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III. Esquisse d’une stratégie d’action1. La nécessité d’une stratégie d’ensemble Face aux trois crises auxquelles est confrontée l’humanité, de nombreuses réactions positives se sont faites jour : de l’action ponctuelle exemplaire, dans des villages ou des villes, aux récentes conventions internationales, des chartes ou comptabilités environnementales de certaines entreprises aux politiques énergétiques de certains pays, de la prise de conscience des consommateurs à l’émergence d’agricultures écologiques. Mais ces avancées paraissent encore bien limitées et dispersées par rapport aux dynamiques majeures qui entraînent notre monde. Ce qui prédomine actuellement c’est un profond sentiment d’impuissance. Chaque société, prise isolément, semble paralysée devant l’ampleur des transformations à entreprendre. Chacun, individu, entreprise ou Etat sait qu’il faut agir mais se résigne à ne rien faire, attendant que les autres commencent ou que des décisions soient prises... ailleurs. Science, technique, marché deviennent les nouveaux noms du destin. Evoluant trop lentement, les idéologies et les institutions sont souvent mal adaptées aux urgences et aux défis de la période. Nous ne devons pas être timides. Nous avons un devoir d’audace. Il nous faut, parmi les différents futurs possibles, tracer, sur la base de nos valeurs communes, l’esquisse d’un futur souhaitable ; puis concevoir un ensemble cohérent d’actions qui répondent aux urgences d’aujourd’hui et soient à l’échelle des défis de demain. Les trois crises sont inséparables et les réponses à y apporter le sont aussi. Nous ne croyons pas à la possibilité de parvenir à un développement "soutenable" qui serait respectueux des grands équilibres écologiques mais au prix de l’exclusion d’une large part de l’humanité. Nous nous défions des tentatives de résoudre les problèmes par une fuite en avant technologique ou par des contraintes imposées par les plus puissants et subies par la masse des autres. Nous sommes convaincus que les actions à entreprendre doivent viser à la fois à construire des relations équilibrées entre les hommes et leurs milieux, dans toute leur complexité et leur diversité, et à construire des relations équilibrées entre les hommes et les sociétés. Il ne s’agit pas d’établir une hiérarchie de gravité entre les trois crises, mais de trouver des formes d’action contribuant simultanément à leur résolution. Cette convergence doit être, avec la mise en oeuvre des sept principes énoncés plus haut, le principal guide pour l’établissement d’une stratégie d’action. C’est bien un monde responsable et solidaire que nous voulons bâtir. Pour cela nous n’échapperons pas à une mobilisation exceptionnelle de moyens et de volontés. C’est possible. Le monde occidental est sorti de la grande crise de 1930 par une mobilisation inouïe de moyens pour la préparation puis la conduite de la seconde guerre mondiale. Nous proposons de mobiliser en cette fin de siècle des moyens équivalents pour lutter contre toutes les formes de pauvreté et d’exclusion et pour mettre en oeuvre des technologies et des formes de production respectueuses de nos milieux de vie. Vingt pour cent des hommes disposent aujourd’hui de plus de quatre-vingt pour cent des richesses. Certaines familles reçoivent en revenus monétaires l’équivalent des ressources de centaines de milliers, peut être de millions, de familles démunies. Personnes et pays détenteurs de grandes richesses auront donc à supporter une large part de l’effort. Clairement accepté, cet effort de solidarité constituera la condition politique permettant l’adoption, par tous les pays, d’objectifs communs et d’une stratégie cohérente. Il sera l’expression concrète de la reconnaissance de l’unité de la communauté humaine. Il peut en outre constituer une étape marquante dans la mise en place de nouveaux mécanismes de solidarité et de redistribution, semblables à ceux que les sociétés humaines ont su parfois inventer dans le passé et que rend de plus en plus nécessaire au niveau mondial la multiplication des liens entre les sociétés et les hommes du monde entier. La stratégie d’action, enfin, pour être à la mesure de ses ambitions, doit être aussi cohérente, aussi complète que l’est le mode actuel de développement : elle nécessitera des organisations, des dirigeants, des modes de régulation, des technologies adaptés aux finalités poursuivies ; elle se construira dans la durée et au prix d’une détermination sans faille. 2. L’unité et la diversité des priorités Les trois crises sont mondiales et engendrent à l’échelle mondiale des priorités communes pour l’action : la réhabilitation et la diffusion de valeurs communes, la réduction des inégalités entre les personnes et entre les sociétés, la sauvegarde et la restauration des sources essentielles de vie, la construction de nouvelles relations entre les hommes et leurs écosystèmes, le frein mis au gaspillage énergétique et alimentaire. Mais les priorités communes se traduiront moins par des mesures uniformes, arrêtées au niveau mondial, que par des initiatives coordonnées, adaptées à l’infinie diversité des contextes. De surcroît, des priorités particulières se font jour dans chaque région du monde. Les pays les plus riches sont principalement confrontés à de nouvelles formes d’exclusion et à la nécessité de revoir en profondeur leur mode de vie ; les pays de l’ancien ensemble soviétique ont à faire face à un chômage de grande ampleur, à la conversion d’un système de production inefficace, aux menaces des installations nucléaires militaires et civiles et au délabrement de leur environnement ; les nouveaux pays industrialisés se signalent souvent par une exploitation forcenée des hommes et des milieux ; les pays les plus pauvres ont des difficultés à maîtriser la croissance de la population, à endiguer l’extrême pauvreté, à sauvegarder les eaux et les sols, à développer des moyens scientifiques et technologiques réellement enracinés dans leur culture et adaptés à leurs situations ; pour l’ensemble des pays arides, l’eau et la préservation du couvert végétal et des sols deviennent des urgences vitales, etc... Les quelques priorités que l’on peut mettre en avant au niveau de la planète (sauvegarde des océans, protection de la couche d’ozone, limitation des émissions de gaz à effet de serre...) ne peuvent être conçues ni acceptées de la même façon selon les situations, surtout si elles semblent imposées aux plus faibles par les plus puissants. Le besoin de traduire localement les priorités communes et la prise en compte des priorités particulières obligent à reconnaître en permanence l’unité et la diversité du monde. Ils interdisent de concevoir des stratégies monolithiques, imposées "par le haut". Nous avons besoin de concevoir une stratégie plurielle, organisant les convergences. 3. L’articulation des niveaux d’action Face aux enjeux majeurs de la période, c’est à tous les niveaux que doit être menée l’action. Au niveau des individus, citoyens et consommateurs, l’éducation, l’information, la prise de conscience, l’affirmation de la dimension éthique doivent contribuer à faire évoluer les systèmes de valeurs et les comportements, avec des effets aussi bien au plan local qu’aux plans régional et mondial. Au niveau des entreprises, des municipalités, des collectivités territoriales, beaucoup se joue aussi. Ce qui implique à la fois leurs dirigeants, cadres et salariés, mais aussi leurs clients (pour les premières) et leurs administrés (pour les secondes), ainsi que les normes, réglementations et législations dans le cadre desquelles elles oeuvrent. Les petites communautés humaines, les villages, les terroirs, les bassins versants, les villes, les unités géologiques, climatiques, hydrologiques et historiques qui ont joué un si grand rôle dans l’histoire ancienne sont appelés à voir ce rôle complètement renouvelé. C’est en effet à cette échelle que la diversité des situations et des contextes culturels, sociaux et écologiques peut être prise en compte. A cette échelle aussi que peuvent être démocratiquement conçues, débattues et mises en oeuvre des approches intégrées réconciliant les hommes avec leurs écosystèmes. Les Etats-Nations ont été dans les siècles passés le niveau principal auquel se sont inventées les régulations, se sont mises en oeuvre les solidarités. A une époque où les échanges sociaux et économiques s’organisaient pour l’essentiel à l’intérieur de leur cadre et où les dommages causés aux milieux naturels étaient circonscrits à l’intérieur de leurs frontières, c’est à l’échelle des Etats-Nations que se sont conçus les équilibres sociaux et écologiques, les modèles de développement adaptés au génie de chaque peuple, les modalités de contrôle démocratique, les systèmes de normalisation, de législation et de contrôle. Ce rôle prépondérant des Etats est largement remis en cause : d’en haut par la mondialisation des échanges, de l’information, des déséquilibres écologiques ; d’en bas par la montée des aspirations à plus d’autonomie. L’idée de pleine souveraineté comme celle d’étanchéité des frontières est devenue un leurre. Ce double mouvement de démantèlement des Etats est irréversible. Pourtant chaque Etat-Nation restera pour longtemps une instance décisive pour le débat politique, pour l’élaboration des grandes décisions, pour la mise en oeuvre des solidarités, pour la législation, la taxation et le contrôle. Simplement, il doit accepter de n’être qu’un des niveaux, certes éminent mais relié aux autres, de la gestion d’un monde solidaire et responsable ; et ses stratégies devront accepter de participer à des dynamiques plus vastes. Il est un niveau qui devrait jouer un rôle croissant dans le prochain siècle : c’est le niveau régional. Les Etats-Nations sont trop nombreux, trop disparates, trop inégaux pour pouvoir dialoguer efficacement et sur un pied d’égalité au niveau mondial et pour élaborer ensemble les stratégies ambitieuses qu’appellent les défis à relever. De multiples initiatives d’organisation régionale ont été prises, et l’on voit bien s’esquisser la possibilité d’une organisation du monde, probablement à géométrie variable selon les domaines, mais à travers laquelle émergent huit à dix grandes régions. Ces régions pourraient bien jouer, au XXIème siècle, un rôle, dans l’organisation de leurs marchés internes et dans leur ouverture aux marchés externes, analogue à celui qu’a joué l’Etat-Nation dans les cinq siècles passés. Plus largement, elles paraissent devoir constituer un niveau particulièrement adapté pour la régulation des relations tant entre les hommes et la nature, qu’entre les hommes entre eux. Dans la perspective d’une gestion de la planète qui ne soit ni dominée par le (ou les) pays le(s) plus puissant(s), ni livrée à une gestion par les experts, un collège représentant les grandes régions du monde devrait être appelé à jouer un rôle croissant. Ces régions seront sans doute appelées aussi à jouer un rôle majeur en matière de sécurité. Une des conditions de la réduction des armements est d’assurer la sécurité des nations et des peuples. Entre les accords entre Etats et l’intervention d’une instance mondiale, des instances et des procédures régionales devraient jouer, là encore, un rôle essentiel. Le niveau mondial, enfin, va nécessairement devenir décisif dans les prochaines décennies, qu’il s’agisse de normes, de droit et de réglementation, de taxation, de contrôle, de lancement de grandes initiatives et de coordination de grandes actions plurinationales. Pour y parvenir, il faudra d’abord qu’une autorité mondiale sache acquérir la légitimité nécessaire, montre sa volonté d’imposer des règles communes même aux acteurs économiques et politiques les plus puissants. Il faudra aussi que puisse être mis en place un dispositif institutionnel qui assure l’indispensable séparation des pouvoirs, notamment entre ce qui fera office de législatif, d’exécutif et de judiciaire. Il faudra, ensuite, sortir du cloisonnement des négociations ; lier par exemple les négociations sur le commerce à un accord sur la protection de l’environnement. Il faudra enfin que la communauté internationale soutienne l’émergence de réseaux mondiaux capables de constituer d’utiles contre-pouvoirs, des moyens de vigilance et des forces de proposition mobilisables pour une stratégie d’ensemble. De l’individu au monde, nous n’échappons pas, on le voit, à l’articulation des responsabilités et des compétences aux différentes échelles. Il faudra innover profondément pour éviter l’empilement des bureaucraties et l’enchevêtrement des compétences, si propices à l’irresponsabilité généralisée. Priorité doit être clairement donnée à l’initiative locale, à la gestion locale, seules capables de vitaliser les liens entre les sociétés et leurs milieux de vie. C’est le principe de subsidiarité. Mais cette subsidiarité ne signifie pas que chaque collectivité est libre de faire ce qu’elle veut sur son territoire. Elle n’en est pas propriétaire mais gérante. Elle est tenue d’y mettre en oeuvre les principes de sauvegarde, de responsabilité, de prudence, de modération. Il lui appartient de choisir librement ses moyens mais à l’intérieur de finalités et de cohérences discutées et énoncées à un autre niveau. C’est pour marquer ce devoir d’articulation que nous préférons parler de subsidiarité active. Ce principe s’applique de proche en proche, du monde entier à la communauté de base. Des individus à la planète, les communautés humaines sont liées entre elles par des contrats où s’équilibrent leurs droits et leurs devoirs, tant à l’égard de leurs administrés qu’à l’égard de la planète et des générations futures. 4. Les éléments d’une mise en mouvement Contribuer à ce que l’humanité contemporaine prenne la mesure de sa responsabilité, et l’assume ; que l’humanité, à travers ses peuples, ses nations, ses cultures, à travers ses élites et ses dirigeants, ses institutions et ses multiples acteurs, prenne conscience de ses nouvelles responsabilités, envers elle-même, envers les plus démunis et les plus faibles, envers la terre et le vivant, envers les générations futures et qu’elle s’astreigne à les assumer : tel est l’enjeu. Mais nos sociétés, prises dans le tourbillon des urgences et largement démotivées par l’enlisement des grands messianismes du XIXe siècle, semblent renoncer à se projeter dans le futur. De plus en plus complexes, elles ont du mal à concevoir la conduite de leur propre changement. A fortiori, sont-elles peu prêtes à prendre en charge le devenir du monde. Il est donc essentiel de concevoir et de rendre visible un processus cohérent de changement. Dire comment se mettre en marche est actuellement plus important encore que dire où aller. Ce processus doit se déployer d’une manière multidimensionnelle, depuis le changement de comportement des citoyens et consommateurs et les actions collectives locales, jusqu’aux décisions prises à l’échelle planétaire. Ce processus de changement collectif pourrait comporter les éléments suivants :
Cohérence de la stratégie et de ses outils de mise en oeuvre, lien entre les solutions à apporter aux trois crises, nécessité de concilier la traduction locale de priorités planétaires communes avec l’énoncé et la prise en compte des priorités propres à chaque région du monde, articulation des différents niveaux d’action et des différents ingrédients de mise en mouvement, nous voyons progressivement se dessiner les caractéristiques de la stratégie à inventer collectivement. A l’évidence cette stratégie est multisectorielle, implique des changements coordonnés des mentalités, de l’éducation, des institutions, des technologies, des normes, du droit, de la fiscalité, des relations internationales... 5. Des programmes mobilisateurs L’humanité, en cette fin de XXe siècle, est confrontée à des défis concrets, urgents, planétaires. Les relever devrait permettre de mobiliser les énergies sur quelques grands programmes. Ces programmes ne suffiraient pas, tant s’en faut, à organiser la vaste mutation des sociétés nécessaire dans le siècle qui vient, mais ils seraient le signe tangible d’une réelle mise en mouvement, en montrant qu’il est posssible de s’attaquer simultanément aux trois crises, en suscitant des occasions de travail, en matérialisant par une oeuvre commune la conscience d’appartenir tous à la même communauté humaine, en améliorant les conditions de vie des populations les plus démunies, en restaurant un meilleur équilibre entre les hommes et leur millieu. Cinq programmes mobilisateurs nous paraissent bien répondre à cette définition. Ils concernent l’eau, l’énergie, les sols, la réhabilitation de régions profondément dégradées, la conversion des industries d’armement. l’eau : une personne sur trois dans le monde souffre aujourd’hui de manque d’eau. Dans moins de vingt ans on s’attend à ce que dans des continents comme l’Afrique la pénurie soit dramatique. Quatre-vingt dix pour cent des maladies prioritaires du tiers-monde tiennent à la mauvaise qualité de l’eau. Les conflits entre pays, pour le contrôle de cette ressource rare, vont devenir de plus en plus fréquents et graves car les grands bassins versants ignorent les frontières. Si la gestion de l’eau est souvent source de conflits, elle est, tout aussi souvent, le ciment de communautés. Touchant à la ville et à la campagne, à la santé, à l’agriculture, à l’énergie, à l’alimentation, nécessitant des approches intégrées à différentes échelles, de la plus petite à la plus grande, un programme mobilisateur en faveur de l’eau est susceptible d’utiliser une large gamme de techniques et de créer des nombreux emplois ; il implique l’apprentissage de la "subsidiarité active" en privilégiant les initiatives locales et en les situant dans une vision d’ensemble ; il concourt à la fois à l’amélioration de la vie, au développement de l’activité et à la recherche de meilleurs équilibres entre les hommes et leurs milieux. l’énergie : le programme doit comporter deux volets : les économies d’énergie et l’équipement en énergies renouvelables. Tous les pays, y compris les plus pauvres, recèlent d’importantes réserves d’économies d’énergie. Valoriser ces réserves, développer des technologies économes en énergie, supprimer progressivement les multiples formes de subvention déguisée à l’usage des énergies fossiles, tout cela concourra à rendre viable l’équipement en énergies renouvelables partout et sous toutes les formes où elles sont disponibles. Appliqué à grande échelle, le programme permettra d’améliorer l’efficacité des technologies de production de l’énergie renouvelable. Comme celle de l’eau, la gestion décentralisée de l’énergie contribue à l’apprentissage de la "subsidiarité active". Le programme est simultanément bénéfique au plan local et au plan global : il permet à la fois de réduire les pollutions locales, les émissions de gaz à effet de serre et la croissance des risques et déchets liés au nucléaire. les sols : le programme consistera à promouvoir à très large échelle la mise en oeuvre de formes d’exploitation des sols qui n’entraînent pas, ou le moins possible, de dégradation de leurs fonctions biologiques, alimentaires, régulatrices des fonctions hydrologiques. Cette dégradation massive est aujourd’hui source de baisses graves de la fertilité des milieux donc de désertification. Le programme a pour intérêt majeur d’être très réparti dans l’espace, d’obliger à une révision en profondeur des systèmes de production agricole, de mobiliser beaucoup de main d’oeuvre, de réduire l’insécurité alimentaire dans les pays les plus pauvres, d’obliger à rechercher une gestion diversifiée des écosystèmes et de combiner programmes à grande échelle et micro-initiatives. la revitalisation de régions profondément dégradées : ce programme peut concerner aussi bien des pays d’ancienne industrialisation, que les pays qui ont subi (en Europe centrale, dans l’ancienne URSS ou ailleurs) les excès dévastateurs de la modernisation et de l’industrialisation à marche forcée. Il a une immense valeur symbolique dans un monde où les hommes n’ont eu que trop souvent tendance à aller ailleurs quand leur milieu avait été ruiné par leurs besoins et leurs imprévoyances. Sur une planète limitée dans ses contours, de plus en plus chargée d’hommes, les stratégies de réhabilitation doivent l’emporter résolument sur le rêve de conquérir de nouveaux et improbables espaces. La réhabilitation est la nouvelle frontière de l’humanité. la conversion des industries d’armement : depuis la seconde guerre mondiale, des pans entiers de l’économie se sont, dans de nombreux pays, constitués autour de la production des armes. La fin de la guerre froide permet en théorie de libérer de multiples compétences et de multiples moyens. Leur conversion de la guerre à la paix est néanmoins un grand défi. Elle suppose à la fois une volonté politique, une compétence technique, l’ouverture de nouveaux débouchés et plus encore de nouvelles perspectives enthousiasmantes pour les compétences et les talents libérés. Nous proposons un programme mondial, concerté, de conversion des industries d’armement vers le développement de technologies non agressives pour l’environnement. Ce sera un investissement lourd au départ, mais rentable à terme. Ce sera aussi le symbole du passage d’une période de conquêtes et d’affrontements à une période de solidarité et d’alliance, tant entre les sociétés qu’entre celles-ci et la nature. Encore faudra-t-il que soient assurées, sous garantie d’instances internationales - de préférence régionales -, les conditions de la sécurité, tant entre pays, que pour les minorités nationales. L’idée de programme mobilisateur n’est pas nouvelle. L’échec qu’ont connu par le passé de semblables programmes suscite à bon droit le scepticisme. Mais on peut aussi dégager de ces échecs quelques règles de mise en oeuvre des programmes augmentant leurs chances de réussite :
Les pays riches auront à apporter une contribution majeure. Parmi les formes de prélèvement de cette contribution, peuvent être envisagées une taxe progressive (mais tenant compte des conditions climatiques) assise sur la consommation d’énergie (ou sur les émissions de CO2), et des taxes mondiales sur les dépenses d’armement par habitant et sur les gains en bourse. 6. Les échéances On peut dégager un triple horizon :
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