Numéro 1 | Septembre 1998 | |||||||||||||||||||||||
Sommaire
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Artistes en Alliance Il y un an, mon ami Siddhartha de Bangalore m'a téléphoné après une longue période sans nouvelles, me demandant si je pouvais le rencontrer avec Nadia, une de ses amies algérienne. Le lendemain, dans un lieu de rencontre connu des écrivain(e)s et des artistes, tous trois avons passé la soirée à partager des histoires et des bières. Entre les récitations de poèmes et quelques pièces de musique, j'ai entendu parler d'une alliance qui travaillait tout tranquillement à rendre le monde un endroit meilleur pour vivre. Ils m'ont donné des documents à lire, pour ajouter a ce que j'avais pu apprendre d'eux. J'ai dit que je les lirais et que j'en donnerais mes appréciations le lendemain. Le lendemain matin, j'ai pris un café avec Nadia et elle m'a parlé davantage de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire. Elle était si enthousiaste, si énergique et pleine d'espoir, qu'il m'a semblé qu'elle était l'incarnation même des idéaux de l'organisation dont elle me parlait. Elle m'a demandé si cela m'intéresserait de participer à une conférence qui allait bientôt avoir lieu au Brésil. En réponse, je lui ai donné une copie de mes deux cassettes de musique, lui demandant d'écouter mes chansons et de me dire franchement ce qu'elle en pensait - si en écoutant mes chansons elle avait l'impression que je devrais participer à la conférence. Je lui ai promis que dans l'affirmative j'écrirais une chanson pour l'Alliance. Le soir même, j'ai relu les documents sur l'Alliance, avec un intérêt plus vif cette fois-ci. Après cette deuxième lecture, je savais déjà que j'allais écrire une chanson pour exprimer la vision de l'Alliance. Une phrase m'est venue tout de suite à l'esprit: " Il y a un monde nouveau qui se construit ". J'ai pensé que cela ferait une belle première phrase pour une chanson. Mais, pendant deux longs mois, j'ai eu beau retourner sans cesse cette phrase dans ma tête, je ne trouvais pas la phrase suivante. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Pourquoi ne pouvais-je point avancer plus loin? Un soir où je n'arrivais pas à dormir, la réponse m'est venue. Mon obstacle, c'était le terme 'nouveau monde'. Cela m'apportait des images des années 'sombres' aux Philippines. C'était les années de la loi martiale, quand le dictateur construisait la soi-disante 'société nouvelle'. Je me suis rendu compte que depuis ce temps-la, j'associais le mot 'nouveau' avec 'société nouvelle', qui était de fait une société de brutalité et de répression. En même temps, je trouvais le mot 'monde' trop intimidant, trop abstrait, trop loin. C'était quelque chose que je n'arrivais même pas a visualiser. C'est pour cela que j'ai opté pour le mot 'village'. C'est plus concret, plus tangible, plus facile à imaginer et donc, plus facile à réaliser. Et c'est modeste. C'est l'unité socio-politique de base. Chaque personne - je dirais même chaque être vivant - vient d'un village, d'une façon ou d'une autre. En plus, le mot 'village' implique le sol, la terre. Même lorsqu'on se laisse rêver, on doit garder les pieds bien ancrés sur terre. Dès que j'ai pensé à ce mot, je me suis levé, j'ai pris mon crayon et une feuille de papier et j'ai laissé la chanson s'écrire toute seule. On dit que chaque personne est un ami en devenir. La chanson fut le résultat d'une promesse faite à une amie que j'ai eu le bonheur de rencontrer. Jess Santiago Le Village Il est un village en train d'éclore Il est un village en train d'éclore Il est un village en train d'éclore Il est un village en train d'éclore Il est un village en train d'éclore Rêvons... Jesus Manuel Santiago Il est né de parents pauvres, dans le village d'Obando, situé a 17 km au nord de Manille. Il a grandi parmi les pêcheurs et les fermiers, en vendant des bananes, des bonbons, des jouets en forme d'araignée, des bandes dessinées et des journaux, afin de pouvoir payer son éducation à l'école publique. Plus tard, lorsqu'il est devenu étudiant au collège, il a travaillé comme comptable, comme concierge, comme laveur de vaisselle et comme commis dans de petites entreprises. C'est de cette variété d'expériences qu'il s'est inspiré plus tard dans ses poèmes et ses chansons. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et des anthologies aux niveaux national et international. Il a été nommé 'poète de l'année' deux années de suite (1978-79), par le Institute of Philippine Languages. Il a traduit plusieurs oeuvres majeures en philippin: " Journal d'un fou " de Lu Hsun, " Mort d'un commis voyageur" de Arthur Miller et " Le vieil homme et la mer " de Ernest Hemingway. Il a également traduit des poèmes et des chansons de quelques écrivains latinos, africains et asiatiques. En tant que chanteur-compositeur, il a produit deux albums de chansons: Halina (1991) et Obando (1993). Il a recu le prix 'Mère patrie' de l'Université polytechnique des Philippines, en reconnaissance de son rôle comme acteur principal dans le mouvement de la musique populaire des Philippines. De 1983 en 1989 il a agi comme coordinateur du Programme Asian Cultural Forum on Development (ACFOD). Il a organisé et animé la Asia-Pacific Regional Consultation on People's Culture (1986 et 1988). Aujourd'hui, il est l'agent international de PANULAT (Union Nationale des Ecrivain(e)s des Philippines). |