L’objectif de cette rencontre était de se préparer à l’Assemblée mondiale de Citoyens et aux rencontres de la fin du siècle. A l’époque les alliés prévoyaient encore que cet événement de passage du siècle aurait lieu en 1999 et par conséquent il semblait opportun d’organiser, deux ans avant cette date, une rencontre de préparation comme une étape de cette randonnée collective.
Cette Assemblée de 1997 a constitué un véritable prototype d’assemblée mondiale ainsi que des assemblées continentales et de l’ensemble des rencontres internationales qui se sont déroulées au cours des années 2000-2001.
L’Assemblée 1997 a revêtu le format suivant : une rencontre internationale au Brésil (Bertioga-São Paulo), accompagnée d’un ensemble de rencontres simultanées, continentales, sous-continentales et locales. Cette Assemblée de 1997 était donc un ensemble de rencontres. On a toujours tendance à identifier une rencontre à une seule activité dans un seul lieu, alors que la rencontre de 1997 a été non seulement un ensemble de rencontres simultanées, mais en plus interconnectées entre elles par un système de "Participation à Distance" (PAD) pour éviter les effets d’entonnoir que crée un rassemblement unique en un seul lieu, forcément limité.
C’est ainsi qu’à Bertioga se sont reliées les rencontres de Kigali, Barcelone, Bangalore, Roubaix et Alger.
Nous avons cherché à organiser la rencontre internationale dans un pays du sud et de la baser sur l’initiative d’un groupe d’alliés prêts à prendre en charge une initiative de cette envergure. Quelques années sont maintenant passées et lorsque nous pensons à cette rencontre, elle nous apparaît comme ayant répondu à la même démarche que le Forum Social Mondial de Porto Alegre. La nature pionnière de l’Alliance dans sa façon de se projeter vers la société civile posait déjà les bases de ce qui allait se passer. A la suite de cette rencontre intercontinentale des alliés en 1997, il a été envisagé que la rencontre mondiale de 2001 devait avoir lieu dans un pays du sud, et en l’occurrence en Inde, par l’intérêt et la richesse que comporte ce pays. Or, le FSM 2004 a eu lieu à Mumbai, en Inde. La singularité de l’Alliance a été d’anticiper ce mouvement des Forums Sociaux mais sans en avoir l’ampleur.
L’Assemblée 1997 a également constitué un pas significatif dans l’élaboration théorique du cadrage thématique des travaux de l’Alliance, car c’est à cette occasion que les 4 pôles thématiques ont été identifiés, permettant par la suite une restructuration plus cohérente des chantiers. L’identification de ces 4 pôles (Humanité et Biosphère, Valeurs et Cultures, Economie et Société, Gouvernance et Citoyenneté) a été le fruit d’un travail collectif où il a été demandé aux organisateurs de chaque rencontre simultanée de rédiger une note indiquant les thèmes prioritaires qu’ils entendaient traiter dans leur rencontre respective. En articulant les différentes propositions il a été possible d’aboutir à un regroupement par voisinage thématique des questions prioritaires identifiées par les organisateurs. A ces 4 pôles s’est ajouté un cinquième axe relatif à la mise en mouvement des alliances (calendrier 2000, communication, Plate-forme et construction des chantiers).
Toutes les rencontres ont été fort intéressantes et riches, même si l’Assemblée de Bertioga a été considérée, par certains, comme une "usine de malentendus", dévoilant en effet des approches méthodologiques et des visions culturelles très diverses. Certaines méthodes d’animation ou autres, utilisées par les Brésiliens, n’ont pas toujours été très bien comprises ou admises par des personnes qui ne sont pas disposées à accepter des méthodes qui sortent de leur cadre habituel. Par la suite, un effort important a du être fait pour récupérer la confiance, l’entente et les relations avec certains participants. Cependant cette rencontre, parce qu’elle avançait des pistes intéressantes et parce qu’elle cherchait une élaboration collective du contenu, a été réellement un prototype de rassemblements de la société civile.
Immédiatement après, une évaluation par une équipe ad hoc a été réalisée par le biais d’une consultation des participants de Bertioga. Par ailleurs, les organisateurs brésiliens avaient misé de façon massive sur la couverture de l’Assemblée par les médias nationaux et une équipe de "communicateurs" a trouvé le titre d’Alliance21 qui raccourcissait l’intitulé d’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire.
Cette Assemblée 1997 a posé la question de la construction de l’Alliance et de son autonomie. Elle a marqué le point culminant d’un processus qui pouvait se projeter comme une dynamique sociale et organisationnelle d’un nouveau genre : comme une véritable alliance citoyenne capable de jouer un rôle de reliance entre les diverses dynamiques de la société civile en émergence. Force est de constater qu’elle ne l’est pas devenue. Certains participants, et en particulier Chico Whitaker et Cändido Grzybowski devaient, quelques années plus tard, lancer le Forum Social Mondial.
URL : www.alliance21.org/2003/article713.html
DATE DE PUBLICATION :10 février 1999