, il semble de plus en plus clair que
l'Europe est en mesure de proposer des règles et des lois
qui encouragent les pratiques respectueuses de l'environnement.
Les habitants peuvent prendre leurs territoires
en main.
°°° Résumé
: Comprendre son territoire et participer collectivement à
son développement est un début de citoyenneté.
L'espace rural est un lieu où les Européens peuvent
s'investir pour construire leur identité et assumer leurs
responsabilités dans l'évolution de leur cadre de
vie. L'éparpillement de l'habitat disseminé dans une
zone rurale proche des grandes villes n'est pas un scénario
viable d'un point de vue écologique, énergétique
et esthétique. Il vaut mieux encourager la constitution de
réseaux de petites et moyennes villes densement peuplées,
mais bien réparties sur le territoire européen. °°°
Trois messages ont abordé la question de notre manière
d'habiter un espace.
Martine Muller, dans son message
du 16/02 évoque la méconnaissance que nous avons des
rapports que les hommes et les femmes entretiennent avec leur espace
de vie, et entre eux sur cet espace. Nous mesurons les flux, les
densités, mais rien d'autre. Or, pour elle, la nature des
liens, les désirs des gens, leur volonté de "faire
ensemble", leur attachement à leur territoire, devraient
être mieux connus. Ces liens et ces désirs sont des
facteurs d'identité, d'intégration et de solidarité.
Or, l'Europe actuelle est malade
d'isolement, de déracinement, de solitude et d'indifférence.
L'espace rural peut offrir un cadre pour réapprendre l'action
collective, la responsabilité, l'appropriation de son environnement.
Dans son 2e message, Martine Muller
souligne la nécessité, pour pouvoir être acteur
de sa vie, de comprendre et d'avoir une prise sur son territoire.
Là aussi, l'espace rural offre des possibilités de
mobilisation et de responsabilisation des habitants à la
vie locale. Martine Muller indique que les milieux ou les horizons
socio-culturel et professionnel sont variés, la capacité
d'innover et de prendre en main son territoire est plus forte qu'ailleurs.
A condition de pouvoir et de savoir
nouer des alliances et de construire des débats démocratiques
à tous les échelons.
Matthieu Calame, dans son message
du 07/02, aborde la question différement. L'histoire a construit
en Europe des mégapoles où s'entassent des millions
d'Européens, tandis que des zones entières se vidaient
de ses habitants. Mais le désir de "nature" et
l'oppresion grandissante des villes poussent beaucoup d'Européens
à fuir les centres villes et les banlieues pour s'installer
dans les campagnes proches.
L'étalement de l'habitat est une catastrophe en termes de
pollution, de coût énergétique, de paysage.
Matthieu s'interroge sur les possibilités
de densifier le réseau de petites villes, et propose un système
de péréquation entre les zones trop dense (30% de
la moyenne par exemple) et les zones "vides", où
l'argent servirait à développer l'emploi et l'habitat.