Numéro 1 | Septembre 1998 | ||
Sommaire
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L'Alliance en Mouvement En décembre 1997, l'Alliance a pris à Sao Paulo (Brésil) un tournant décisif dans sa jeune histoire. Durant une semaine, 125 personnes de toutes origines géographiques et sociales - reflétant l'infinie diversité de l'Humanité - ont vécu le prototype d'une 'Assemblée des citoyens de la Terre'. Dans le même temps, des rencontres étaient organisées sur d'autres continents à Bangalore (Inde du Sud), Barcelone (Espagne/Catalogne), Kigali (Rwanda), Roubaix (Nord de la France), Tolga (Norvège) et Zéralda (Algérie), qui toutes étaient reliées par internet et d'autres moyens de communications. Manola Rauss a produit un Dossier Mémoire de ces rencontres dont des extraits sont reproduits ici. Rencontre de Bertioga (Sao Paulo, Brésil) Qu'attendions-nous de cette Rencontre de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire? Pour quelle raison l'organiser au Brésil ? L'événement devait permettre d'apporter des éléments pour l'élaboration d'une proposition d'Assemblée de Citoyens de la Terre en l'an 2000, et d'avancer dans la dynamique de construction du réseau - objectifs qui avaient été décidés préalablement à Barcelone. Pour nous cela signifiait que nous devions chercher à concrétiser les liens entre acteurs sociaux, chantiers et réseaux, définir des stratégies d'action qui révéleraient la spécificité et l'originalité de l'Alliance. Tout cela permettant une large visibilité publique. Notre effort, en tant que Groupe de Sao Paulo, fut de chercher à associer les acteurs sociaux brésiliens qui s'expriment dans les différents domaines clés: sciences, arts, questions économiques, politiques, sociales, raciales, ethniques, culturelles, environnementales et des relations hommes-femmes. L'intention était de valoriser les espaces déjà existants de construction de la solidarité - ne pas réinventer l'eau chaude ! De donner plus de visibilité à l'Alliance à partir d'acteurs concrets et non d'une proposition abstraite. L'invitation à intégrer le réseau passait également par une réflexion collective à partir de ce que nous possédons déjà comme expériences et capitalisations dans divers domaines; réflexion aussi sur les stratégies pour affirmer ce que peut être la solidarité dans une vision renouvelée de l'internationalisation. D'autre part, nous savions que les mouvements socio-culturels évoluent généralement de façon corporatiste et les convoquer à intégrer un processus d'articulation local/global était une occasion de dépasser cette tendance naturelle au cloisonnement. Le Brésil - un continent - par l'importance de sa place politique dans le monde, par sa diversité culturelle et sa créativité artistique, par le fait qu'il dispose de la plus grande richesse en biodiversité de la planète, par ses innombrables expériences innovantes de citoyenneté et de formes de gouvernances démocratiques et par l'amplitude des mouvements de solidarité - se présentait comme le lieu adéquat pour la tenue de cette Rencontre de l'Alliance. Il est nécessaire de comprendre que l'Assemblée 97 n'a pas été un événement conventionnel. Au contraire elle a été un processus complexe qui articule de multiples actions, qui s'est créé par lui-même. Ce processus allait de la sensibilisation des acteurs brésiliens, près de quarante, ayant une légitimité et une reconnaissance nationale et internationale, jusqu'à son expression publique, réalisation d'un prototype d'Assemblée de Citoyens et Citoyennes de la Terre en l'an 2000 de mille personnes - la célébration de nuit du Sesc Pompeia. De plus, des produits solidaires, des oeuvres d'art et de la musique, qui expriment la diversité de notre culture, ont pu être présentés à un large public au "Sesc Pompeia", ancienne usine, devenue aujourd'hui un superbe centre culturel. Un autre aspect à relever a été la présence de l'Alliance dans les médias brésiliens, qui a permis d'en communiquer l'image à des millions de personnes dans le pays. La relation avec les Brésiliens nous a replacé dans "le lieu d'où nous parlons" - le mouvement noir affirme, très justement, qu'il n'est pas possible de "barrer" l'histoire, de nier les réflexes discriminatoires de la colonisation. Les leaders indigènes montrent avec force la nécessité de recueillir et de tenir compte de l'héritage culturel pour la construction d'un modèle humaniste. Les femmes mettent l'accent sur la nécessité d'équilibrer la production et la reproduction de la vie, cette dernière étant toujours laissée à la charge des femmes. Les scientifiques insistent sur le bien-fondé d'un dialogue avec d'autres savoirs et d'autres connaissances, au-delà des frontières universitaires. Les artistes parlent de changer le monde par le langage poétique, et de comprendre la vie comme une ouvre d'art. Il fut impressionnant et révélateur de percevoir la force de la spiritualité de nombreux agents de changement, tournés vers la construction d'un monde de paix, plus généreux et plus humain. La complexité de ce processus nous a montré également que malgré la richesse qui nous unit, nous avons des oeillères qui nous séparent du fait du manque presque total d'interculturalité entre les divers mouvements et expériences solidaires. En ce sens, l'exercice du dialogue avec des entités aux profils divers, tout au long de l'organisation de l'événement, fut un défi et un élément de croissance. Le Groupe de Sao Paulo - formé par le Sesc Sao Paulo, l'Instituto Polis, le Cives, la Rede Mulher de Educaçao, Imagens, l'Instituto Ecoar para a Cidadania, le Crescente Fertil et Rolle Playing - responsables de la coordination de l'événement, n'a pas seulement produit la Rencontre 97; il a surtout permis de vivre un riche processus d'interpellation mutuelle. Tout le processus décrit, et pas toujours articulé avec harmonie, font de la Rencontre 97 un moment à part dans l'histoire de l'Alliance et ouvre un chemin original dans la construction d'un monde responsable et solidaire. L'un des principaux fruits de la rencontre a été le dialogue sur les diversités et sur les initiatives déjà prises. Autre capacité à concrétiser les résultats de ces échanges est ce qui permettra d'évaluer l'amplitude et l'impact de ce moment. Tout ce processus a apporté une richesse méthodologique considérable, dans la diversité. Comment unir sous le même drapeau des expériences culturelles si diverses, en respectant leurs contextes propres dans différents pays du monde? Comment faire se rencontrer les nomades de l'Himalaya et les intellectuels français? Comment mettre en rapport les casseurs de noix de coco du Tocantins, en Amazonie brésilienne, avec les moines bouddhistes d'Asie ou avec les allié(e)s chinois? Ce défi, d'une manière ou d'une autre a été affronté pendant la Rencontre; il reste un chemin à parcourir dans l'élaboration collective d'un Plan et d'un programme d'actions en vue de l'an 2000 et de la préparation de l'Assemblée du passage du millénaire. La communication à distance a consolidé une méthodologie singulière en permettant la réalisation d'un premier essai, en 1997, d'une 'Assemblée de la Terre', en reliant les six rencontres continentales, dans un effort d'établir un dialogue qui permette un échange de propositions entre les participants. Mais, le principal défi qui s'est posé à Sao Paulo, demeure encore: approfondir le voyage au sein de la diversité, en développant des actions locales/globales face aux déséquilibres planétaires. Travailler avec la diversité et construire de nouvelles formes d'être et de vivre ne signifie pas seulement d'engager des luttes sectorielles ou même collectives pendant certaines périodes. C'est s'approcher de nos désirs, rêves, mythes, traditions, pratiques, expériences pour redéfinir des valeurs et des stratégies, en cherchant à réaliser une pleine humanité, et en permettant une fraternisation au sein de la condition humaine à partir des différences. Ce sont les richesses de l'Alliance! Groupe de São Paulo Rencontre de Zéralda (Algérie) La rencontre de Zéralda (29 novembre - 4 décembre 1997) qui s'inscrit dans l'ensemble des rencontres internationales de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire avait un double intérêt: d'une part participer avec l'ensemble des autres rencontres prévues au même moment dans différentes régions du monde et, d'autre part, évaluer concrètement le degré de notre implication dans le développement de l'Alliance au Maghreb. La rencontre de Zéralda aura ainsi permis de donner une 'visibilité' à un processus engagé il y a un peu plus d'une année par le chantier géoculturel maghrébin. La diversité des participants a été une source de richesse et a ouvert de nombreuses pistes au débat. Nous avons retrouvé les mêmes préoccupations et une grande motivation à agir et changer les choses. Mais à côté de ce foisonnement d'énergie, chacun soulignait son manque de capacité d'action. Dans les récits des uns et des autres, ressortait souvent cette difficulté à dépasser le discours, et à le traduire en actes. Aux initiatives individuelles souvent ignorées et isolées, la rencontre de Zéralda a ouvert de nouvelles perspectives: organiser notre action dans une démarche collective de solidarité et de partage. Le débat s'est souvent consacré à des préoccupations locales, mais il a rarement occulté la dimension globale. Quelque part, chacun prenait conscience de la signification profonde de la mondialisation, et de ces implications positives ou négatives sur notre devenir. La rencontre s'est construite autour de deux thèmes : 1. Le thème Valeurs et Connaissances : Abderahmane Moussaoui, animateur de cet atelier avec Mohamed Benguerna, a introduit le débat par une présentation de la gestion de l'eau dans le Touât (région du sahara). Cet exemple illustré par la foggara (technique traditionnelle d'exploitation et de gestion des eaux souterraines) a permis de soulever les questions sur les savoirs populaires et les connaissances scientifiques, sur les organisations sociales, leur capacité d'innovation et de résistance et les valeurs de solidarité. La modernisation de nos sociétés pose le problème de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine. 2. Le thème Humanité et Biosphère : Ismaïl Selim Khaznadar, animateur de cet atelier avec Abdelhafidh Hamdi Cherif et Daho Djerbal, a introduit le débat à partir d'une présentation du principe de responsabilité. Ce thème a interpellé chacun et donné suite à de nombreux questionnements. Ce concept dans cette forme d'approche est nouveau chez nous. L'ensemble des travaux de la rencontre a permis de dégager trois constats : Constat 1 : L'Algérie est riche d'un patrimoine culturel : chant et poésie, artisanat et art, histoire et archéologie, etc. Les témoins se perdent, les traces disparaissent et les mémoires s'effacent. Des pans entiers de notre identité disparaissent à jamais. Nos sociétés ont besoin de ces repères pour vivre le présent et construire leur futur. Constat 2 : Les politiques de " développement " ont négligé et altéré dangereusement les ressources naturelles notamment la biodiversité, l'eau et les sols. Les savoirs, connaissances et pratiques populaires d'exploitations traditionnelles et innovantes sont souvent écartés par une vision et une approche " technicistes " dont la réussite reste à prouver. Le cas le plus dramatique se manifeste dans le phénomène de désertification qui, chaque année stérilise des milliers d'hectares de terres. Constat 3 : A travers sa composante jeune et féminine, la société détient un fort potentiel d'énergie pour amorcer les changements nécessaires et rétablir les équilibres rompus. Ces énergies restent marginales et ne trouvent pas l'ancrage nécessaire à leur projet. Face au vide et à l'indifférence, elles choisissent l'évasion. Partant de ces constats, les participants ont émis une série de propositions sous la forme de deux projets provisoirement intitulés : " réseau d'inititives jeunes ", et " réseau d'études et de valorisation des patrimoines ". [voir les articles dans Paroles d'allié(e)s] Groupe d'Alger Rencontre de Kigali (Rwanda) Du 30 Novembre au 3 Décembre 1997 s'est tenue au Centre International Martin Luther King à Kigali une rencontre des alliés africains de l'Ouest, du Centre, de l'Est et du Sud. En articulation avec les autres rencontres, quatre objectifs ont été retenus à Kigali
Les discussions ont tout d'abord porté sur le thème Gouvernance et Citoyenneté à partir d'une question fondamentale, celle de savoir quel contenu mettre dans le terme " démocratie " et comment l'appliquer dans une société africaine moderne. Puis nous avons abordé le thème Economie et Société sous l'angle de la paysannerie et la sécurite alimentaire. Visiblement, tous les alliés participants étaient très satisfaits de cette occasion qui leur a été offerte pour mieux se connaître et développer des complicités. De nouveaux enjeux, engagements et échéances ont été pris avec le souci de mettre en place un dispositif de suivi mutuel. Les travaux de la rencontre, qui avaient commencé par la visite d'une exposition sur Martin Luther King et Nelson Mandela, ont été marqués par une Visite à Ntarama où environ 5000 personnes ont été assassinées dans une petite église au cours du génocide de 1994. Il faudrait vraiment que les chefs d'état et les autorités politiques qui sont obnubilés par l'exercice du pouvoir et préfèrent sacrifier des vies humaines pour se maintenir dans les arènes du pouvoir aillent visiter des sites comme celui-là pour changer de comportement et prôner la paix. C'est un message de paix qui a été envoyé aux autres rencontres lors de la dernière journée à l'occasion d'un spectacle donné par les tambouriniers du Burundi. La vigueur et la vivacité de leur musique n'a laissé personne indifférent. Groupe de Kigali Rencontre de Roubaix (France) L'intérêt pour la rencontre de Sao Paulo a conduit à faire l'expérience de décembre 1997 en participant, de façon active par l'intermédiaire d'Intemet aux débats de Sao Paulo. Il a été proposé au groupe francophone de Belgique de s'y associer. Les installations du Centre International de la Communication de Roubaix ont été utilisées. Notre région compte 4 millions d'habitants. Elle est très marquée par l'industrie et par les transformations économiques depuis trente ans. Elle a vécu de douloureuses mutations, connaît encore un chomage important mais manifeste une étonnante créativité dans de nombreux domaines. Nous avons travaillé sur cinq thèmes :
Après un travail préalable sur les documents préparatoires à la rencontre de Sao Paulo, le groupe s'est réuni tous les matins du 2 au 6 décembre 1997 en petits groupes de 4 à 10 personnes pour lire et discuter les messages reçus la veille. Il a donc pu adresser, avant la rencontre proprement dite de Sao Paulo, ses réactions et ses messages. Ce travail de chaque jour a été alimenté par une grande rencontre qui s'est déroulée le 2 décembre en fin de journée. Cinquante participants ont préparé des messages par un travail de groupe, validés ensuite en assemblée générale. Ces messages ont porté :
C'est maintenant autour du thème du développement durable et solidaire que se poursuit l'action du groupe régional de Lille (G.R.L.). Celle-ci devrait s'enrichir de la réflexion collective de l'Alliance grâce à des liens effectifs avec les allié(e)s d'autres régions. Ainsi se développera la visibilité de l'Alliance, donnant corps à un processus qui puisse vaincre le sentiment d'impuissance. Groupe de Lille Rencontre de Bangalore (Inde) Du 3 au 6 décembre 1997, 40 participants, venus principalement d'Asie mais également d'autres régions du monde, se sont réunis à Bangalore pour participer à l'Assemblée 97 de l'Alliance. C'était une occasion historique pour nous en Asie, de nous relier à ce mouvement d'espoir qui apportera sa petite contribution pour rendre le XXIème siècle plus humain et plus vivable. Mahatma Gandhi a, par le passé, utilisé une métaphore intéressante pour décrire sa position culturelle. Il a parlé de construire une maison sur des bases solides, enracinée dans la terre, dont les fenêtres grandes ouvertes laisseraient les vents souffler librement dans tous les sens: " Je veux que les vents de toutes les directions soufflent à travers ma maison mais je refuse d'être balayé par n'importe lequel d'entre eux ". Ici en Asie du Sud, nous avons célébré le cinquantième anniversaire de notre indépendance. Et Mahatma Gandhi a été un des personnages dont la vie et la pensée ont souvent été remémorées à cette ocassion. Lors de la rencontre de Bangalore, la vie et la pensée de Gandhi sont devenues un point crucial pour discuter de l'impact de la globalisation sur les peuples du monde en général, et en Asie en particulier. Elles nous ont également aidé à explorer les ressources culturelles et spirituelles de notre continent, riche et divers, qui pourraient former les bases pour combattre l'étau de la globalisation. Maintenant, après 50 ans, nous nous trouvons confrontés à une déshumanisation d'un autre genre: le bulldozer homogénéisant de la globalisation. Nous sommes soutenus dans notre lutte par les mêmes sources que Gandhi utilisait voilà plus d'un demi siècle: culture, spiritualité et pluralisme. Les principes qu'il a utilisé, telle qu'Ahimsa (non-violence), Sathya (vérité), Aparigraha (contre la possession et la cupidité), Astheya (contre le vol), Sparshabhavana (libération de l'exclusion sociale) et Swadeshi (appartenant à son propre espace, enraciné dans une communauté locale mais en tant que citoyen du monde) n'étaient pas le fruit de son invention mais bien issus de ses racines culturelles et fortement incarnés dans sa vie. Nous avons sérieusement exploré les valeurs culturelles asiatiques et leur potentialité à renforcer notre résolution et à nous maintenir profondément humains et interconnectés avec la terre. Les spiritualités asiatiques déclarent que tout est interconnecté. Nous sommes reliés au cosmos, à la terre et à chacun d'entre nous. Nous devons sans cesse explorer la signification et l'émerveillement de ces soubassements de la vie durable, qui deviennent ainsi très proche de la pensée écologique moderne. Les nombreuses traditions spirituelles et culturelles de l'Asie nous fournissent de riches ressources pour créer une conscience alternative face à la vision aride de la globalisation. La spiritualité bouddhiste, par exemple, nous offre la conscience profonde de l'aspect éphémère de toute chose, une conscience qui mène au non attachement envers les choses matérielles. Cette conscience ainsi que la compassion profonde pour tous les êtres, fait de la spiritualité bouddhiste une ressource qui nous renforce et nous nourrit dans la lutte contre le consumérisme abrutissant qui ruine notre monde physique et humain aujourd'hui. Pour les peuples autochtones nous sommes tous les enfants de notre mère la Terre ; et elle a à notre égard l'attitude naturelle de prendre soin de nous et de nous nourrir. Les traditions chrétiennes et islamiques offrent également des enrichissements similaires. Ces traditions spirituelles ont encore de profondes racines dans les peuples d'Asie. Il y a également le riche potentiel des énergies créatrices du pauvre attendant d'être libéré. Le fort pouvoir d'humanisation des femmes constitue également une force de compensation. Et plus les énergies créatrices des femmes seront libérées, plus nous pourrons créer un monde humain. Il est maintenant possible de voir que là où apparaît une force globalisante avec son impact négatif, aussi impressionante soit-elle, elle est finalement un phénomène fragile et qui peut être contourné. Les contours d'une contre-réponse sont déjà visibles dans les multiples initiatives et mouvements qui reflètent les profondes aspirations des communautés locales pour valoriser l'expression individuelle et une vie de dignité. Avec la créativité et l'imagination il est possible d'élargir de tels espaces, déjà existants dans le cadre plus large de la globalisation, de sorte qu'elle dessert son étau au-dessus de nos vies. Quand ces mouvements variés et pluralistes communiqueront entre eux, nous cheminerons vers un monde où nous célébrerons l'unité dans la diversité de l'ensemble de l'humanité. Ici à la rencontre de Bangalore, nous nous sommes rendus compte que toutes nos stratégies de transformation sociale et de résistance à la globalisation doivent jaillir d'un changement personnel, utilisant des spiritualités contenues dans les innombrables cultures locales qui habitent cette partie du globe. C'est ainsi que nous utilisons la sagesse qui s'est construite au cours des millénaires par des personnes enracinées dans un lieu. Cette confiance dans la ''vérité expérimentée" plutôt que dans la ''vérité connue", qui caractérise les idéologies et les systèmes théoriques, rend le mode de vie personnel et l'action sociale beaucoup plus intégrés, holistiques et pleins de sens. La manière avec laquelle nous avons mené nos discussions lors de la rencontre de Bangalore est également l'illustration de notre attachement à des pratiques enracinées dans la culture locale. Nous nous sommes réunis en tant que personnes humaines et nous nous sommes raccontés nos histoires, situation qui se produit souvent sous de nombreux arbres à paroles dans de nombreux villages d'Asie. Nous avons trouvé que c'était une expérience très enrichissante, qui met en valeur la qualité de notre rapport exprimé dans ce beau message maori qui dit que " l'amour est l'espace que vous donnez à l'autre pour vous racconter son histoire ". Groupe de Bangalore Rencontre de Barcelone (Espagne - Catalogne) Du 29 novembre au 3 décembre 1997, s'est tenue à Barcelone sous l'égide du Centre d'Innovation Sociale une rencontre, de caractère continental, reliée à la dynamique mondiale de l'Alliance pour un Monde Responsable et Solidaire. Les participants provenaient de la région méditerranéenne (Italie, France, Espagne) ainsi que de Belgique et de Suisse. Les objectifs étaient de lancer une dynamique continentale de l'Alliance, ainsi que d'analyser quatre des huit thématiques traitées à Sao Paulo: Plate-forme, événement 2000, les chantiers, la rénovation de la politique. Nous avons décidé de thèmes communs de travail à venir :
Nous évaluons positivement cette rencontre, étant donné que nous avons rendu possible l'émergence à court ou à moyen terme d'une dynamique européenne. Preuve en est que deux activités ont été programmés pour l'année prochaine et que les participants ont manifesté le dernier jour leur intérêt à développer et à participer à une dynamique plus générale au niveau européen. Groupe de Barcelone Rencontre de Tolga (Norvège) La rencontre de Tolga (1 Décembre 1997) s'est concentrée sur un thème particulier " Alimentation adaptée aux ressources locales ". 47 personnes étaient présentes, émanant de réseaux et organisations spécialisées dans les domaines de la santé, de l'environnement et de l'alimentation; d'organisations et de mouvements de fermiers; et de Norwegian GATT-WTO Campaign. La rencontre pris la décision d'envoyer des recommandations à la Conference Ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), affirmant que les divers accords commerciaux en vigueur actuellement ont des effets destructeurs sur la nature et les populations. Des règles de conduite du commerce alimentaire ont été proposées et approuvées lors de la rencontre, notamment :
Evaluation de l'Assemblée 1997 L'Alliance est une structure où l'on apprend de ses réussites et de ses erreurs. Notre but en faisant une évaluation de l'Assemblée 1997 fut d'aider l'Alliance à capitaliser cette expérience, afin de renforcer son efficacité face aux défis qui sont exprimés dans sa Plate-forme. Le rapport d'évaluation est basé sur les réponses à un questionnaire qui a été envoyé à tous les participant(e)s de la rencontre de Bertioga (Brésil). Quelques participants d'autres rencontres y ont également répondu. Nous avons obtenu les réponses de 52 personnes, originaires de 26 pays et de quatre continents. Les réponses au questionnaire nous donnent un bilan des perceptions des participant(e)s en ce qui concerne l'organisation logistique de l'Assemblée, le rôle joué par les participant(e)s au cours de celle-ci, leurs sentiments par rapport au progrès faits dans les questions qui sont au coeur de la dynamique de l'Alliance, leur appréciation du processus de 'Participation à distance' et pour finir, leur sentiment par rapport à leur engagement dans l'Alliance. Il ressort des réponses au questionnaire que l'Assemblée a bien reflété la diversité de la planète et que les différents groupes d'intérêt semblent avoir été plus ou moins bien intégrés au sein de l'Alliance. Mais le plus marquant est la constatation que l'Assemblée a été une réussite par sa capacité à déclencher l'enthousiasme et l'engagement futur des participant(e)s dans la construction de l'Alliance. Ceci revêt une importance particulière étant donné le nombre considérable de participant(e)s pour qui l'Alliance était une chose nouvelle. D'une certaine façon, cette réussite peut être vue comme un contrepoids a la perception générale que peu de progrès a été fait en ce qui concerne les thèmes et les questions qui sont au coeur de l'Alliance, perception qui a été clairement exprimée par un grand nombre de participant(e)s. Ceci met en évidence le fait que l'Assemblée a été plus un lieu de rencontre et d'échange d'expériences - un endroit pour renforcer des relations humaines - qu'une conférence dans le sens conventionnel du mot où l'on se rassemble pour discuter de thèmes précis et avancer sur des questions particulières. La 'Participation à distance' a été percu en général comme un élément positif même si son intégration dans le processus de l'Assemblée aurait pu être meilleure. Selon les participant(e)s, le moins de progrès a été réalisé au niveau de la discussion des ateliers et des thèmes majeurs qui avaient été identifiés comme étant au coeur de l'organisation de l'Alliance (les chantiers) et de son rôle dans la construction d'un monde meilleur (thèmes principaux). En particulier, tout le monde s'accorde à remarquer que nous n'avons pas avancé dans la préparation de l'événement 2 000, qui sera la prochaine rencontre majeure de l'Alliance et dont l'Assemblee 1997 devait être une répétition générale. Cependant, beaucoup de progrès a été fait dans d'autres domaines qui sont aussi importants, tels le renforcement des relations humaines, de l'intérêt et de l'enthousiasme des participants en ce qui concerne l'avenir de l'Alliance. Ceci devrait aider à renforcer nos efforts et notre engagement dans les années a venir. Ricardo Gomez, |