Les 3 premières
parties :
- Evaluation et Vision du Futur
- Propositions et Projets
- Rapport du processus participatif sur
l'évaluation et le futur de l'Alliance
- Deuxième étape de
l'Alliance :
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La seconde étape de l’Alliance
par Pierre Calame pic@fph.fr
Première contribution à une réflexion
collective
19 février 2003
B/ Des atouts et faiblesses actuels de l’Alliance face à l’évolution
des défis du monde :
1. Les atouts
a) Le besoin de construire une société civile mondiale
capable de concevoir et conduire de vastes mutations se confirme
de jour en jour. L’ existence, le succès et les limites des forums
sociaux en sont un bon révélateur. La construction d’une “ coalition
anti-globalisation ” a montré une capacité de résistance. Mais cette
résistance est vouée à l’échec si elle ne se transforme pas en une
“ alliance pour une autre mondialisation ”. Or, “ coalition anti
” et “ alliance pro ” ne répondent pas à la même logique. Il est
plus facile de faire face à un défi commun que de construire ensemble
des alternatives crédibles. Plus que jamais le “ projet d’ lliance
”, avec ce qu’il comporte de travail dans la durée, d’accueil de
la diversité, de confrontation des points de vue, d’élaboration
de propositions communes et de stratégies de mise en œuvre est indispensable.
Selon moi, l’ Alliance est plus actuelle, plus visionnaire et plus
nécessaire que jamais. L’entêtement avec lequel nous avons défendu
ces idées d’année en année, le capital de réflexion que nous avons
accumulé, la présence forte dans les forums mondiaux pour les nourrir
en propositions et les aider à se structurer donne à l’Alliance
un crédit moral de plus en plus grand. Quelles qu’en soient les
limites et les contradictions c’est une tentative unique au monde.
b) La “ charte des responsabilités humaines ”,
par la manière même dont elle a été construite et par les réflexions
menées par les différents collèges, peut devenir un document de
référence. Il n’y a pas de gouvernance possible sans une référence
éthique commune. Les interdépendances entre les sociétés et avec
la biosphère imposent petit à petit aux consciences la définition
élargie de la responsabilité sur laquelle la charte est construite.
c) La première étape de l’Alliance a permis de
construire un véritable prototype, un modèle réduit du dialogue
au sein d’une société mondiale. L’ Assemblée Mondiale de Citoyens
en a été le symbole à la fois par la diversité de ses participants
et pas son déroulement, conçu comme un itinéraire, un raccourci
dans le dialogue nécessaire au sein de chaque milieu socioprofessionnel,
entre milieux, entre régions du monde, entre défis. Ce prototype
a permis, c’est la vocation de tout prototype, d’ explorer toutes
les contraintes d’un tel dialogue et de tester des réponses adaptées.
Ce prototype permet maintenant d’envisager un changement d’ échelle.
d) Les 60 cahiers de proposition et les travaux
de l’Assemblée Mondiale de citoyens ont permis de dégager les grandes
lignes et les priorités d’un “ agenda pour le 21ème siècle ”, d’énoncer
les changements majeurs à entreprendre. Le travail de synthèse de
ces soixante cahiers a permis de tester des outils méthodologiques.
La mise en délibération des cahiers auprès de l’ensemble des alliés
permet d’en tester d’autres.
e) La démarche collégiale a permis en 2000-2001
un élargissement considérable de la diversité sociale et professionnelle
de nos approches avec la constitution de noyaux de travail de militaires,
de juristes, de syndicalistes, de chefs d’entreprise, d’ingénieurs,
de financiers, d’ actionnaires, d’élus locaux, de fonctionnaires,
etc., au delà de ce qui avait constitué jusque là le centre de gravité
de l’Alliance.
f) L’idée d’un processus organisé dans la durée,
se dotant d’un protocole de travail stable et d’échéances claires
sans pour autant être institutionnalisé semble plus familière aujourd’hui
qu’elle ne l’était en 1994. Le web lui-même s’est développé selon
une logique semblable. Les forums sociaux continentaux et mondiaux
partagent sur certains points les mêmes intuitions. La nécessité
de créer pour ce type “ d’être collectif nouveau ” un nouveau cadre
de pensée et de gouvernance, différent des références politiques,
syndicales ou associatives classiques, commence à apparaître plus
clairement.
g) Le défi considérable de la mise en place de
systèmes d’information en plusieurs langues entre les alliés et
avec le monde extérieur a été relevé. Nous disposons à la fois d’outils
techniques adaptés (organisation du site Web, forums électroniques,
bases de données gérées à distance) et d’une capacité significative
d’apprentissage : la plupart de ces outils ont été perfectionnés
plusieurs fois et sont accompagnés de compétences humaines susceptibles
de transmettre ces savoirs faire. L'équipe cartographique mobilisée
lors du troisième Forum Social Mondial et l’équipe d’écrivains publics
(DPH) mobilisée à l’Assemblée Mondiale de Citoyens en sont l’ illustration.
h) L’Appel à initiative, lancé par la FPH au printemps
2002 pour aider ceux qui le souhaitaient à commencer à écrire “
la page blanche ” de la deuxième étape de l’Alliance, a rencontré
un succès appréciable. Les réponses à l’ appel couvrent les différentes
facettes de l’Alliance : la diffusion et la transposition de la
charte des responsabilités humaines, l’organisation d’ assemblées
régionales ou nationales de citoyens, l’organisation de systèmes
d’information pour mettre en réseau les innovations, le développement
des collèges, l’approfondissement des propositions thématiques.
Les réponses montrent aussi que les alliés de la première heure
ont conscience de la nécessité de ne plus compter principalement
sur les ressources de la FPH. Elles ont aussi permis de découvrir
de nouveaux partenaires.
i) Près de 40 % des participants à l’Assemblée
Mondiale ont répondu aux questionnaires d’évaluation de Lille alors
que pour beaucoup d’entre eux c’ était le premier contact avec l’Alliance.
La diversité sociale, professionnelle et culturelle du monde qu’a
symbolisée l’Assemblée a donc des chances d’être maintenue dans
la durée si un effort constant est poursuivi dans cette direction.
L’idée d’un Parlement Mondial de Citoyens en 2010 intéresse beaucoup
et ne paraît plus utopique à condition de commencer dès maintenant
à en concevoir et à en débattre les modalités.
j) La crise actuelle du monde, déclenchée par l’unilatéralisme
de G Bush, fait la démonstration de l’urgence de mettre en place
une gouvernance mondiale légitime, démocratique et efficace que
les gouvernements des Etats ne sont pas en mesure même de concevoir.
Dans ces conditions les perspectives que nous avons commencé à esquisser
ont une particulière actualité : si un gouvernement démocratique
mondial n’est pas pour demain la fonction de dialogue, de concertation,
de proposition, d’évaluation et de médiation d’une société civile
mondiale organisée est irremplaçable.
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