Une bougie, de nombreuses
Amériques : le néolibéralisme n'a pas
triomphé sur le Continent
par Audrey Dupleich
La pluralité des visions, des vécus
et des expériences rapportés montrent que
la prétendue homogénéisation du néolibéralisme
n'a pas triomphé sur le Continent. Une bougie a circulé
comme symbole d'articulation entre les nombreuses Amériques
qui se sont assises autour d'une table pour partager le
défi de penser un nouveau Continent, prenant en compte
les personnes présentes et les "millions de
personnes absentes", durant la clôture de la
rencontre d'Amérique célébrée
à Quito, du 19 au 23 juin.
Parmi les grands défis que les participants
ont abordés, on remarque la volonté : d'atteindre
une souveraineté alimentaire ; que les mouvements
sociaux dépassent la conjoncture et réfléchissent
à une vision politique ; de continuer la lutte pour
les droits des peuples face à l'Etat-nation ; de
fédérer tous les secteurs qui représentent
une alternative et/ou une résistance au modèle
néo-libéral.
La campagne, avec des paysans
========================
Les participants ont souligné la
revalorisation du travail paysan. " La campagne, avec
des paysans " ont-ils signalé, faisant allusion
au problème de l'exode rural, du chômage et
surtout, avec ce processus, à la nécessité
de récupérer " notre souveraineté
alimentaire " face à la logique capitaliste
imposée à l'agriculture paysanne.
D'autre part, on a souligné l'inquiétude
relative aux expériences d'éradication des
cultures de feuille de coca en Bolivie et en Colombie, dénonçant
la stratégie de militarisation qu'implique le Plan
anti-drogues dans le cadre de l'Initiative Andine, en plus
de la destruction écologique liée à
des intérêts économiques : " Leur
intention est d'éradiquer la culture de coca avec
des arguments environnementaux - entre autres - pour en
fait effectuer des concessions pétrolières
et vendre la biodiversité ", ont-ils indiqué.
Récupérer et articuler les
valeurs politiques des mouvements sociaux
===================================================
"Les différents mouvements
sociaux n'ont pas de vision politique, alors que le social
est politique", ont observé les participants
en posant le problème de la récupération
des valeurs qui inspirent chaque lutte sur le Continent.
"Il faut aller au-delà de la conjoncture ; car
il n'y a pas encore ni pensée ni action qui permette
de construire un projet politique continental ; on doit
forger une culture démocratique et plurielle,"
ont affirmé les participants après avoir identifié
la nécessité de construire des pouvoirs collectifs.
Il est nécessaire d'unir toutes
les forces qui luttent contre le modèle néo-libéral
et d'élaborer une proposition commune qui articule
- et n'homogénéise pas - les forces éveillées
et latentes qui s'opposent au modèle à partir
de leurs contextes particuliers, visant ainsi à dépasser
le local.
"Nous pouvons et nous devons continuer
à rêver à un autre monde possible, car
sinon le modèle néo-libéral triomphera",
ont ils conclu.
- Depuis Quito, Equateur, au centre de
l'Amérique, le 23 juin 2001
- Rencontre Continentale d'Amérique
|