Voici de brèves nouvelles de nos activités durant ces dernieres semaines, de ma réaction à la situation et de propositions de travail.
I. L'OMC et Seattle
Je me suis beaucoup mobilisé sur les questions de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et sur le sommet de Seattle, dont vous connaisez le résultat. Avant cette rencontre, nous avons préparé une note de "propositions citoyennes" lancée par 30 personnes et co-signée par 250 personnes à travers le monde. APM a préparé Seattle avec la Confédération Paysanne (syndicat paysan progressiste) et José Bové (le paysan français démonteur d'un restaurant Mac Donald) et des partenaires Américains (IATP, National Family Farm Coalition, Friends of the Earth,...).
L'impact de la mobilisation à Seattle a été énorme, notamment aux USA. Elle a été l'occasion d'établir, sur la base d'actions communes, de trés bons contacts et même des alliances avec des réseaux comme Public Citizen, Global Exchange, des membres du DAN (Direct Action Network), de l'AFL CIO (le plus grand syndicat de salariés aux Etats-Unis). Le travail réalisé avec les délégués des pays du Sud a aussi été efficace.
Le résultat de cette mobilisation a été l'échec des négociations de l'OMC et une grande victoire de la société civile mondiale. Selon Edgar Morin "le 21 ème siècle s'est engagé à Seattle" (dans le journal Le Monde).
II. De nouvelles responsabilités.
Il faut rebâtir une nouvelle gouvernance mondiale et réformer profondément l'OMC. Dorénavant, il sera difficile de se passer d'un minimum de consensus de la société civile pour avancer dans des réformes mondiales. Les instances officielles ne savent plus trés bien que faire. Elles vont essayer de relancer les négociations de l'OMC à Genève. Elles vont aussi essayer de réformer certains élèments du dispositif.
La société civile qui s'est mobilisée à Seattle est dispersée mais avec des bases aux USA et dans les réseaux internationaux et mondiaux. Avec nos partenaires, nous allons monter un observatoire de l'OMC et de la gouvernance mondiale, qui doit se mettre en place à Genève au cours de cette année 2000.
Celui-ci devra :
1) Récolter, trier et diffuser l'information aux acteurs de la société civile mondiale mais aussi aux administrations et politiques des
pays du Sud, notamment.
2) Favoriser l'élaboration de propositions en différents lieux de la planète et à Genève, et mettre celles-ci en débat,
3) Créer des lieux et moments de débat, de discussion au sein de cette société civile mondiale.
III. Propositions pour l'Assemblée des Citoyens de la Terre
Des initiatives d'assemblées citoyennes mondiales sont actuellement envisagées par les réseaux mentionnés plus haut, pour 2001 et 2003. Leur but est de prolonger cette dynamique par de nouvelles perspectives, et de poser les éléments d'une nouvelle gouvernance, d'une nouvelle architecture mondiale du système des Nations Unies, trouver des articulations entre le niveau mondial, régional, national, local. D'autres initiatives variées sont en train de germer.
Il se présente aprés Seattle une conjoncture historique que nous devons analyser, dans laquelle la société civile mondiale doit jouer un rôle, notamment sur le rôle de l'OMC, la nouvelle gouvernance et les enjeux de la mondialisation.
L'Alliance et son Equipe Internationale de Facilitation doit comprendre cette conjoncture et s'y adapter. L'Alliance a comme atouts:
1) Une équipe internationale bénéficiant d'une certaine confiance collective et avec une sensibilité interculturelle.
2) Un travail de réflexion engagé sur plusieurs grands enjeux, par plusieurs équipes, et la possibilité de mettre ces textes à disposition des autres.
3) Une fondation qui soutient cette dynamique
4) Une échéance fixée en 2001 pour les différentes régions du monde.
Il faut valoriser ces atouts et jouer avec les acteurs implantés régionalement et porteurs de cette dynamique "contre la marchandisation du monde".
Je partage le point de vue de Marti Olivella sur le fait que la préparation de 2001 n'est pas une question uniquement technique. J'affirme avec lui qu'il est indispensable que le processus d'organisation obéisse à une dynamique sociale qui permette à différents acteurs et organisations d'y participer réllement, renforçant ainsi leur propre dynamique, tout en permettant de créer un réel évènement. Eulalia Flor, dans un de ses messages, a insisté aussi sur cet aspect d'ouverture avec les autres acteurs. J'avais déjà souligné à Barcelone sur cet aspect d'une importance majeure pour la période actuelle, en faisant la proposition d'assemblées mondiales régionalisées, qui devient dans le contexte actuel complètement central. Il faut ouvrir le processus et permette une rélle co-organisation avec les mouvements et dynamiques variées avec lesquels on a pu construire une certaine confiance.
Voici par exemple quelques partenaires centraux pour cette ouverture:
Aux USA, Public Citizen , IATP, Global Exchange, NFFC, Friends of the Earth.
En Amérique latine: Réseau Interméricain Agricultures et Démocratie, le plan alternatif contre l'ALENA (Mexico), Equipo Pueblo (Mexico), le forum citoyen Europe Amérique latine (voir IBASE), ATTAC (Brésil)
En Europe: le CCC OMC (le Comité pour un Contrôle Citoyen de l'OMC), ATTAC, CEDETIM, la Confédération Paysanne (France)
En
Afrique: réseau APM Afrique, ADEPA (pêche), Afrique de l'Ouest.
Je ferai parvenir l'information sur les thèmes sur lesquels, au cours de l'année 2000-2001, des membres du réseau APM mondial vont mettre en débat des contributions, des propositions. Je peux déjà signaler que les OGM vont constituer un enjeu majeur au niveau international dans les prochains mois et la prochaine année.