Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, ma première contribution à l’historique

Précision

Ce qui suit est mon apport à l’historique de l’Alliance vécu essentiellement comme animatrice du Chantier Jeunes. Ce point de vue donc, sera certainement insuffisant vue l’ampleur des initiatives prises et réalisées pour construire ce qu’est l’Alliance aujourd’hui.

Il est très important de considérer que l’Alliance est une suite d’évènements grands et petits, de rencontres de village et à l’échelle internationale et que l’âme d’un processus comme celui-ci se nourrit de tous ces " détails " qui font de nous et de notre démarche, un processus important et différent.

L’Alliance a seulement neuf ans, mais déjà héritière d’une longue histoire riche de diversité de réflexions, de visions, de savoir faire… il est important d’écrire un historique maintenant pour ceux qui vont être présents aux rencontres continentales et à l’Assemblée Mondiale. Mais je pense qu’il sera encore plus intéressant de le faire après l’Assemblée de Lille. Ceci serait sous forme aussi bien d’un historique personnel mais aussi et surtout un point d’évaluation sur les années passées à construire un mouvement social, humain et international porteur de changement dans les sociétés d’aujourd’hui et de demain.

L’Alliance est bien évidemment vue et vécue différemment selon notre position géographique, culturelle, professionnelle et selon notre sensibilité à cette démarche citoyenne et mondiale.
Tout au long de mon parcours, j’ai eu la chance de pouvoir faire alliance depuis trois endroits géographiquement et culturellement différents.

Le Chantier Jeunes initialement était connu sous le nom de " collège d’étudiants et jeunes professionnels ", par la suite devenu " collège des jeunes. Nous avons opté pour la dénomination Chantier Jeunes en 1997 déjà car la notion de collège assez francophone dans sa compréhension, n’a pu trouver écho dans les pays anglophones. Le fait d’introduire le collège en tant que tel me demandait, la plupart du temps, une longue explication afin de faire comprendre le sens de cet intitulé. Tout au long du texte qui suit, vous noterez plus l’utilisation de la dénomination " Chantier Jeunes " que collège et ce, pour faciliter la lecture.

Depuis l’Algérie de 1992 à 1994

C’était un grand moment de déchirement car l’Algérie faisait face à des menaces mortelles aussi bien par l’existence d’un pouvoir militaire en force que par la montée du terrorisme islamiste qui avait déjà compté plusieurs massacres de citoyens.
Entre ces deux forces tirant les unes sur les autres se trouvait un peuple, des jeunes, des femmes, des hommes, des enfants, des vieux récoltant encore une fois les balles et les foudres de la colère.
C’était aussi le moment pour nous en tant que jeunes, de relever le défi… défi de la victoire des forces de la vie contre celles de la mort !
Une de ces forces de vie était celle d’aller à la rencontre de l’autre voire même de soi même en acceptant d’organiser une rencontre de jeunes en Algérie afin de discuter de paix, de développement, d’amitié, de confiance … et surtout d’avenir.

1992 : Rencontre de Toulouse. Nous n’avons jamais répertorié cette rencontre dans la démarche de l’Alliance, mais selon moi, cette rencontre avec celle d’Oran en Algérie en 1993 ont été aussi des démarches préparatoires à la dynamique de l’Alliance.
La rencontre de Toulouse a réunit plus de 350 participants afin de rédiger ensembles la convention étudiante sur la responsabilité des technologies dans les déséquilibres écologiques. Cette convention a été envoyée au Sommet de la Terre qui a eu lieu à Rio en juin 92.

En 1992 aussi, j’ai eu le premier contact avec l’Alliance en gestation et ce, dans le cadre de la rencontre organisée par le groupe de Vézelay au Caire en Egypte. Rencontre qui a regroupé d’imminentes personnalités du Monde Arabe (chercheurs, écrivains, hommes politiques, militants etc.) afin d’identifier les défis à relever dans cette région du monde et pour commencer à tracer les perspectives pour l’avenir. Cette réunion se place dans " les douze travaux de Vézelay ".

1993 : Comme suite à la rencontre de Toulouse, la rencontre d’Oran s’est axée sur les questions reliées à l’environnement. Cette rencontre a consolidé les liens tissés lors de la réunion de Toulouse et nous avons ensembles, bâti un réseau international d’étudiants et de jeunes professionnels, le REMED (Réseau d’Echanges Multidisciplinaire pour l’Environnement et le Développement). Deux représentantes de cette réunion et de ce réseau ont été désignées pour participer à la réunion des Vaux de Cernay qui a donné naissance à la plate forme.

Ces deux réunions ont donné naissance à l’AREA-ED (Association de Réflexion, d’Echange et d’Action pour l’Environnement et le Développement), aujourd’hui, partenaire maghrébin de l’Alliance et à d’autres dynamiques régionales à travers le monde.

Depuis la France de 1994 à 1998

1995 : L’idée d’intégrer le REMED dans la dynamique de l’Alliance était née à ce moment là. En plus des contacts et correspondants existants du REMED, j’ai commencé à élargir le réseau à d’autres milieux et d’autres régions dans le monde afin d’avoir une vision le plus globale possible de la position et la contribution des jeunes dans la construction de la société civile et de la vision de demain.

En 1995 également, nous avons eu la première rencontre des signataires européens de la plate forme pour un monde responsable et solidaire. Rencontre initiée par la FPH et organisée par Philippe Guirlet.

1996 : Dans cette démarche de prise de contact, nous nous sommes rendu compte que c’était toujours les mêmes personnes, " élites des associations " qui revenaient sur la scène dès que nous commencions à chercher des partenaires pour un projet de rencontre ou autres. Dans la perspective de donner l’opportunité à d’autres acteurs de la société de participer à une démarche citoyenne et mondiale, j’ai effectué un voyage de deux mois en Afrique. J’ai pu donc rencontrer plusieurs personnalités au Sénégal, au Bénin, au Togo, au Gabon, au Cameroun et au Kenya. Ce voyage ne s’inscrivait pas seulement dans le cadre du Chantier Jeunes mais aussi dans la dynamique globale de l’Alliance. En effet, lors de ce voyage, j’ai pu rencontrer aussi bien des jeunes, associations de jeunes que des journalistes, autorités publiques, paysans, pêcheurs, artistes, personnalités des gouvernements en place etc. A chaque passage, une couverture médiatique locale ou régionale était assurée ce qui a permis une large diffusion du processus de l’Alliance dans ces pays.

1997 : La même démarche de recherche de partenaires, d’identification de mouvements locaux, j’ai effectué aussi un voyage dans la région Asie-Pacifique en traversant l’Inde, la Thaillande, l’Australie, la Chine, Macao et Hong Kong. Là également plusieurs partenaires ont été identifiés, mais cette fois ci beaucoup plus au bénéfice du Chantier Jeunes notamment et très peu dans le cadre général de la dynamique de l’Alliance.

Durant la même année, la Fondation Macao et la FPH ont organisé une rencontre qui a eu lieu à Macao et a regroupé des intellectuels, philosophes, étudiants, journalistes chinois afin de donner leur point de vue sur la plate forme ainsi que sur la démarche de l’Alliance. Une critique assez sévère a été donnée par les intellectuels chinois en accusant la plate forme de porter une vision occidentale de l’avenir de la planète. Je pense que des efforts de dialogue et d’échanges ont permis de faire accepter la richesse de la complémentarité et non la négative rivalité des visions.

1997 : Cinq rencontres locales/régionales ont accompagné l’Assemblée de l’Alliance qui a eu lieu à Bertioga (Brésil), l’une de ces réunions a eu lieu à Alger en Algérie et qui a particulièrement concentré ses réflexions sur la contribution de la société civile dans la construction de la paix en Algérie.

Depuis l’Inde de 1998 à 2001

Période où l’essentiel de mes activités était dirigé vers l’orientation et le renforcement du réseau des jeunes et ce, contrairement aux autres années où j’étais impliquée, en plus du travail du Chantier Jeunes, dans d’autres activités du processus global de l’Alliance.

1998 : Rencontre du Chantier Jeunes à Manali qui nous a permis de mettre en place une équipe internationale de coordination. Le principe est de demander à chaque représentant de travailler spécifiquement sur les sujets importants et prioritaires concernant les jeunes dans sa région. A cette rencontre une équipe de 20 coordinateurs représentants le monde entier est né.

1998/1999 : une des suites de la rencontre de Bertioga en 1997 consiste à faire un travail sur l’organisation de l’Alliance. En septembre 1999, il y a eu la rencontre de l’Equipe Internationale de Facilitation à Barcelone en Espagne.

1999 : Première rencontre de mise en place de l’Equipe Asiatique de Facilitation à Dehra Dun en Inde pour l’organisation de la rencontre des jeunes en Asie.

1999 : Première rencontre dans le monde arabe. Un travail de réflexion sur l’impact de la dynamique de l’Alliance dans cette région du monde a été effectué lors d’une rencontre à Beyrouth au Liban sur l’initiative du Conseil Culturel du Liban Sud.

2000 : Rencontre de l’équipe internationale du Chantier Jeunes à Ouarzazate au Maroc. Rencontre méthodologique qui a permis un plus grand renforcement des liens entre les coordinateurs et un échange sur leurs responsabilités régionales. C’était aussi l’occasion de discuter des préparatifs pour le Parlement International des jeunes qui allait se tenir la même année.

2000 : Parlement international des Jeunes qui a regroupé près de 350 participants du monde entier dans la perspective de tracer des plans d’action individuels quant à la résolution des problèmes vécus par les jeunes. Ce parlement a été le fruit des efforts du Chantier Jeunes et d’OXFAM en Australie.

Aujourd’hui le Chantier Jeunes comme beaucoup de chantiers de l’Alliance se prépare pour les différents événements prévus dans le cadre du processus 2001. Trois axes importants en cours par l’équipe du Chantier jeunes : 1) préparation et mise en forme des cahiers de propositions 2) préparation collective du Chantier Jeunes pour sa participation en tant qu’entité sociale à l’Assemblée Mondiale qui se tiendra en décembre 2001 à Lille. 3) Réflexions sur la perspective à venir du réseau international des jeunes.

Et " in chaa Allah ", la semaine prochaine du 3 au 10 juin, se tiendra la rencontre des jeunes en Asie qui est la résultante des trois voies de l’Alliance : géo-culturelle, socioprofessionnelle et collégiale.