Chers amis, Nous voudrions vous faire
part d'une initiative, intitulée ATTAC, qui
vient d'être prise en France à partir d'une
idée avancée dans Le Monde diplomatique, et
vous proposer une campagne internationale
accompagnée d'une série d'actions et de
réunions.
Notre
proposition part d'un double constat :
- la spéculation
internationale et les mouvements de capitaux
pèsent d'un poids chaque jours plus important -
dont la crise indonésienne constitue la
manifestation la plus récente ;
- hors de toute
possibilité de contrôle démocratique. Les
états et les populations sont dépossédés de
tous moyens réels d'intervention ; - les
ripostes et les moyens de résistance se
développent, pour la très grande majorité
d'entre eux, dans un cadre national, alors que
s'ils étaient coordonnés nos possibilités
d'action seraient démultipliées.
L'association
"ATTAC" s'est constituée, en France,
à partir d'un regroupement de journaux,
d'associations et de syndicats désireux, non
seulement de produire et de diffuser de
l'information sur les différents aspects de la
domination du capital financier, mais aussi
d'engager des actions concrètes pour
reconquérir les espaces perdus par la
démocratie. Cette volonté d'agir n'est pas le
fait de seuls journaux, syndicats, ou
associations : avant même la constitution de
l'association ATTAC, plusieurs milliers de
lettres de citoyens originaires de toute la
France ainsi que de nombreux pays manifestaient
la volonté de militer pour un tel projet.
Notre idée est de
partir de propositions précises et
fédératrices au niveau mondial, notamment la
"taxe Tobin", qui consiste à taxer -
même très faiblement - tous les mouvements de
capitaux sur les marchés des devises.
Il s'agirait
également de partager les expériences qui se
développent dans chacun de nos pays et au niveau
des continents (rencontres et contre-sommets
américains ou européens, etc.) et de
réfléchir en commun aux éléments de réponses
alternatives à l'hégémonie du capital que ces
mouvements dessinent.
Vous trouverez
associé à ce message la
charte qui
sert de référence à l'association ATTAC en
France. Les membres fondateurs représentent des
forces très diverses : des journaux, d'abord, ce
qui, en France, est une démarche inédite à
cette échelle, des syndicats de salariés (ceux
présents dans ATTAC représentent constituent
une fraction très importante d'un paysage
syndical français par ailleurs très divisé) ;
un syndicat paysan ; des associations de
chômeurs qui ont joué un rôle moteur dans le
dernier mouvement des chômeurs ; des mouvements
de lutte contre les exclusions, de défense des
droits de femmes etc., ainsi qu'une palette
d'organisations allant d'Artisans du monde à la
Confédération des coopératives ouvrières...
Notre souhait est
de pouvoir travailler, dans les différents pays,
avec des forces aussi diverses que celles qui se
sont regroupées en France. Nous savons que cela
ne sera pas facile car celles susceptibles de se
reconnaître dans une telle démarche peuvent
être nombreuses dans un pays, mais très faibles
dans un autre. Les priorités d'actions sont,
elles aussi, très diverses suivant les
situations nationales ou régionales. Par
ailleurs les structures associatives ou
syndicales peuvent avoir d'autres perspectives
d'actions sur leur agenda. Enfin, et surtout, la
charte et les perspectives que nous avançons
peuvent faire l'objet de différences
d'appréciations. C'est pourquoi nous sommes
très prudents dans nos propositions.
Si un accord se
dégage sur la nécessité de mener des campagnes
d'actions communes contre la dictature des
marchés financiers et en faveur d'une
régulation de la finance internationale ainsi
que sur la nécessité de discuter des
différentes expériences de mobilisations et de
résistance dans nos pays et nos continents, tout
le reste peut faire l'objet de débats entre
nous. Nous vous proposons donc de discuter ces
propositions, d'étudier si des perspectives
d'action vous paraissent possibles et de prendre
contact avec nous. Nous comptons inviter ceux qui
le pourraient à une première réunion de
travail en décembre de cette année, à Paris,
à l'occasion du cinquantenaire de la
déclaration universelle des droits de l'homme.
C'est là que serait discutée la possibilité
d'organiser une grande rencontre mondiale,
peut-être dès le mois de juillet 1999. Nous
envisageons également de mettre sur pieds un
"contre Davos" en janvier 1999.
Toutes ces
propositions méritent, à coup sur, des
discussions approfondies.
Nous vous
proposons de prendre contact avec nous pour nous
faire part de vos réactions sur le fond et voir
comment organiser les discussions sur ces
propositions.
Avec toutes nos
amitiés militantes,
Pour le bureau
d'ATTAC,
Le
président |
Le
secrétaire général |
Bernard
Cassen |
Christophe
Aguiton |
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