Courrier des allié(e)s

A Michael, Eulalia, Laura, Siddharta...
Et à tous ceux qui croient en la poésie comme cri de rage des sans-voix

Non seulement le Sud existe aussi
Mais plutôt ce qui existe est le Sud:
Du Sud vient le changement,
L'énergie, la force.
Où le Nord sème la désolation
Le Sud fait pousser l'espérance.

Le Sud est en train de tout réinventer:
Non seulement valeurs, sens et couleurs
Mais aussi pratiques, méthodes et concepts:
Il a appris du Nord quelques coordonnées
Et leur a insufflé la vie qui réoriente l'esprit.

Vous continuez avec vos schémas vides de vie:
Croyant avoir une vision claire de tout, vous êtes confus,
Hésitants à remettre notre dette
Vous hypothéquez votre futur
Vous continuer à penser que vous nous aidez en tout
Alors que nous vous comblons de vie et de sens.

L'illusion est finie, nous avons perdu le Nord!!
Il n'y a plus de cartes, de vérités, ni de droits.
Il y a des luttes qui cherchent comment vivre dignement,
Des caravanes qui tissent des chemins,
Des valeurs qui émergent de la base
Et de tristes réunions d'experts
Avec leurs spirales itératives décroissantes
Qui nourrissent en retour des frustrations,
Des vacuités parfaites
Et creusent la tombe d'un monde mental agonisant.

Martí Olivella, Bangalore (mars 2000)

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Terre, Terre, nous allons faire le tour de la Terre...

Repère très sûr de serpents et de tigres
Et doux refuge de quelques oiseaux libres
Charmer les reptiles de nos flûtes en mouvement
Prendre dans nos cordes les félins du moment

Dire nos textes fétiches sur les places publiques
Ecouter les conciliabules entre caciques
Ne plus s'en laisser dire par toutes les élites
Dénoncer les complots et susciter des mythes

Exposer sans censure Planète et ses blessures
Faire disparaître les méfaits de sa nature
Que chacun se souvenant sa magnificence
Puisse choisir entre la beauté et l'errance

Jouer de nos instruments le temps d'un mouvement
Dans tous les endroits où se déverse le sang
Susciter, provoquer, au son de nos violons
Un retour d'émotion pour stopper l'effusion

Danser dans les rues, bousculer les malotrus
Dire aux militaires en rut que point on ne tue
Nous servir de la terre, nous élever dans les airs
Changer d'atmosphère pour avoir enfin grand air

Faire des caricatures des êtres immatures
Remplir nos toiles des beautés de la nature
Figer l'homme pressé dans sa ridicule posture
Et aux oiseaux d'altitude donner de l'allure

Comprendre la genèse depuis la nuit des temps
Rencontrer un à un tous les êtres vivants
S'étonner que tous aient le même antécédent
Oh, miracle! Et pourtant, chacun si différent

Nous partons pour un voyage extraordinaire
Voir naître les étoiles aux confins de l'univers
Les mers se remplir et les montagnes se faire
Pour retrouver enfin le chemin de la Terre

Nous éplucherons le grand livre de l'Histoire
Y trouvant la source, le croire et le vouloir
Exigeant haut et fort que justice ne flanche
Marquant les pages de bonheur qui sinon restent blanches

Terre, Terre, nous allons faire le tour de la Terre...

Philippe Guirlet, Les Viés (juillet 1994)

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