Participante de l’Alliance depuis 1996, année où elle a aidé à fonder le Groupe São Paulo de l’Alliance, Isis de Palma est une personne aventureuse, gaie et dynamique. Elle raconte son expérience avec l’orchestre de tambours “Ilu Bogbo Ayie” (Tambours pour le monde entier) à São Paulo et avec le réseau mondial des Tambours de Paix. « Sans démocratie il ne peut y avoir de paix », dit Isis catégoriquement. Pour appeler à la paix et au dialogue, pour construire la démocratie ensemble, cette coopérative de “faiseurs de percussion” nous accompagne pour marquer le rythme... et ne jamais s’arrêter !
Écrivez à Isis
QDN - Isis, raconte-nous comment l’expérience de Tambours de Paix a commencé...
Les Tambours de Paix ont commencé en 2000 avec Martí Olivella et le groupe Nova, s’inspirant d’une proposition de David Gakunzi, du Burundi, qui en 1996 incitait déjà les Alliés de tous les pays à jouer des tambours ensemble dans un acte symbolique d’alliance. C’est un mouvement mondial qui cherche à construire une culture de paix à travers l’art. Il est ouvert à tout groupe artistique du monde entier, qui peut s’inscrire sur le site web pour en faire partie. Ensuite des actions simultanées peuvent avoir lieu, comme pour l’expérience des quatre Assemblées Continentales de juin 2001 : nous avions des tambours à chacune d’entre elles et cela a été une expérience très forte.
QDN - Vous utilisez les tambours comme instrument de mobilisation...
Oui, les tambours sont imprégnés de valeur en tant que symbole de rencontre et de signification politique. C’est pour cela qu’ils ont été interdits, en fait, dans certaines cultures. Nos tambours n’appellent pas à la guerre, cependant : ils appellent à la paix. Le défi est de faire en sorte que les tambours convoquent les gens pour parler ensemble et que cette conversation soit profonde. Nous avons apporté des tambours à beaucoup d’événements où l’on encourage les échanges. Certains font partie du Groupe São Paulo de l’Alliance, tel qu’Agora, qui est un espace d’éducation en démocratie quotidienne et d’accompagnement dans les processus électoraux. Notre tâche est de construire un pont entre la paix et la démocratie, parce que sans paix il ne peut y avoir de démocratie. On obtient une paix totale, juste et durable quand les personnes s’approprient leur espace et lisent les messages politiques correctement.
QDN - Et maintenant, avec le propre orchestre du Groupe, les conversations deviennent des expériences...
Très juste : notre orchestre de tambours, « Ilu Bogbo Ayie », qui en créole brésiliens veut dire « tambours pour tout le monde », est né d’un atelier de fabrication d’instruments organisé en avril et mai 2003. Les joueurs, âgés de quatorze ans à bien plus vieux, ont aussi fabriqué leurs propres instruments avec des matériaux artisanaux. Avec Maître Lumumba, ils apprennent à jouer les tambours et à les fabriquer avec des matériaux artisanaux pendant qu’il leur raconte les mythes africains qu’il connaît si bien. La plupart n’ont pas de travail stable ou sont au chômage ; nous sommes donc en train de créer une coopérative de tambours pour gérer leurs revenus. Nous formons aussi des groupes de tambours dans les écoles municipales avec des enfants et des jeunes. Ce sont des effets multiplicateurs qui aident à faire grandir le mouvement.
QDN - Quel est ton travail avec ce groupe ?
Je suis responsable de la coordination du mouvement des Tambours de Paix. J’aide aussi à organiser le groupe. À l’Institut Polis, nous avons aussi produit les Cahiers de propositions de l’Alliance en portugais. Et nous les avons diffusés grâce à Agora et Imagens Educação. Maintenant je travaille aussi sur la Charte des Responsabilités Humaines. Comme contribution à la rencontre de Grèce, j’ai préparé un atelier avec quelques personnes de différents milieux socioprofessionnels, qui se sont connues en imaginant des suggestions que l’on pouvait travailler avec la Charte.
QDN - Et avez-vous organisé beaucoup d’autres actions, par exemple dans les manifestations contre la guerre ?
Pour les manifestations contre la guerre, le Forum Social Mondial, le carnaval de Rio et bien d’autres événements à São Paulo et dans des petits villages, nous prenons toujours des tambours, et des bannières Tambours de Paix et Alliance. Chaque événement de tambours est aussi une occasion pour expliquer un peu l’Alliance, les Cahiers de propositions... la célébration est toujours un support pour le contenu.
Isis de Palma a été interviewée par Germà Pelayo