Le Forum Social Européen à peine terminé, il restait à peine un mois—le mois de décembre, ses rues illuminées, ses cadeaux à préparer, ses bilans à rendre, ses amis, ses proches auxquels traditionnellement du moins il s’agit de dédier un tout petit peu plus de temps, ce temps qui semble nous échapper de plus en plus—pour finaliser la préparation des événements d’Economie Solidaire dans le cadre du IV Forum Social Mondial.
Cette quatrième édition du FSM s’annonçait encore plus complexe que d’habitude : un lieu complètement nouveau, Mumbai, connue pour son hyperpopulation,son trafic extrêmement dense, la misère au détour de chaque rue, dans un pays l’Inde dont nous ignorons tellement, en matière de culture politique, de mouvements sociaux ou d’expériences d’économie solidaire. D’ailleurs, ce concept qui a commencé à occuper un espace certain dans le cadre des Forums sociaux (voir notre article de février 2003) L’économie solidaire devient un thème majeur au sein de la société civile internationale avait-il un écho en Inde et dans le reste de l’Asie ?
Devant ces inconnues, le PSES a pris l’initiative :
* il a facilité, comme l’année passée, un forum électronique en français, anglais, espagnol, avec des participants de plusieurs pays d’Amérique Latine, d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
* il a proposé sur cette liste et organisé une réunion préparatoire : c’est à Bangkok, en Thaïlande, en octobre 2003, que des membres actifs de l’Alliance et du PSES, Indiens mais aussi Philippins ou Thaïs ont rencontré des représentants des réseaux d’économie solidaire pour comprendre le travail de coordination réalisé au cours des FS antérieurs, définir ce que recouvre le concept d’Economie Solidaire en Asie et quel programme commun présenter lors du Forum Social de Mumbai. C’est John Samuel, actuel directeur d’Action Aid, et membre actif du PSES qui a mis en place la logistique pour l’organisation de cette rencontre.
* John Samuel a aussi identifié sur Mumbai pour le PSES une équipe (le RSCD) qui s’est chargé des aspects liés au logement, location de matériel informatique, téléphones portables, transport de et vers le lieu du Forum, Gonegao, location d’un lieu de réunion pour les réunions internes du PSES et des l’Alliance et celle avec les réseaux d’ES, etc, bref qui a rendu possible le travail des membres du PSES, présents à Mumbai.
Le RSCD (Resource and Support Center for Developement) est une ong indienne centrée sur le développement ; dans ce cadre ils ont organisé au FSM un séminaire « Grassroot Democracy by Women in Governance », en collaboration avec le Mahila Rajsatta Andolan (Women’s Governance Campaign) et le chantier du PSES « Femmes et Economie ».
Au début décembre 2003, Carola Reintjes faisait part au reste des réseaux promoteurs de l’acceptation par le Comité International d’un Panel sur l’Economie Solidaire, dont le nom dans sa version asiatique était la People’s Economy.
Le Réseau des Promoteurs a pu ainsi organisé un programme commun comprenant :
1/ Un Panel sur l’Economie Solidaire intitulé : "Demain l’Economie Solidaire/Towards people’s Economy : Réalités et Stratégies du local au global” avec un représentat par continent.
2/ Sept Séminaires sur les thèmes déjà développés lors du FSM III :
Commerce Equitable,
Politiques Publiques, Relations Etat Société,
Système Financier Mondial Solidaire,
Pratiques Innovantes et Autogestion,
Mais aussi,
Découverte de l’Economie Solidaire en Asie,
Responsabilité Sociale des P&Mes pour le développement d’une Economie Solidaire
Monnaie Sociale et Economie Solidaire
3/ Un Séminaire de synthèse générale des événements sur l’Economie Solidaire.
Le PSES a fait imprimer et distribuer sur place près de 5000 programmes reprenant ces événements communs, mais aussi près de 50 séminaires et ateliers en lien avec l’Economie Solidaire et identifiés dans le Programme Officiel du FSM, cherchant ainsi à favoriser les interactions entre les réseaux déjà membres de la coordination et d’autres réseaux ou mouvements sociaux ayant des intérêts communs. Au total, cela représente 60 événements, soit près de 5% des 1200 événements du FSM. Les chantiers « Femmes et Economie », « Monnaie Sociale », Commerce Equitable » et « Dette Ecologique » ont co-organisé ou organisé près d’une dizaine de ces 50 événements sur leurs thèmes respectifs.
Mais force est de constater que la participation indienne en particulier et asiatique, dans toute sa diversité de langues, traditions et expressions, était surtout dans les rues et que souvent nous avons ressenti une certaine déception sur la participation dans les événements : salles de 4000 personnes remplies au dixième, beaucoup de séminaires et ateliers avec moins de 10 % d’asiatiques ou même des groupes entiers qui quittaient la salle quand le volet sur l’Asie était terminé !
Le fait que les participants du PSES et ceux de l’Alliance - plus d’une centaine d’alliés ! - logent dans le même hôtel a été perçu par tous et toutes comme un point très positif : l’occasion de se retrouver autour d’un repas, d’un verre de jus d’ananas (tout au plus de bière, pas d’alcool en Inde) a permis de se connaître mieux tant au niveau personnel que professionnel. Des réunions de travail ont pu aussi s’organiser plus facilement malgré les horaires très chargés du Forum. L’équipe globale d’animation du PSES a tenu sa réunion périodique durant deux jours à la fin du Forum, les animateurs et participants les plus actifs des chantiers du PSES ainsi que leurs invités se sont retrouvés une matinée pour parler du futur du PSES, les chantiers Vision, Monnaie Sociale, Responsabilité Sociale, Commerce Equitable ont pu travailler sur leur plan d’action.
Pour conclure, ce quatrième Forum Social Mondial représentait un défi d’importance, étant donné le contexte complètement nouveau dans lequel il se tenait. Le degré de coordination atteint au cours des forums précédents a facilité le travail collectif, l’articulation entre les thématique et la restitution des synthèses. Le travail réalisé avec John Samuel et l’équipe du RSCD, le séminaire sur la découverte de l’ES en Asie et celui sur les Monnaies Sociale, dont les intervenants provenaient de différents pays du continent, ainsi que les ateliers qui sont toujours l’occasion de dialoguer plus facilement avec les participants, ont jeté les jalons d’un lien fort entre les expériences asiatiques et celle d’Economie Solidaire des autres continents.
Il semble désormais évident que le FSM ne permet pas plus que cela : poser des jalons, mais tout le travail reste à faire. Le PSES pense donc organiser une réunion en 2004 en Asie (pays à définir) avec un certain nombre de leaders des réseaux d’ES, pour voir comment les nombreuses initiatives de terrain en Asie peuvent se regrouper autour du concept d’Economie Solidaire et rejoindre le courant d’internationalisation de cette dynamique.
Lectures complémentaires (quelques travaux du Pôle de socio économie solidaire) :