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  Chantier Jeunes septembre-octobre 1998  
 
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" Point de vue étudiant " pour la rencontre organisée par l'UNESCO sur " l'Enseignement supérieur au XXIème siècle " 5-9 octobre, 1998

 
  Introduction

Le système actuel de l'enseignement supérieur nous force à réfléchir sur les questions suivantes : Quel est l'objectif fondamental de l'éducation ? Le système éducatif a-t-il pour objectif de créer des individus qui ont des compétences et un savoir internationalement reconnus ? A-t-il pour objectif de créer des hommes et des femmes qui possèdent talent et ouverture d'esprit ; des citoyens modestes, moraux et idéaux ayant une vision de leur futur. A-t-il pour objectif de créer des citoyens non-violents, honnêtes, et courageux qui seront les futur leaders et réformateurs ? Tandis que nous délibérons sur ces sujets, nous nous demandons, au nom de nos sociétés : combien de ces qualités sont imparties aux étudiants dans le système d'éducation supérieur actuel ? Les résultats de nos recherches nous attristent.

L'objectif principal de l'enseignement supérieur est de produire des citoyens responsables au service de l'ensemble de l'humanité. Sur la base de cette conception communément partagée de ce que l'enseignement supérieur devrait réaliser, des messagers issus de différents horizons culturels et universitaires, et venus de 16 pays ayant des niveaux de développement social et économique très divers (Algérie, Belgique, Brésil, Cameroun, Canada, France, Inde, Irlande, Kenya, Mauritanie, Pérou, Portugal, Roumanie, Thaïlande, Togo, Yougoslavie) se sont réunis sous l'égide du Chantier Jeunes de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire. Nous sommes des étudiants, jeunes diplômés et jeunes professionnels qui avons consacré nos vies au développement de la société. Cependant, certains d'entre nous ont décidé d'abandonner le système éducatif actuel puisque ce dernier ne permettait pas de satisfaire ni même d'adresser les besoins de la société.

Pour évaluer la situation actuelle de l'enseignement supérieur dans les pays représentés, il a été décidé de travailler en premier lieu dans le cadre de groupes continentaux (Afrique-Asie, Amérique du Nord et du Sud, Europe) pour avoir une vue d'ensemble des enjeux et problèmes régionaux, tout en accentuant particulièrement le rôle de l'enseignement supérieur comme étant au service de la société. Notre processus de travail s'est fondé sur la conviction que les individus issus de sociétés différentes ont des expériences riches et uniques qui, lorsqu'elles sont partagées, peuvent contribuer concrètement au développement de l'éducation. A la suite de cette discussion, qui fût difficile mais stimulante, nous avons commencé à chercher des modalités pratiques pour résoudre ces problèmes. Enjeux tels que : rendre l'enseignement accessible à tous sur la base du mérite ; délivrer le savoir ; combler les fossés entre les communautés ; instaurer une cohésion entre les diplômés et leurs communautés ; encourager la participation des acteurs clés de l'enseignement supérieur (enseignants et étudiants) dans les questions de prise de décision et d'adoption des politiques d'éducation.

Vu les spécificités régionales qui ont émergé dans les discussions régionales, nous sommes arrivé(e)s à la conclusion qu'il n'est pas possible d'avoir une université commune. A cause des disparités de nos pays respectifs, nous ne pouvons imaginer un système éducatif mondial, mais nous pouvons tendre vers un système éducatif qui soit en harmonie avec la culture et les réalités de chaque communauté tout en étant en contact et en dialogue avec les autres communautés. Des différences dans les expériences, positions et opinions ont incontestablement surgi. Cependant, quatre thèmes communs qui ont été identifiés comme cruciaux pour l'amélioration de l'enseignement supérieur et qui requéraient une discussion plus poussée ont été identifiés : l'éthique ; la responsabilité des étudiants envers le futur de l'éducation ; l'unité dans la diversité ; le contrat social entre la société et l'enseignement supérieur.

Nos expériences spécifiques qui dépendent du contexte social, culturel, économique et politique dans lequel nous vivons, nous a conduit à prendre conscience qu'il y a des différences perceptibles dans les concepts évoquant l'enseignement supérieur. Par exemple, l'uniformité des universités entre la France et le Cameroun n'est pas envisageable, cependant, cela ne signifie pas que des échanges entre étudiants ou enseignants de ces universités ne soient pas possibles. Les pays qui perpétuent des systèmes d'éducation " importée " doivent prendre la responsabilité d'adapter ces systèmes pour les adapter à leur cultures locales et aux besoins particuliers de leur communautés.

A travers des discussions et débats thématiques, le groupe a mis en lumière les problèmes majeurs du système actuel d'enseignement supérieur et est arrivé à des propositions pour résoudre ces insuffisances.

SITUATION ACTUELLE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

- NOTRE POINT DE VUE

Quand nous parlons d'enseignement supérieur, nous faisons référence non seulement aux institutions académiques telles que les universités, mais aussi au large éventail de possibilités existantes et potentielles qui peuvent permettre aux gens de continuer à développer leur savoir et leurs expériences tout au long de leur vie. Cependant, du fait de nos expériences en tant qu'étudiants d'université, la plupart des problèmes que nous avons identifiés et que nous avons décrits font référence aux institutions universitaires.

Qualité de l'enseignement supérieur

  • Programmes d'études

Dans certains pays, à cause des de l'instabilité politique, les programmes d'étude de l'enseignement supérieur sont perturbés. Dans certains cas, il ne sont absolument pas respectés. Des différences existent entre les cursus proposés pour un même programme d'une université et d'un pays à l'autre.

Il y a des écarts importants entre les cursus des études supérieures et les réalités sociales et professionnelles.

L'enseignement supérieur est en majorité à dominante théorique et, dans certains cas, trop général. Par manque de connaissances pratiques et, dans certains pays, par manque de spécialisation, les jeunes diplômés ont du mal à faire face aux réalités de leur domaine.

  • Manque de compétence pédagogique

De nombreux professeurs ne sont pas préparés pédagogiquement à transmettre leur savoir efficacement et sont souvent absorbés par le travail de recherche qui occupe la plus grande partie de leur temps. De nombreux professeurs sont donc incompétents dans leur enseignement et manquent d'initiatives.

  • Système d'évaluation

Il y a un manque d'évaluation objective et transversale des enseignants et des étudiants (le système de notation ne devrait pas être la seule façon d'évaluer les étudiants).

  • Choix des cours et orientation

Le choix de cours proposé aux étudiants dans les institutions d'enseignement supérieur n'est souvent pas adapté aux besoins et aux intérêts des étudiants. D'une façon générale, les cours interdisciplinaires sont insuffisants.

  • Pertinence des projets de recherche

Peu d'agences de financement appuient des projets de recherche dans les pays en voie de développement. Et, généralement, les projets qui sont financés bénéficient aux pays développés plutôt qu'aux pays en voie de développement. Par ailleurs, ces projets ont tendance à suivre les tendances à la mode en matière de recherche (par exemple, l'ingénierie génétique) plutôt qu'à répondre aux besoins en recherche réels de la société.

  • Sélection et compétition

A cause de l'intense compétition dans le système d'enseignement supérieur, de nombreux individus se voient refuser la possibilité d'entreprendre des études.

  • Liberté de penser des étudiants

Dans certains pays, les étudiants n'ont pas assez la possibilité d'exprimer leurs voeux et souhaits à propos des cours qu'ils suivent.

  • Manque d'éthique

Le système actuel d'enseignement supérieur manque complètement de l'éthique nécessaire pour former des citoyens doués de respect de soi, de morale, de responsabilité et d'éthique professionnelle. Les raisons principales en sont l'intervention des gouvernements dans le système éducatif, la corruption, et le manque d'enthousiasme et de motivation des enseignants et des étudiants. De ce fait, le système n'est pas capable de développer des "citoyens responsables et accomplis".

Moyens matériels et financiers

  • Manque d'infrastructures et d'équipements
  • Manque de moyens financiers pour la formation professionnelle des enseignants
  • Inadéquation des besoins et des moyens
  • Coût de l'éducation

A cause des limitations financières, de nombreuses institutions d'enseignement supérieur ont des infrastructures insuffisantes (laboratoires, bibliothèques, bureaux) et manquent d'enseignants qualifiés. Les décisions du gouvernement dans le domaine de l'enseignement supérieur ne prennent pas toujours en compte les besoins de la société dans son ensemble. Par ailleurs, l'enseignement supérieur devient de plus en plus coûteux, et par conséquent devient de plus en plus hors de portée de la majorité, ce qui conduit à accroître les divisions sociales au sein de certaines sociétés.

  • Insuffisance de bourses, stages et échanges

Le soutien financier pour les bourses, stages et échanges est insuffisant, ce qui limite les chances de ceux qui souhaitent poursuivre leur éducation et, dans certains cas, les exclue complètement du système.

Intervention institutionnelle dans l'enseignement supérieur

  • Mauvaise répartition des ressources budgétaires

L'enseignement supérieur est placé très bas sur la liste des priorités de nombreux gouvernements et la disparité entre la dotation des budgets d'éducation et celle des budgets d'autres secteurs, tels que les dépenses de défense ou de diplomatie, est très révélatrice.

  • Intervention excessive dans le système académique universitaire

Dans de nombreux pays en voie de développement, les étudiants sont censurés et leur engagement dans des associations et syndicats étudiants est interdit, ce qui équivaut à nier leur droit fondamental à la liberté d'expression. Un interventionnisme inacceptable, l'infiltration et la politisation des institutions de l'enseignement supérieur et même l'intervention militaire directe sur les campus sont choses communes.

  • Intervention des bailleurs de fonds étrangers dans le système d'enseignement supérieur

Bien qu'elle puisse sembler être de la générosité, la contribution des bailleurs de fonds étrangers gène le développement des ressources humaines locales, en particulier si l'assistance est fournie principalement sous forme de personnel qualifié issus des pays développés qui sont envoyés dans les pays en voie de développement.

  • Contrôle de l'enseignement supérieur par les entreprises privées

Les multinationales et les autres entreprises privées fournissent des fonds à l'enseignement supérieur ce qui influe non seulement sur ce qui est enseigné mais aussi sur les projets de recherche sélectionnés. Les institutions d'enseignement supérieur sont en train de perdre leur autonomie au profit du secteur économique privé.

Coopération internationale

  • Transfert de technologie

Les transferts internationaux de technologie ont conduit de nombreux pays à trop compter sur le savoir-faire étranger, ce qui s'est combiné à un manque d'innovation de leur part.

  • Equivalence des qualifications

Au sein d'un même pays et d'un pays à l'autre, des diplômes et qualifications similaires ne sont pas acceptés de façon égale par les institutions éducatives et les employeurs.

  • Echange d'étudiants, d'enseignants et d'expériences

Pour des raisons à la fois politiques et religieuses, les échanges d'étudiants, d'enseignants et de leurs expériences entre universités restent insuffisants au niveau international. Cette insuffisance est encore plus prononcée entre les universités des pays en développement et celles des pays développés.

Université et société

Les institutions d'enseignement supérieur ont tendance à exister dans un monde autiste. Il semble n'y avoir aucun lien entre la société et les institutions de l'enseignement supérieur concernant ce qui se passe dans la réalité. Peu ou pas d'efforts sont faits pour forger des liens entre les institutions d'enseignement supérieur et les communautés dans lesquelles elles se trouvent.

Il y a dans la société une conception répandue selon laquelle les étudiants sont un fardeau. Les étudiants ne possèdent pas une image positive alors qu'ils apportent des contributions à la société pendant et après leurs études. Un expression existe au Brésil : Quand vous étudiez vous êtes l'avenir de la nation, quand vous avez fini d'étudier vous êtes un problème social.

La responsabilité des étudiants dans la construction de la société du futur

De nombreux étudiants, en particulier dans certains systèmes éducatifs, se concentrent tellement sur l'acquisition de connaissances professionnelles pendant leurs études qu'ils se retrouvent presque totalement coupé de la société et incapables d'affronter les défis du monde du travail après leur diplôme. Cet 'autisme étudiant' conduit aussi à l'apathie en ce qui concerne les problèmes de la société. Nombre d'étudiants manquent d'intérêt pour s'intéresser à ces problèmes et y réagir .

Maintenir l'unité dans la diversité

L'idée de maintenir l'unité dans la diversité dans le domaine de l'enseignement supérieur est peut-être la question la plus difficile à résoudre. Les structures venant de l'étranger qui ont été adoptées par de nombreux pays se sont montrées inadéquates ou mal adaptées aux situations locales de ces pays. Il est néanmoins positif que l'idée de coopération entre différents pays dans le domaine de l'enseignement supérieur reste importante. L'idée d'évaluation devient donc de première importance dans ce domaine. Le système international devrait ré-éxaminer ces méthodes d'évaluation. Le système devrait inclure les principaux éléments qui sont requis pour valider les niveaux atteints par les individus issus des institutions d'enseignement supérieur à travers le monde. Nous proposons donc que les pays, tout en poursuivant cela, fasse les choses suivantes :

PROPOSITIONS DE SOLUTIONS SUR L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Qualité de l'enseignement supérieur

  • Programme d'études

Certaines matières devraient être communes et la qualité du cursus devrait être équivalente dans les différents pays. Le cursus lui-même devrait être établi en fonction du contexte particulier de chaque pays. Lorsque les cursus seront gérés de façon comparables d'un pays à l'autre, il deviendra plus facile de résoudre la question des équivalences. Les relations entre les étudiants, les enseignants et les communautés doivent être renforcées et consolidées. Les étudiants devraient avoir plus de possibilités d'acquérir des expériences pratiques. Ces expériences devraient être intégrés dans l'enseignement théorique et avoir un lien direct avec les réalités du monde du travail .

  • Manque de compétence pédagogique

Il faut investir davantage, et de façon plus globale, dans la formation pédagogique des enseignants. Les institutions académiques doivent reconnaître l'importance et l'impact de l'enseignement, et doivent valoriser cette forme d'apprentissage autant que la recherche. Il faut donner une plus grande marge de manoeuvre aux enseignants pour qu'ils décident eux-mêmes de la part consacrée à la recherche et de la part consacrée à l'enseignement - la recherche ne doit pas être le critère majeur de l'évaluation d'un enseignant.

  • Système d'évaluation

Créer un système bien défini dans lequel les étudiants et les enseignants sachent ce qui est attendu d'eux et aient la possibilité de s'évaluer mutuellement.

  • Choix des cours et orientation

Accroître la participation des étudiants et de la société civile dans les conseils universitaires de sorte qu'ils puissent prendre part au processus de planification des cours.

Les élèves de l'enseignement secondaire ont besoin de recevoir une meilleure orientation afin d'être mieux informés sur la diversité des options qui leur sont ouvertes dans la suite de leurs études. Par ailleurs, les programmes d'enseignement supérieur pourraient commencer par une première année d'études très générales et pratiques qui servent de base pour l'orientation et l'éducation civique.

  • Pertinence des projets de recherche

La recherche doit être utile et accessible à la communauté.

Les communautés doivent tirer bénéfice des activités des universités.

  • Sélection et compétition

Promouvoir une attitude de partage d'expériences et de progrès commun (plutôt que de compétition) incluant un respect pour les autres, pour l'environnement et pour les traditions et cultures locales.

Des moyens alternatifs de sélection doivent être créés- nous pouvons imaginer une inversion du cursus, dans lequel les programmes commenceraient avec une formation pratique conduisant à un premier diplôme et ensuite, pour ceux qui veulent approfondir leur savoir, une continuation des études théoriques.

  • Liberté de penser des étudiants

Nous devrions promouvoir l'amélioration des droits des étudiants à s'exprimer librement en ce qui concerne le contenu et la forme du cursus. Ce type de liberté fait gravement défaut dans certains pays.

  • Manque d'éthique

Toute innovation s'accompagne de la nécessité de contrôle. Dans le cas de l'éthique, chaque université a, à l'heure actuelle, sa propre définition de ce que cela signifie. Il n'y a pas de garanties que ce contrôle soit effectif dans la mesure où il est opéré par les institutions elles-mêmes. Comme chaque communauté définit l'éthique en fonction de sa réalité culturelle propre, il y a une multiplicité de définitions de l'éthique. Par conséquent, une définition internationale uniforme de l'éthique n'est pas l'objectif. Dans certains pays du sud, où instabilité et corruption sont répandues, la définition de l'éthique vide le mot de son sens.

- Pour faire du système éducatif un système éthique, nous devons réorienter le système et favoriser une prise de conscience chez les acteurs clés - enseignants et étudiants.

- Nous devrions créer un code éthique que les acteurs clés de l'enseignement supérieur s'engageraient à respecter.

- Nous devons éradiquer la corruption dans les gouvernements et la société, vis à vis du système éducatif.

- Evaluer ceux qui sont actuellement enseignants pour apprécier leur développement professionnel et éthique.

- Offrir des cours et des ateliers d'enseignement à ceux qui n'ont pas une approche éthique, afin de les introduire à la nouvelle ère de l'éducation.

- Augmenter la prise de conscience des cas de violation de l'éthique.

- Il est essentiel de laisser derrière nous le concept d' "université industrielle" et de le remplacer par l'idée que les universités devraient être des places de formation morale. En fait, cela doit commencer dès l'éducation primaire et se poursuivre à travers tous les niveaux d'enseignement.

- Pour construire une société dans laquelle l'éthique est affirmée et vécue de façon quotidienne, il est nécessaire de commencer par attaquer les problèmes sociaux globaux. Plusieurs voies peuvent être suivies à cet effet :

* Promouvoir la solidarité plutôt que la compétition et l'égoïsme.

* Faire de la société civile l'arbitre de la relation entre le secteur privé et l'université, cette relation se présentant actuellement comme la subordination de celle-ci par celui-là.

* Promouvoir la coopération plutôt que l'exploitation.

- La proposition pourrait être faite à l'UNESCO de promouvoir la création d'un code d'éthique pour chaque pays, en fonction des réalités locales. La conférence de l'UNESCO traite de l'enseignement supérieur mais pour l'UNESCO, l'enseignement supérieur semble être synonyme de l'université. N'y a-t-il pas d'autres formes alternatives d'enseignement supérieur qui existent ? N'est- il pas possible de créer de nouvelles formes, qui auraient des liens avec les universités ou qui seraient indépendantes des universités ? Dans cet esprit, la possibilité d'une inversion des études (avec des études théoriques faisant suite à une formation plus pratique) vient à l'esprit. Une charte commune devra être élaborée pour définir plus avant ces aspects.

Puisque nous en avons l'opportunité et le choix , nous proposons un système alternatif qui préserve le rôle de l'éducation. Dans notre perspective, l'étudiant étant rationnel, instruit et productif, nous pouvons diviser le diplôme universitaire en trois parties :

Première partie : Ethique de l'éducation : L'éthique de l'éducation est l'éthique de la vie. Un élément essentiel de l'éducation des gens réside dans leur capacité à se former leur propre code éthique, un système de valeurs guidant leurs choix et leurs actions qui détermine le but et le cours de leur vie. Une éducation n'est valable que pour autant qu'elle offre l'opportunité à ceux qui apprennent de se développer moralement.

Deuxième partie : Ethique de la matière étudiée : Un étudiant doit choisir la discipline d'étude à laquelle il s'intéresse et qu'il apprécie. On devrait choisir et étudier la matière que l'on va utiliser dans sa vie professionnelle. On devrait maîtriser la discipline à la fin de ses études.

Troisième partie : La dimension professionnelle de la matière étudiée : Pour le diplôme de la dimension professionnelle de la matière étudiée, on devrait être entraînés aux aspects pratiques de la discipline.

Moyens matériels et financiers

Fournir des infrastructures et des équipements pour les institutions d'enseignement supérieur et les écoles en général. Ce problème est principalement manifeste dans les pays en développement.

Il est important de mettre l'accent plus fortement sur la formation pédagogique des enseignants.

La gestion des institutions d'enseignement supérieur devrait être prévue de sorte à tendre vers un équilibre entre les besoins et les moyens.

Encourager et promouvoir la mise en place de projets générateurs de revenus par les universités.

Libérer des fonds dans d'autres secteurs (tels que la défense) et les investir dans l'enseignement supérieur.

Si des financements sont donnés pour entreprendre de la recherche, un pourcentage de ces fonds devrait être donné chaque année à des projets de recherche à but non lucratif.

L'éducation en général et l'enseignement supérieur en particulier doivent être accessibles à tous. Les gouvernements et les institutions d'enseignement supérieur devraient étudier les situations des personnes ayant des difficultés financières, notamment pour diminuer leur frais d'inscription et donc leur donner la possibilité d'étudier.

Intervention institutionnelle dans l'enseignement supérieur

  • Mauvaise répartition des ressources budgétaires/ Comment financer l'enseignement supérieur ?

Dans les pays d'Afrique et d'Asie, les principaux acteurs sont le gouvernement, les organisations internationales et le secteur privé local. Comme l'éducation est l'aspect le plus important du développement d'un pays, ces secteurs devraient donner plus d'importance en termes budgétaires aux domaines de l'éducation générale et de l'enseignement supérieur.

  • Intervention excessive dans le système universitaire académique

Les institutions d'enseignement supérieur devraient être autonomes par rapport aux institutions gouvernementales.

  • Intervention des bailleurs de fonds étrangers dans le système d'enseignement supérieur

Bien que les investissements financiers de l'industrie puissent parfois être bénéfiques, l'autonomie des institutions académiques doit être sauvegardée. De plus, la recherche et l'enseignement qui sont appuyés financièrement par des compagnies privées doivent être surveillés de façon continue, afin d'évaluer leurs conséquences sur la société aux niveaux local et global.

Coopération internationale

  • Transfert de technologie

Les pays en développement ne devraient pas devenir dépendant du transfert de technologie mais devraient plutôt encourager les sociétés locales à développer les savoirs locaux et les technologies localement pertinentes. Les chercheurs locaux devraient se voir donner les moyens et équipements pour adapter ces technologies locales dans l'optique du développement durable de leurs communautés.

En termes d'industrie, nous devrions promouvoir la formation des communautés locales de sorte que les gens soient capables d'utiliser et d'entretenir le matériel industriel plutôt que de dépenser de l'argent en recourant à des techniciens spécialisés étrangers.

  • Equivalence des qualifications

Les étudiants ayant des diplômes d'enseignement supérieur doivent être acceptés en tant que tels sur une base égalitaire, quel que soit le pays dont ils sont issus. Les institutions d'enseignement supérieur ne devraient pas être regardées comme des institutions pour résoudre les problèmes sociaux. La question des équivalences résulte plus profondément des problèmes liés aux politiques d'immigration. Nous devrions promouvoir des chances égales pour un enseignement de qualité à travers le monde en termes de qualité de la recherche, des équipements et matériels didactiques, et de l'information.

  • Echanges d'étudiants, de professeurs et d'expériences

Nous devrions promouvoir les échanges d'étudiants, d'enseignants et d'expériences à trois niveaux : entre pays en développement et pays développés et au sein des pays développés et en développement.

Université et société

L'enseignement supérieur devrait avoir les relations suivantes avec la société :

Diffuser savoirs et expériences du passé et développer continuellement cette base en créant des opportunités pour la société de progresser dans des voies nouvelles et créatives.

Aider les individus à porter leur savoir à un niveau supérieur, d'une façon qui leur permette de répondre à leurs besoins et de contribuer positivement à la société dans laquelle ils vivent.

Promouvoir et développer des formes diversifiées d'enseignement et attribuer une valeur égale à toutes les méthodes.

Reconnaître que l'éducation n'est pas limitée à l'enseignement académique et qu'il s'agit d'un processus d'apprentissage permanent.

Développer des voies nouvelles pour que ceux qui apprennent acquièrent des savoirs pratiques pertinents dans leur société et au service de leur société (par exemple dans les ONG, l'industrie, l'agriculture, la politique, etc.).

Promouvoir le développement d'individus accomplis qui soient prêts à prendre leur place comme citoyens responsables dans la société locale et mondiale.

La responsabilité des étudiants dans la construction de la société du futur

Il est nécessaire de clairement spécifier ce que la société attend de l'éducation supérieure et ce que l'éducation supérieure peut faire pour la société. Les étudiants doivent être conscients de leurs droits civiques et être capables de prendre position sur ce qui se passe dans leur société. En faisant connaître aux étudiants à la fois leurs droits en tant qu'étudiants dans les institutions d'enseignement supérieur et leurs droits en tant que citoyens, il est possible d'accroître leur intérêt pour la vie sociale et de les rendre plus responsables.

Unité et diversité

Cet aspect étant le sujet le plus délicat, nous devons réfléchir aux moyens pour que l'unité et la diversité fassent partie intégrante de l'enseignement supérieur. En poursuivant débats et actions, le Chantier Jeunes promeut l'intégration de ce concept dans notre travail et dans nos relations quotidiennes.

Conclusion

L'expérience de réunir un groupe de jeunes d'horizons divers qui partagent des inquiétudes concernant les orientations que suit l'enseignement supérieur nous a conduit à une prise de conscience majeure. Un processus international informel est nécessaire pour poursuivre notre débat et notre réflexion sur cette question essentielle et pour échanger des points de vue et des perspectives différents.

Nous pensons que l'enseignement doit répondre aux besoins et aux attentes à la fois des communautés et de la société dans son ensemble. La société est constamment en train de changer et d'évoluer et les systèmes éducatifs doivent suivre cette dynamique. Pour s'accorder à un code éthique juste, l'éducation doit prendre sa source à la fois dans le savoir local et dans la sagesse locale. Elle doit être par nature holistique, abordant tous les aspects de la vie humaine, et pas simplement transmettre le savoir de l'enseignant à l'étudiant.

Tous ceux et celles qui sont partis prenant du système éducatif doivent constamment réfléchir aux insuffisances dont le système fait preuve et aux méthodes par lesquelles les résoudre. Le Chantier Jeunes a bien l'intention de rester partie intégrante de cette réflexion.

 
 
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