Introduction Le
système actuel de l'enseignement supérieur nous
force à réfléchir sur les questions suivantes
: Quel est l'objectif fondamental de l'éducation
? Le système éducatif a-t-il pour objectif de
créer des individus qui ont des compétences et
un savoir internationalement reconnus ? A-t-il
pour objectif de créer des hommes et des femmes
qui possèdent talent et ouverture d'esprit ; des
citoyens modestes, moraux et idéaux ayant une
vision de leur futur. A-t-il pour objectif de
créer des citoyens non-violents, honnêtes, et
courageux qui seront les futur leaders et
réformateurs ? Tandis que nous délibérons sur
ces sujets, nous nous demandons, au nom de nos
sociétés : combien de ces qualités sont
imparties aux étudiants dans le système
d'éducation supérieur actuel ? Les résultats
de nos recherches nous attristent.
L'objectif
principal de l'enseignement supérieur est de
produire des citoyens responsables au service de
l'ensemble de l'humanité. Sur la base de cette
conception communément partagée de ce que
l'enseignement supérieur devrait réaliser, des
messagers issus de différents horizons culturels
et universitaires, et venus de 16 pays ayant des
niveaux de développement social et économique
très divers (Algérie, Belgique, Brésil,
Cameroun, Canada, France, Inde, Irlande, Kenya,
Mauritanie, Pérou, Portugal, Roumanie,
Thaïlande, Togo, Yougoslavie) se sont réunis
sous l'égide du Chantier Jeunes de l'Alliance
pour un monde responsable et solidaire. Nous
sommes des étudiants, jeunes diplômés et
jeunes professionnels qui avons consacré nos
vies au développement de la société.
Cependant, certains d'entre nous ont décidé
d'abandonner le système éducatif actuel puisque
ce dernier ne permettait pas de satisfaire ni
même d'adresser les besoins de la société.
Pour évaluer la
situation actuelle de l'enseignement supérieur
dans les pays représentés, il a été décidé
de travailler en premier lieu dans le cadre de
groupes continentaux (Afrique-Asie, Amérique du
Nord et du Sud, Europe) pour avoir une vue
d'ensemble des enjeux et problèmes régionaux,
tout en accentuant particulièrement le rôle de
l'enseignement supérieur comme étant au service
de la société. Notre processus de travail s'est
fondé sur la conviction que les individus issus
de sociétés différentes ont des expériences
riches et uniques qui, lorsqu'elles sont
partagées, peuvent contribuer concrètement au
développement de l'éducation. A la suite de
cette discussion, qui fût difficile mais
stimulante, nous avons commencé à chercher des
modalités pratiques pour résoudre ces
problèmes. Enjeux tels que : rendre
l'enseignement accessible à tous sur la base du
mérite ; délivrer le savoir ; combler les
fossés entre les communautés ; instaurer une
cohésion entre les diplômés et leurs
communautés ; encourager la participation des
acteurs clés de l'enseignement supérieur
(enseignants et étudiants) dans les questions de
prise de décision et d'adoption des politiques
d'éducation.
Vu les
spécificités régionales qui ont émergé dans
les discussions régionales, nous sommes
arrivé(e)s à la conclusion qu'il n'est pas
possible d'avoir une université commune. A cause
des disparités de nos pays respectifs, nous ne
pouvons imaginer un système éducatif mondial,
mais nous pouvons tendre vers un système
éducatif qui soit en harmonie avec la culture et
les réalités de chaque communauté tout en
étant en contact et en dialogue avec les autres
communautés. Des différences dans les
expériences, positions et opinions ont
incontestablement surgi. Cependant, quatre
thèmes communs qui ont été identifiés comme
cruciaux pour l'amélioration de l'enseignement
supérieur et qui requéraient une discussion
plus poussée ont été identifiés : l'éthique
; la responsabilité des étudiants envers le
futur de l'éducation ; l'unité dans la
diversité ; le contrat social entre la société
et l'enseignement supérieur.
Nos expériences
spécifiques qui dépendent du contexte social,
culturel, économique et politique dans lequel
nous vivons, nous a conduit à prendre conscience
qu'il y a des différences perceptibles dans les
concepts évoquant l'enseignement supérieur. Par
exemple, l'uniformité des universités entre la
France et le Cameroun n'est pas envisageable,
cependant, cela ne signifie pas que des échanges
entre étudiants ou enseignants de ces
universités ne soient pas possibles. Les pays
qui perpétuent des systèmes d'éducation "
importée " doivent prendre la
responsabilité d'adapter ces systèmes pour les
adapter à leur cultures locales et aux besoins
particuliers de leur communautés.
A travers des
discussions et débats thématiques, le groupe a
mis en lumière les problèmes majeurs du
système actuel d'enseignement supérieur et est
arrivé à des propositions pour résoudre ces
insuffisances.
SITUATION
ACTUELLE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
-
NOTRE POINT DE VUE
Quand nous parlons
d'enseignement supérieur, nous faisons
référence non seulement aux institutions
académiques telles que les universités, mais
aussi au large éventail de possibilités
existantes et potentielles qui peuvent permettre
aux gens de continuer à développer leur savoir
et leurs expériences tout au long de leur vie.
Cependant, du fait de nos expériences en tant
qu'étudiants d'université, la plupart des
problèmes que nous avons identifiés et que nous
avons décrits font référence aux institutions
universitaires.
Qualité de
l'enseignement supérieur
Dans certains
pays, à cause des de l'instabilité politique,
les programmes d'étude de l'enseignement
supérieur sont perturbés. Dans certains cas, il
ne sont absolument pas respectés. Des
différences existent entre les cursus proposés
pour un même programme d'une université et d'un
pays à l'autre.
Il y a des écarts
importants entre les cursus des études
supérieures et les réalités sociales et
professionnelles.
L'enseignement
supérieur est en majorité à dominante
théorique et, dans certains cas, trop général.
Par manque de connaissances pratiques et, dans
certains pays, par manque de spécialisation, les
jeunes diplômés ont du mal à faire face aux
réalités de leur domaine.
- Manque de
compétence pédagogique
De nombreux
professeurs ne sont pas préparés
pédagogiquement à transmettre leur savoir
efficacement et sont souvent absorbés par le
travail de recherche qui occupe la plus grande
partie de leur temps. De nombreux professeurs
sont donc incompétents dans leur enseignement et
manquent d'initiatives.
Il y a un manque
d'évaluation objective et transversale des
enseignants et des étudiants (le système de
notation ne devrait pas être la seule façon
d'évaluer les étudiants).
- Choix des
cours et orientation
Le choix de cours
proposé aux étudiants dans les institutions
d'enseignement supérieur n'est souvent pas
adapté aux besoins et aux intérêts des
étudiants. D'une façon générale, les cours
interdisciplinaires sont insuffisants.
- Pertinence
des projets de recherche
Peu d'agences de
financement appuient des projets de recherche
dans les pays en voie de développement. Et,
généralement, les projets qui sont financés
bénéficient aux pays développés plutôt
qu'aux pays en voie de développement. Par
ailleurs, ces projets ont tendance à suivre les
tendances à la mode en matière de recherche
(par exemple, l'ingénierie génétique) plutôt
qu'à répondre aux besoins en recherche réels
de la société.
A cause de
l'intense compétition dans le système
d'enseignement supérieur, de nombreux individus
se voient refuser la possibilité d'entreprendre
des études.
- Liberté
de penser des étudiants
Dans certains
pays, les étudiants n'ont pas assez la
possibilité d'exprimer leurs voeux et souhaits
à propos des cours qu'ils suivent.
Le système actuel
d'enseignement supérieur manque complètement de
l'éthique nécessaire pour former des citoyens
doués de respect de soi, de morale, de
responsabilité et d'éthique professionnelle.
Les raisons principales en sont l'intervention
des gouvernements dans le système éducatif, la
corruption, et le manque d'enthousiasme et de
motivation des enseignants et des étudiants. De
ce fait, le système n'est pas capable de
développer des "citoyens responsables et
accomplis".
Moyens
matériels et financiers
- Manque
d'infrastructures et d'équipements
- Manque de
moyens financiers pour la formation
professionnelle des enseignants
- Inadéquation
des besoins et des moyens
- Coût de
l'éducation
A cause des
limitations financières, de nombreuses
institutions d'enseignement supérieur ont des
infrastructures insuffisantes (laboratoires,
bibliothèques, bureaux) et manquent
d'enseignants qualifiés. Les décisions du
gouvernement dans le domaine de l'enseignement
supérieur ne prennent pas toujours en compte les
besoins de la société dans son ensemble. Par
ailleurs, l'enseignement supérieur devient de
plus en plus coûteux, et par conséquent devient
de plus en plus hors de portée de la majorité,
ce qui conduit à accroître les divisions
sociales au sein de certaines sociétés.
- Insuffisance
de bourses, stages et échanges
Le soutien
financier pour les bourses, stages et échanges
est insuffisant, ce qui limite les chances de
ceux qui souhaitent poursuivre leur éducation
et, dans certains cas, les exclue complètement
du système.
Intervention
institutionnelle dans l'enseignement supérieur
- Mauvaise
répartition des ressources budgétaires
L'enseignement
supérieur est placé très bas sur la liste des
priorités de nombreux gouvernements et la
disparité entre la dotation des budgets
d'éducation et celle des budgets d'autres
secteurs, tels que les dépenses de défense ou
de diplomatie, est très révélatrice.
- Intervention
excessive dans le système académique
universitaire
Dans de nombreux
pays en voie de développement, les étudiants
sont censurés et leur engagement dans des
associations et syndicats étudiants est
interdit, ce qui équivaut à nier leur droit
fondamental à la liberté d'expression. Un
interventionnisme inacceptable, l'infiltration et
la politisation des institutions de
l'enseignement supérieur et même l'intervention
militaire directe sur les campus sont choses
communes.
- Intervention
des bailleurs de fonds étrangers dans le
système d'enseignement supérieur
Bien qu'elle
puisse sembler être de la générosité, la
contribution des bailleurs de fonds étrangers
gène le développement des ressources humaines
locales, en particulier si l'assistance est
fournie principalement sous forme de personnel
qualifié issus des pays développés qui sont
envoyés dans les pays en voie de développement.
- Contrôle
de l'enseignement supérieur par les
entreprises privées
Les
multinationales et les autres entreprises
privées fournissent des fonds à l'enseignement
supérieur ce qui influe non seulement sur ce qui
est enseigné mais aussi sur les projets de
recherche sélectionnés. Les institutions
d'enseignement supérieur sont en train de perdre
leur autonomie au profit du secteur économique
privé.
Coopération
internationale
Les transferts
internationaux de technologie ont conduit de
nombreux pays à trop compter sur le savoir-faire
étranger, ce qui s'est combiné à un manque
d'innovation de leur part.
- Equivalence
des qualifications
Au sein d'un même
pays et d'un pays à l'autre, des diplômes et
qualifications similaires ne sont pas acceptés
de façon égale par les institutions éducatives
et les employeurs.
- Echange
d'étudiants, d'enseignants et
d'expériences
Pour des raisons
à la fois politiques et religieuses, les
échanges d'étudiants, d'enseignants et de leurs
expériences entre universités restent
insuffisants au niveau international. Cette
insuffisance est encore plus prononcée entre les
universités des pays en développement et celles
des pays développés.
Université
et société
Les institutions
d'enseignement supérieur ont tendance à exister
dans un monde autiste. Il semble n'y avoir aucun
lien entre la société et les institutions de
l'enseignement supérieur concernant ce qui se
passe dans la réalité. Peu ou pas d'efforts
sont faits pour forger des liens entre les
institutions d'enseignement supérieur et les
communautés dans lesquelles elles se trouvent.
Il y a dans la
société une conception répandue selon laquelle
les étudiants sont un fardeau. Les étudiants ne
possèdent pas une image positive alors qu'ils
apportent des contributions à la société
pendant et après leurs études. Un expression
existe au Brésil : Quand vous étudiez vous
êtes l'avenir de la nation, quand vous avez fini
d'étudier vous êtes un problème social.
La
responsabilité des étudiants dans la
construction de la société du futur
De nombreux
étudiants, en particulier dans certains
systèmes éducatifs, se concentrent tellement
sur l'acquisition de connaissances
professionnelles pendant leurs études qu'ils se
retrouvent presque totalement coupé de la
société et incapables d'affronter les défis du
monde du travail après leur diplôme. Cet
'autisme étudiant' conduit aussi à l'apathie en
ce qui concerne les problèmes de la société.
Nombre d'étudiants manquent d'intérêt pour
s'intéresser à ces problèmes et y réagir .
Maintenir
l'unité dans la diversité
L'idée de
maintenir l'unité dans la diversité dans le
domaine de l'enseignement supérieur est
peut-être la question la plus difficile à
résoudre. Les structures venant de l'étranger
qui ont été adoptées par de nombreux pays se
sont montrées inadéquates ou mal adaptées aux
situations locales de ces pays. Il est néanmoins
positif que l'idée de coopération entre
différents pays dans le domaine de
l'enseignement supérieur reste importante.
L'idée d'évaluation devient donc de première
importance dans ce domaine. Le système
international devrait ré-éxaminer ces méthodes
d'évaluation. Le système devrait inclure les
principaux éléments qui sont requis pour
valider les niveaux atteints par les individus
issus des institutions d'enseignement supérieur
à travers le monde. Nous proposons donc que les
pays, tout en poursuivant cela, fasse les choses
suivantes :
PROPOSITIONS
DE SOLUTIONS SUR L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Qualité de
l'enseignement supérieur
Certaines
matières devraient être communes et la qualité
du cursus devrait être équivalente dans les
différents pays. Le cursus lui-même devrait
être établi en fonction du contexte particulier
de chaque pays. Lorsque les cursus seront gérés
de façon comparables d'un pays à l'autre, il
deviendra plus facile de résoudre la question
des équivalences. Les relations entre les
étudiants, les enseignants et les communautés
doivent être renforcées et consolidées. Les
étudiants devraient avoir plus de possibilités
d'acquérir des expériences pratiques. Ces
expériences devraient être intégrés dans
l'enseignement théorique et avoir un lien direct
avec les réalités du monde du travail .
- Manque de
compétence pédagogique
Il faut investir
davantage, et de façon plus globale, dans la
formation pédagogique des enseignants. Les
institutions académiques doivent reconnaître
l'importance et l'impact de l'enseignement, et
doivent valoriser cette forme d'apprentissage
autant que la recherche. Il faut donner une plus
grande marge de manoeuvre aux enseignants pour
qu'ils décident eux-mêmes de la part consacrée
à la recherche et de la part consacrée à
l'enseignement - la recherche ne doit pas être
le critère majeur de l'évaluation d'un
enseignant.
Créer un système
bien défini dans lequel les étudiants et les
enseignants sachent ce qui est attendu d'eux et
aient la possibilité de s'évaluer mutuellement.
- Choix des
cours et orientation
Accroître la
participation des étudiants et de la société
civile dans les conseils universitaires de sorte
qu'ils puissent prendre part au processus de
planification des cours.
Les élèves de
l'enseignement secondaire ont besoin de recevoir
une meilleure orientation afin d'être mieux
informés sur la diversité des options qui leur
sont ouvertes dans la suite de leurs études. Par
ailleurs, les programmes d'enseignement
supérieur pourraient commencer par une première
année d'études très générales et pratiques
qui servent de base pour l'orientation et
l'éducation civique.
- Pertinence
des projets de recherche
La recherche doit
être utile et accessible à la communauté.
Les communautés
doivent tirer bénéfice des activités des
universités.
Promouvoir une
attitude de partage d'expériences et de progrès
commun (plutôt que de compétition) incluant un
respect pour les autres, pour l'environnement et
pour les traditions et cultures locales.
Des moyens
alternatifs de sélection doivent être créés-
nous pouvons imaginer une inversion du cursus,
dans lequel les programmes commenceraient avec
une formation pratique conduisant à un premier
diplôme et ensuite, pour ceux qui veulent
approfondir leur savoir, une continuation des
études théoriques.
- Liberté
de penser des étudiants
Nous devrions
promouvoir l'amélioration des droits des
étudiants à s'exprimer librement en ce qui
concerne le contenu et la forme du cursus. Ce
type de liberté fait gravement défaut dans
certains pays.
Toute innovation
s'accompagne de la nécessité de contrôle. Dans
le cas de l'éthique, chaque université a, à
l'heure actuelle, sa propre définition de ce que
cela signifie. Il n'y a pas de garanties que ce
contrôle soit effectif dans la mesure où il est
opéré par les institutions elles-mêmes. Comme
chaque communauté définit l'éthique en
fonction de sa réalité culturelle propre, il y
a une multiplicité de définitions de
l'éthique. Par conséquent, une définition
internationale uniforme de l'éthique n'est pas
l'objectif. Dans certains pays du sud, où
instabilité et corruption sont répandues, la
définition de l'éthique vide le mot de son
sens.
- Pour faire
du système éducatif un système éthique,
nous devons réorienter le système et
favoriser une prise de conscience chez les
acteurs clés - enseignants et étudiants.
- Nous
devrions créer un code éthique que les
acteurs clés de l'enseignement supérieur
s'engageraient à respecter.
- Nous devons
éradiquer la corruption dans les
gouvernements et la société, vis à vis du
système éducatif.
- Evaluer ceux
qui sont actuellement enseignants pour
apprécier leur développement professionnel
et éthique.
- Offrir des
cours et des ateliers d'enseignement à ceux
qui n'ont pas une approche éthique, afin de
les introduire à la nouvelle ère de
l'éducation.
- Augmenter la
prise de conscience des cas de violation de
l'éthique.
- Il est
essentiel de laisser derrière nous le
concept d' "université
industrielle" et de le remplacer par
l'idée que les universités devraient être
des places de formation morale. En fait, cela
doit commencer dès l'éducation primaire et
se poursuivre à travers tous les niveaux
d'enseignement.
- Pour
construire une société dans laquelle
l'éthique est affirmée et vécue de façon
quotidienne, il est nécessaire de commencer
par attaquer les problèmes sociaux globaux.
Plusieurs voies peuvent être suivies à cet
effet :
*
Promouvoir la solidarité plutôt que la
compétition et l'égoïsme.
* Faire de
la société civile l'arbitre de la
relation entre le secteur privé et
l'université, cette relation se
présentant actuellement comme la
subordination de celle-ci par celui-là.
*
Promouvoir la coopération plutôt que
l'exploitation.
- La
proposition pourrait être faite à l'UNESCO
de promouvoir la création d'un code
d'éthique pour chaque pays, en fonction des
réalités locales. La conférence de
l'UNESCO traite de l'enseignement supérieur
mais pour l'UNESCO, l'enseignement supérieur
semble être synonyme de l'université. N'y
a-t-il pas d'autres formes alternatives
d'enseignement supérieur qui existent ?
N'est- il pas possible de créer de nouvelles
formes, qui auraient des liens avec les
universités ou qui seraient indépendantes
des universités ? Dans cet esprit, la
possibilité d'une inversion des études
(avec des études théoriques faisant suite
à une formation plus pratique) vient à
l'esprit. Une charte commune devra être
élaborée pour définir plus avant ces
aspects.
Puisque nous en
avons l'opportunité et le choix , nous proposons
un système alternatif qui préserve le rôle de
l'éducation. Dans notre perspective, l'étudiant
étant rationnel, instruit et productif, nous
pouvons diviser le diplôme universitaire en
trois parties :
Première
partie : Ethique de l'éducation : L'éthique
de l'éducation est l'éthique de la vie. Un
élément essentiel de l'éducation des gens
réside dans leur capacité à se former leur
propre code éthique, un système de valeurs
guidant leurs choix et leurs actions qui
détermine le but et le cours de leur vie. Une
éducation n'est valable que pour autant qu'elle
offre l'opportunité à ceux qui apprennent de se
développer moralement.
Deuxième
partie : Ethique de la matière étudiée :
Un étudiant doit choisir la discipline d'étude
à laquelle il s'intéresse et qu'il apprécie.
On devrait choisir et étudier la matière que
l'on va utiliser dans sa vie professionnelle. On
devrait maîtriser la discipline à la fin de ses
études.
Troisième
partie : La dimension professionnelle de la
matière étudiée : Pour le diplôme de la
dimension professionnelle de la matière
étudiée, on devrait être entraînés aux
aspects pratiques de la discipline.
Moyens
matériels et financiers
Fournir des
infrastructures et des équipements pour les
institutions d'enseignement supérieur et les
écoles en général. Ce problème est
principalement manifeste dans les pays en
développement.
Il est important
de mettre l'accent plus fortement sur la
formation pédagogique des enseignants.
La gestion des
institutions d'enseignement supérieur devrait
être prévue de sorte à tendre vers un
équilibre entre les besoins et les moyens.
Encourager et
promouvoir la mise en place de projets
générateurs de revenus par les universités.
Libérer des fonds
dans d'autres secteurs (tels que la défense) et
les investir dans l'enseignement supérieur.
Si des
financements sont donnés pour entreprendre de la
recherche, un pourcentage de ces fonds devrait
être donné chaque année à des projets de
recherche à but non lucratif.
L'éducation en
général et l'enseignement supérieur en
particulier doivent être accessibles à tous.
Les gouvernements et les institutions
d'enseignement supérieur devraient étudier les
situations des personnes ayant des difficultés
financières, notamment pour diminuer leur frais
d'inscription et donc leur donner la possibilité
d'étudier.
Intervention
institutionnelle dans l'enseignement supérieur
- Mauvaise
répartition des ressources budgétaires/
Comment financer l'enseignement
supérieur ?
Dans les pays
d'Afrique et d'Asie, les principaux acteurs sont
le gouvernement, les organisations
internationales et le secteur privé local. Comme
l'éducation est l'aspect le plus important du
développement d'un pays, ces secteurs devraient
donner plus d'importance en termes budgétaires
aux domaines de l'éducation générale et de
l'enseignement supérieur.
- Intervention
excessive dans le système universitaire
académique
Les institutions
d'enseignement supérieur devraient être
autonomes par rapport aux institutions
gouvernementales.
- Intervention
des bailleurs de fonds étrangers dans le
système d'enseignement supérieur
Bien que les
investissements financiers de l'industrie
puissent parfois être bénéfiques, l'autonomie
des institutions académiques doit être
sauvegardée. De plus, la recherche et
l'enseignement qui sont appuyés financièrement
par des compagnies privées doivent être
surveillés de façon continue, afin d'évaluer
leurs conséquences sur la société aux niveaux
local et global.
Coopération
internationale
Les pays en
développement ne devraient pas devenir
dépendant du transfert de technologie mais
devraient plutôt encourager les sociétés
locales à développer les savoirs locaux et les
technologies localement pertinentes. Les
chercheurs locaux devraient se voir donner les
moyens et équipements pour adapter ces
technologies locales dans l'optique du
développement durable de leurs communautés.
En termes
d'industrie, nous devrions promouvoir la
formation des communautés locales de sorte que
les gens soient capables d'utiliser et
d'entretenir le matériel industriel plutôt que
de dépenser de l'argent en recourant à des
techniciens spécialisés étrangers.
- Equivalence
des qualifications
Les étudiants
ayant des diplômes d'enseignement supérieur
doivent être acceptés en tant que tels sur une
base égalitaire, quel que soit le pays dont ils
sont issus. Les institutions d'enseignement
supérieur ne devraient pas être regardées
comme des institutions pour résoudre les
problèmes sociaux. La question des équivalences
résulte plus profondément des problèmes liés
aux politiques d'immigration. Nous devrions
promouvoir des chances égales pour un
enseignement de qualité à travers le monde en
termes de qualité de la recherche, des
équipements et matériels didactiques, et de
l'information.
- Echanges
d'étudiants, de professeurs et
d'expériences
Nous devrions
promouvoir les échanges d'étudiants,
d'enseignants et d'expériences à trois niveaux
: entre pays en développement et pays
développés et au sein des pays développés et
en développement.
Université
et société
L'enseignement
supérieur devrait avoir les relations suivantes
avec la société :
Diffuser savoirs
et expériences du passé et développer
continuellement cette base en créant des
opportunités pour la société de progresser
dans des voies nouvelles et créatives.
Aider les
individus à porter leur savoir à un niveau
supérieur, d'une façon qui leur permette de
répondre à leurs besoins et de contribuer
positivement à la société dans laquelle ils
vivent.
Promouvoir et
développer des formes diversifiées
d'enseignement et attribuer une valeur égale à
toutes les méthodes.
Reconnaître que
l'éducation n'est pas limitée à l'enseignement
académique et qu'il s'agit d'un processus
d'apprentissage permanent.
Développer des
voies nouvelles pour que ceux qui apprennent
acquièrent des savoirs pratiques pertinents dans
leur société et au service de leur société
(par exemple dans les ONG, l'industrie,
l'agriculture, la politique, etc.).
Promouvoir le
développement d'individus accomplis qui soient
prêts à prendre leur place comme citoyens
responsables dans la société locale et
mondiale.
La
responsabilité des étudiants dans la
construction de la société du futur
Il est nécessaire
de clairement spécifier ce que la société
attend de l'éducation supérieure et ce que
l'éducation supérieure peut faire pour la
société. Les étudiants doivent être
conscients de leurs droits civiques et être
capables de prendre position sur ce qui se passe
dans leur société. En faisant connaître aux
étudiants à la fois leurs droits en tant
qu'étudiants dans les institutions
d'enseignement supérieur et leurs droits en tant
que citoyens, il est possible d'accroître leur
intérêt pour la vie sociale et de les rendre
plus responsables.
Unité et
diversité
Cet aspect étant
le sujet le plus délicat, nous devons
réfléchir aux moyens pour que l'unité et la
diversité fassent partie intégrante de
l'enseignement supérieur. En poursuivant débats
et actions, le Chantier Jeunes promeut
l'intégration de ce concept dans notre travail
et dans nos relations quotidiennes.
Conclusion
L'expérience de
réunir un groupe de jeunes d'horizons divers qui
partagent des inquiétudes concernant les
orientations que suit l'enseignement supérieur
nous a conduit à une prise de conscience
majeure. Un processus international informel est
nécessaire pour poursuivre notre débat et notre
réflexion sur cette question essentielle et pour
échanger des points de vue et des perspectives
différents.
Nous pensons que
l'enseignement doit répondre aux besoins et aux
attentes à la fois des communautés et de la
société dans son ensemble. La société est
constamment en train de changer et d'évoluer et
les systèmes éducatifs doivent suivre cette
dynamique. Pour s'accorder à un code éthique
juste, l'éducation doit prendre sa source à la
fois dans le savoir local et dans la sagesse
locale. Elle doit être par nature holistique,
abordant tous les aspects de la vie humaine, et
pas simplement transmettre le savoir de
l'enseignant à l'étudiant.
Tous ceux et
celles qui sont partis prenant du système
éducatif doivent constamment réfléchir aux
insuffisances dont le système fait preuve et aux
méthodes par lesquelles les résoudre. Le
Chantier Jeunes a bien l'intention de rester
partie intégrante de cette réflexion.
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