Numéro 7 | Décembre 2000 | |||||||||||||
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Le Parlement Mondial des Jeunes 2000 Chers lecteurs, Nous avons souhaité traiter cette fois d'un événement important pour nous, le Parlement Mondial des jeunes 2000 (PMJ 2000) qui s'est tenu à Sydney du 19 au 28 octobre 2000. Cette gigantesque conférence organisée par OXFAM Australie et le Chantier Jeunes de l'Alliance (CJ), a en effet rassemblé plus de 250 participants venus de 150 pays. N'ayant malheureusement pu obtenir mon visa suite au refus de l'ambassade d'Australie à Paris, je n'ai donc pu me rendre à Sydney pour animer mon groupe « jeunes en conflit » et je ne suis donc pas en mesure de vous relater ici ma propre expérience. Cependant, grâce à l'aide du Chantier Jeunes et de l'équipe Dialogues pour le Progrès de l'Homme (DPH) présents au Parlement ainsi qu'à l'aide du site Internet du PMJ 2000, je souhaite vous présenter quelques-unes des impressions recueillies par les membres de ces équipes ainsi que certains témoignages des jeunes qui ont participé à l'événement. Tijana Zivanovic (Yougoslavie) Quel incroyable panel de personnes !
Le Chantier Jeune a été formidable lors de ces périodes de stress que nous avons traversées ensemble. Pas évident pourtant d'animer dix groupes de travail pendant dix jours, d'arriver à équilibrer les différents programmes tout en tenantcompte des différences culturelles. Malgré les tensions, je pense que nous avons tous très bien agi, individuellement comme en groupe. Nous avons appris et grandi tant aux niveaux personnel que professionnel. Nous avons aussi beaucoup appris de l'équipe de DPH et ce fut formidable de partager leurs expériences. La meilleure des choses a été très certainement de travailler en équipe sur un projet commun, celui de permettre aux autres d'agir en tant qu'acteurs pour le bénéfice de leur société dès leur retour. Félicitations au CJ et à DPH. C'est avec impatience que je souhaite m'impliquer dans les différents projets qui vont naître du PMJ 2000 Brett Solomon Le Parlement Mondial des Jeunes 2000 a rassemblé à Sydney du 19 au 28 octobre 2000 plus de 250 jeunes de 150 pays différents. Cet événement a marqué l'aboutissement d'une initiative proposée par Brett Solomon, de l'ONG Community Aid Abroad - Oxfam-Australie et coordinateur régional du Chantier Jeunes pour l'Australie et le Pacifique. Cet événement avait pour principal objectif de faire travailler ses participants sur la recherche de solutions face à trois grands thèmes majeurs : "Rompre le cycle de la pauvreté", "la jeunesse face aux conflits" et "l'activisme culturel". Le Parlement s'était également donné pour objectif d'offrir la possibilité aux jeunes participants d'acquérir de nouvelles compétences, de créer des liens et de développer des stratégies individuelles et collectives concrètes afin de répondre aux problèmes qu'ils ont identifiés. Chaque participant a effectivement développé un projet individuel afin qu'il puisse être mis à exécution dès son retour. De plus, les participants ont travaillé collectivement afin d'identifier des problématiques communes et ont élaboré des propositions pour y répondre. Les projets proposés sont très divers : projet spécifique pour la promotion des emplois « verts », projet de lobbying auprès des compagnies aériennes afin qu'elles diffusent pendant le vol des vidéos sensibilisant leurs passagers à la culture des pays de destination, projet de campagne pour le soutien de la Convention de l'ONU sur les Droits des Enfants. Le Parlement fut également une occasion extraordinaire pour les jeunes de se connaître et de découvrir d'autres cultures. De grands moments d'émotions mêlés de curiosité et d'émerveillement se sont produits lors des sessions "partagez vos cultures". Le PMJ a aussi donné l'opportunité de créer de nombreux liens d'amitiés et de partenariats entre les participants. Dès le début, le Chantier Jeunes s'est fortement impliqué dans le PMJ grâce aux efforts et contributions de toute l'équipe du CJ qui a travaillé à l'identification des délégués potentiels, à la recherche de financement, à la préparation des programmes de travail et de la méthodologie. 15 coordinateurs du Chantier Jeunes ont participé au Parlement constituant la majorité de l'équipe d'animation des groupes de travail du PMJ. L'équipe des « papillons » DPH a rempli quant à elle, un rôle primordial de capitalisation d'expériences recueillies auprès d'un grand nombre de délégués.
Pour chacun d'entre nous, le Parlement a représenté une source de grande satisfaction et une formidable opportunité de recueillir une variété incroyable d'expériences. Cependant, le PMJ a été ressenti par certains comme une expérience difficile quant à l'approche des différences culturelles et sur le plan de l'organisation et du déroulement général de l'événement. Le Parlement a inévitablement rencontré certains problèmes essentiellement liés aux conditions de travail parfois difficiles, à une organisation complexe et pas toujours claire. Tout ceci souligne l'importance d'une communication efficace entre les différents organisateurs. Sachant également que l'Alliance et le Chantier Jeunes ont une organisation et une approche non institutionnelles, il est apparu complexe de définir notre rôle et nous avons ainsi été plutôt identifiés comme des sponsors et non comme membres à part entière dans l'organisation du PMJ. Nous sommes néanmoins confiants sur le travail que nous menons au sein du Chantier Jeunes. Nous avons su créer ces dernières années un outil approprié aux transformations sociales. Nous espérons aujourd'hui nous rapprocher d'autres coordinateurs de l'Alliance afin de partager avec eux cette incroyable source de contacts et d'expériences que nous avons développée et capitalisée jusqu'à aujourd'hui. Dudu Rombauer (Brésil) et Veronique Rioufol (France) * Pour plus d'informations sur le PMJ 2000, voir www.caa.org.au/parliament. Ignatius reconnaît que le Parlement Mondial des jeunes 2000 a représenté une expérience unique et il espère aujourd'hui présenter à son gouvernement des nouvelles propositions. « Je n'avais jamais participé à une telle conférence au cours de laquelle il a été possible d'échanger des expériences venant de jeunes du premier et du tiers monde et aux parcours très différents. Mon message est qu'il nous faut dépasser les mots et réussir à élaborer de réels projets afin d'influer sur nos gouvernements. Mais plus que tout, nous les jeunes de ce monde devons faire clairement entendre que la guerre est la forme la plus primitive de résolution des conflits qui soit ». Tamara poursuit : « Si vous n'êtes pas éduqué, vous ne savez pas comment votre enfant sera. J'aimerais changer la législation, pour que les parents soient éduqués et qu'une information leur soit donnée sur l'infirmité avant qu'ils ne prennent une décision. Il faut les faire rencontrer des gens qui souffrent de la même infirmité. La meilleure façon d'éduquer les gens est de leur parler vous-même et leur expliquer la façon dont vous souhaitez qu'ils vous traitent. J'ai une voix et un esprit pour m'exprimer et exposer le problème. Je sens que c'est mon devoir. » La technologie a ouvert beaucoup de portes à Tamara et lui a permis de surmonter de nombreux problèmes. Tamara a excellé au niveau académique, et le chemin de sa réussite a commencé avec une machine à écrire. C'était pour elle une porte ouverte sur une vie normale. Son écriture était illisible et elle écrivait très doucement. A l'école spécialisée, on lui a appris à taper puis à utiliser le courrier électronique. Obsédée par l'idée de posséder un ordinateur portable, elle commença alors à écrire à différentes entreprises en racontant son histoire et l'usage qu'elle pourrait faire d'un ordinateur. Elle reçut une réponse positive de Compaq. Elle pouvait enfin s'asseoir dans le salon pour jouer ou écrire sur son ordinateur. Elle n'était plus isolée. « L'ordinateur : c'est mes mains et mes pieds pour communiquer avec le monde extérieur. Si cette technologie n'existait pas, je ne serais pas en mesure d'aller à l'école et donc de m'éduquer. J'aimerais que tous ceux qui souffrent comme moi d'infirmité puissent avoir l'opportunité d'avoir accès à un ordinateur et au multimédia » dit Tamara. Dans sa communauté de Palm Island, le plus grand problème reste l'instabilité que provoque un taux de chômage qui s'élève à 88%. Cette situation est à l'origine de nombreux autres problèmes sociaux comme les défaillances sanitaires et un taux de criminalité élevé. Mais le développement économique aurait un effet positif sur les comportements de la communauté et donc sur l'environnement social. Il est venu au Parlement des jeunes 2000 pour discuter d'un projet de l'Organisation Mondiale de la Santé, de son potentiel et de son impact possible sur la pauvreté indigène. C'était aussi l'occasion de rencontrer un éventail important de jeunes activistes et d'échanger des idées avec eux. « En tant que jeunes nous sommes plus proches des solutions » dit Robert. « Il est temps pour le monde d'écouter la voix des jeunes ». La défense de l'environnement n'est pas une chose simple dans un pays où la plupart des gens se battent déjà pour leur propre survie. L'environnement n'est pas la première priorité pour la majorité des gens ; la prise de conscience est donc limitée. C'est pour cela qu'au Parlement Mondial des jeunes 2000, Dhruv a souhaité concentrer son énergie sur le thème « Rompre le cycle de la pauvreté ». Il croit que l'éducation représente la clé pour une meilleure qualité de vie. L'Inde, dit-il, est un pays qui souffre d'une extrême pauvreté. Beaucoup de gens sont désespérément pris dans ce cycle infernal, aggravé par l'explosion démographique. « Le plus grand problème de l'Inde est l'illettrisme qui est à la source de nombreux autres problèmes. Dhruv pense que le Parlement des jeunes 2000 lui donnera l'opportunité de construire un réseau dédié au soutien des jeunes activistes. La chose la plus importante réside dans le travail en équipe et de savoir qu'il y a toujours des gens prêts à vous aider. Si tous les jeunes de ce monde réunissent leurs efforts vers un même objectif, celui de sauver notre planète, nous aurions comme résultat une renaissance globale » dit Dhruv.
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