Numéro 7 | Décembre 2000 | |||
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Visite à Mallorca et en Catalogne
Mon tour n'allait pas tarder. En fait, nous allions tous bientôt succomber au charme de l'île. Dans le cadre d'un dossier sur le tourisme, le choix de Mallorca s'est imposé rapidement. Douze millions de touristes y viennent chaque année. Dans la seule municipalité de Calvià, dans la zone métropolitaine de Palma, un million et demi de touristes déferlent sur les plages (voir interview). Mallorca, lieu de prédilection pour les riches et célèbres, est aussi devenue une destination de choix du tourisme de masse. En été, son aéroport est le plus transité de toute l'Espagne, sans compter les traversiers et bateaux de croisière qui y font escale. L'impact sur l'île et sa population est énorme. Source de revenus irremplaçable pour les insulaires - mais à quel prix ?, le tourisme n'y est plus seulement la panacée, il est devenu le problème. Nous traversons lentement l'île vers le versant nord. Ces montagnes qui se jettent en falaises abruptes dans la mer bleue nous coupent le souffle. Je me souviens de Charlevoix, dans mon Québec natal mais l'omniprésence de l'olivier, cet arbre magnifique comme une sculpture de Rodin, symbole de paix, de longévité et de fécondité me ramène vite en Méditerranée. Par bonheur, nous avons trouvé à nous héberger de ce côté-ci de l'île dans le domaine de la fondation S'Olivar* (l'Oliveraie) dans le beau village d'Estellencs (qui signifie étoile brillante ou vallée d'étoiles). Là nous attend Joan Carrero, candidat au prix Nobel de la paix avec qui nous aurons une longue conversation en prévision d'un prochain dossier de Caravane sur le sujet d'une culture de paix. Nous attend également Rosa, responsable de l'accueil et de voir à ce que notre séjour soit des plus agréables. Mission accomplie : nous sommes ravis de l'endroit, de sa beauté paisible et de la sérénité qui en émane. Nous profitons de notre court séjour pour nous promener tranquillement dans le village. Dans une jolie boutique où je suis en train d'acheter quelques cartes postales, on m'offre un beau feuillet informatif sur Mallorca. « Vous comprenez l'allemand ? » me demande gentiment la dame, « non, pas un mot » lui dis-je. « Dommage » me répond-t-elle, « il n'existe pas en d'autres langues ». Je suis sortie mal à l'aise. Tourisme de masse, tourisme rural, tourisme de luxe, tourisme sous toutes ses formes, en une trentaine d'années, l'île s'est complètement transformée. Qu'arrivera-t-il de Mallorca dans l'avenir ? On y parle de plus en plus de protection et de respect de l'environnement, de recyclage, de modération, d'implication des citoyens, de restauration de l'héritage naturel et culturel, de diversification de l'économie, etc. Mais que veut le touriste... et que veut l'hôte ? En se promenant sur les plages envahies d'hôtels, de McDonald, de restaurants chinois, allemands ou italiens et de boutiques de produits "made in china", la question devient criante. Sylvie Payette Contact : Finca S'Olivar, 07192 Estellencs (Mallorca) Baléares, Espagne 1 La fondation S'Olivar existe depuis 1992. Elle est formée d'un groupe d'amis, partisans de la non-violence, qui s'inspirent de Gandhi, Luther King et Lanza del Vasto. Elle se définit avant tout comme une ONG culturelle avec trois grands axes : la solidarité, la spiritualité et l'écologie. La fondation possède à Estellencs un domaine avec quelques maisons et ermitages, la Finca S'Olivar, offrant hospitalité et hébergement. Il s'agit d'un site privilégié pour jouir de la beauté et de la tranquillité de l'île, pour y faire une retraite et, pour ceux qui le désirent, participer à des célébrations ocuméniques et catholiques. |