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Pour ma part, je ne peux résister à l'ardeur exprimée par ce texte, à son contenu riche et à l'enthousiasme qu'il communique. En approfondissant ma réflexion, je trouve que le charme de cette Plate-forme pour un monde responsable et solidaire consiste à appliquer une vision " holistique ", construite sur une base de jugement très sérieuse et précise de la réalité du monde. L'idée de la Plate-forme part d'une vision globale. Trois déséquilibres prédominent : les déséquilibres entre le Nord et le Sud de la planète, entre les riches et les pauvres, entre l'homme et la nature. Face à la dysharmonie mondiale, les institutions traditionnelles apparaissent impuissantes. Les êtres humains sont confrontés de nouveau à une alternative. La Plate-forme imagine de construire un nouveau gouvernement mondial qui puisse utiliser la force collective pour s'opposer ou sortir de cette situation de dysharmonie entre les régions et les pays. D'après ma compréhension, derrière la Plate-forme, il y a une conviction philosophique fondamentale : la raison des êtres humains est la force déterminante qui permettra l'édification d'un monde meilleur. Grâce à cette force, on pourra concilier les rapport entre les cultures et traditions diverses. Avec la raison on pourra juger et extraire des valeurs communes, afin d'aboutir à la finalité recherchée.

La Plate-forme suppose que le fonctionnement du monde contemporain, monde dominé par la raison moderne, tende à combler les fossés culturels creusés par l'histoire. Qu'il s'agisse du tiers monde ou du premier monde, tous sont dominés par le principe général de la modernité, si bien que toutes les cultures sont incontestablement confrontées aux mêmes types de problèmes : destruction de l'environnement, prélèvement et utilisation excessive des ressources naturelles, polarisation entre riches et pauvres, effondrement général de la morale sociale, etc. Le problème est que les déséquilibres formés au long du processus historique ont été mis en valeur par la force de la modernité, et non pas que la "modernité" ait fait disparaître les distances historiques et les différences actuelles entre les sociétés, ni encore moins qu'elle puisse insérer ces problèmes dans une communauté identique face aux mêmes problématiques. La Plate-forme ne se rend pas compte que la puissance historique est non seulement plus forte que la capacité de coordination de n'importe quelle communauté politique, mais qu'en outre les résultats du choix de l'histoire et de la tradition n'apparaissent pas nécessairement irrationnels, quoique ce genre de choix ne se base pas sur la raison occidentale.

(...) Nous pouvons grosso modo mettre en lumière le noeud de la Plate-forme. Elle souhaitait au début, en rejetant le mode scientiste, contenir toutes les traditions positives et les expériences locales, et prendre en considération à la fois les déséquilibres du développement des régions. Elle semble posséder d'une certaine manière un pluralisme de valeurs. Cependant son objectif ultime consiste à intégrer toutes les affaires régionales dans un champ pré-programmé afin d'être coordonnées, elle tente d'établir des règles communes de jeux. Nous pouvons donc conclure que l'enchaînement des idées de la Plate-forme applique un rationalisme typique, d'où il résulte un paradoxe insurmontable. Car le caractère particulier du rationalisme est d'ignorer le processus et l'histoire, et de nier l'importance décisive de la structure-fonction culturelle et morale formée par l'accumulation de la tradition. Ce rationalisme appliqué dans la Plate-forme est présenté avec un emballage post-moderne, mais son noyau reste un "récit de la modernité", si bien qu'elle enlève effectivement la raison d'existence des expériences locales.

Yang Nian-qun

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Le développement social de l'humanité jusqu'à aujourd'hui a accompli d'énormes progrès, tout en étant accompagné de crises graves. Les êtres lucides préoccupés par les perspectives de développement et de l'avenir de l'humanité, de plus en plus nombreux, ont conscience de la gravité de ces crises. Ils ont présentés toutes sortes de plate-formes et projets d'actions pour tenter de réduire les pressions et d'éliminer ces crises, dans le but d'atteindre à une harmonie. La Plate-forme pour un monde responsable et solidaire souligne la nécessité d'appeler des milliers de gens à conjuguer leurs efforts pour la réalisation de cet objectif. Elle cite à cet effet la mise en place d'un diagnostic, de principes et valeurs, des sujets prioritaires et stratégies d'actions, la recherche de points de convergence de toutes les cultures humaines autour des points fondamentaux, en vue de réaliser des efforts en commun.

Aux grands décalages existant entre les régions, répondent des urgences de développement différentes. La Plate-forme accorde une attention nécessaire à ces différences, mais elle n'est pas tout à fait pertinente lorsqu'elle considère que les pays plongés dans leurs priorités forment des obstacles à la réalisation de cette démarche. (...) Les problèmes auxquels font face les pays (doivent être) classés en fonction de leur degré d'urgence, le tout faisant partie d'une stratégie globale du développement de l'humanité. Si on ne prend pas en compte cet état de fait, toute tentative d'incitation des pays à s'adapter à des méthodes communes serait irréaliste et en outre tendrait à annuler ces actions. La Chine est un pays en voie de développement, ses problèmes sont nombreux, ses ressources naturelles par tête relativement faibles, son niveau d'éducation et de technologie plutôt arriéré ; la Chine fait face à la difficile tâche historique de renforcer ses capacités de production et l'ensemble des forces de production de son Etat, et d'améliorer le niveau de vie. (...)

En raison de la solidité des fondements scientifiques et économiques étatiques des pays développés, il semble qu'ils doivent assumer plus de responsabilités. Aussi de la question sur leurs aptitudes à assumer ces responsabilités dépend la possibilité de construire un monde responsable et solidaire. C'est un point primordial.

Guo Zhi-gang

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