Numéro 8 | Juin 2001 | |||
Sommaire
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Promouvoir une culture de la paix Les jeunes pour une culture de la paix Page coordonnée par Tijana Zivanovic, Chantier Jeunes de l'Alliance A l'occasion du Parlement Mondial des Jeunes (PMJ 2000), organisé par Oxfam Australia / Community Aid Abroad en collaboration avec le Chantier Jeunes de l'Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, les délégués du PMJ 2000 ont appelé les peuples à promouvoir une culture de la paix. Dans cet article, trois délégués ouvrant pour la construction de la paix dans leurs pays partagent leur point de vue sur la paix et décrivent les activités dans lesquelles ils sont engagés pour la promouvoir au sein de leur communauté. 'Acteur du changement' au Soudan Le travail de Stella pour la promotion de la paix dans le Soudan ravagé par la guerre se fait grâce à un mouvement de jeunes appelé 'Acteur du changement - Soudan'. Le mouvement agit pour la justice et la paix à travers des moyens non violents. Stella est souvent préoccupé par la question de savoir comment ramener la paix chez elle. « Parfois, je me demande à quoi ressemble la paix et ce qu'il arriverait si soudainement la paix revenait. Pourquoi la paix est-elle inatteignable au Soudan ? Ayant grandi dans la guerre, nous sommes tellement habitués à la guerre que la paix nous paraît un fruit de l'imagination. Certains d'entre-nous pensent même qu'elle est impossible. Et beaucoup travaillent d'arrache-pied à attiser le conflit parce qu'ils craignent de perdre tous leurs privilèges si la paix revenait. Or, de la même façon qu'il existe ces fanatiques de la guerre, il y a également des amoureux de la paix. Je suis devenue de plus en plus convaincue que la paix ne peut pas être obtenue par les mitraillettes et les mines anti-personnelles. La guerre est très primitive et son horreur a ruiné les êtres humains. La paix dont nous avons besoin est celle décrite par tous comme étant juste et qui permet donc une coexistence pacifique dans nos communautés. Cela commence au plus profond de nous et est ensuite étendu à d'autres personnes dans la famille et à la communauté dans son ensemble. La construction de la paix est une mission qui demande un engagement de la part de chacun. Elle requiert volonté, réconciliation, pardon, amour et sacrifices. La paix est un processus d'établissement de relations amicales durables avec les autres. Il est de notre devoir de lutter contre tout ce qui vient perturber la paix. La paix devrait être une façon de vivre. » 'Rencontres de jeunes pour la paix' à Chypre Convaincu que « les actions parlent plus fort que les mots ! » Marios travaille dans une organisation chypriote appelée 'Jeunes pour l'échange et la compréhension'. Depuis qu'il est revenu du PMJ 2000 qui s'est tenu en Australie en octobre dernier, il participe à un excellent projet de construction de la paix à Chypre. Ce projet appelé 'Rencontres de jeunes pour la paix' (www.peace-cyprus.org/Youth) tentent d'établir des méthodes pour permettre la communication entre les jeunes des deux cotés de Chypre divisée. Les bénévoles chypriotes en charge du programme croient profondément dans le besoin pour les jeunes générations des deux communautés de se parler et en offrent l'opportunité et les moyens. Grâce à l'organisation de rencontres où se retrouvent des jeunes des deux principales communautés de Chypre, ils tentent de substituer la confiance à la suspicion, la connaissance de l'autre à l'ignorance, l'espoir au désespoir. Cette construction de la confiance est un besoin très nécessaire qui pourrait bien apporter une solution au problème et faire de la paix une réalité durable. Afin de pérenniser la communication, puisque les rencontres ne sont pas toujours possibles, un système de communication par courrier électronique a été mis au point. Dans les rencontres, les sujets de discussion ont concerné l'histoire et la politique du problème chypriote et la façon dont cela est enseigné des deux côtés, le rôle des médias, les signes d'une solution possible, la vie quotidienne et les problèmes de chaque communauté, le rôle et l'importance de groupes communautaires mixtes, ainsi que tout ce que les participants ressentent le besoin de savoir à propos de l'autre côté. Une conséquence importante de chaque rencontre pour les participants est de pouvoir mettre un visage sur la face de 'l'ennemi'. « Je ne parle plus vaguement des 'Chypriotes turcs' ou des 'Chypriotes grecs' ; je peux maintenant parler de mon ami Mehmet ou de mon amie Maria. Et dans cette aventure profondément humaine, nous avons découvert que nous ne combattons pas l'autre communauté. Nous combattons le masque du diable que nous avons peint sur le visage de l'autre. » Rêve de paix dans les Balkans Dans son article publié par Lettre Internationale (No 3, Paris, septembre 2000) Predrag Matvejevic (philologue et écrivain d'origines croate et russe, né à Mostar, en Bosnie-Herzégovine, en 1932) dit : « Les espaces balkaniques sont jonchés des vestiges des empires supranationaux et des restes des nouveaux Etats découpés au gré des accords internationaux et des programmes nationaux ; idées de la nation datant du XIXème siècle et idéologies issues du " socialisme réel " au XXème, héritage de deux guerres mondiales et d'une guerre froide, vicissitudes de l'Europe de l'Est et de celle de l'Ouest, relations ambivalentes entre pays développés et ceux " en voie de développement " ; tangentes et transversales Est-Ouest et Nord-Sud, liens et ruptures entre la Méditerranée et l'Europe, l'Union Européenne et " l'autre Europe ". Autant de divisions et de failles, de lignes de partages ou de frontières, matérielles et spirituelles, politiques, sociales, culturelles et autres. Certaines parties de ce territoire portent des marques ou des blessures, infligées aussi bien par l'histoire que par un passé auquel il n'a pas été donné d'être réellement historique. » Pouvons-nous parler d'une paix durable dans une région aussi fragile que les Balkans ? Au moment où j'écris cet article, une nouvelle guerre est en train de s'installer sur la péninsule balkanique, cette fois en Macédoine étant connue comme la seule république ex-yougoslave à avoir fait sécession sans connaître la guerre. Ou somme-nous après dix ans de troubles ethniques, sociaux, économique ? N'avons-nous pas vu suffisamment de misère, de destruction, de mort ? Maintenant que le régime de Milosevic est finalement arrivé à son terme, il semble que cela ne convient pas à tout le monde, que sa dictature était, quelque part, un prétexte pour un Monténégro "démocratique" ou un Kosovo indépendant. D'autre part, la communauté internationale garde une position floue. Ainsi la présence de dizaines de milliers de soldats de l'ONU au Kosovo ne semble pas suffire pour contrôler un territoire de 10.887 km2 (une superficie inférieure à celle de la région parisienne !), où habitent environ 2 million de personnes. Le décalage entre l'approche américaine et celle de la Communauté Européenne vis-à-vis des Balkans est très visible et quant aux aides et investissements étrangers, l'expérience montre qu'il s'agit très souvent d'une aide à court terme ou d'investissements dans les entreprises publiques et privées en position monopolistique (télécommunication, par exemple). Ainsi, la communauté internationale et les investisseurs internationaux ne contribuent pas au développement du pays dans son ensemble, une relance de l'économie étant une des principales conditions pour passer d'un état de guerre vers la paix. Jeune yougoslave, je rêve pourtant encore d'une paix dans les Balkans et nous agissons dans ce sens pour qu'elle devienne un jour notre réalité. Par Stella Matutina Henry Bagho (Change Maker Sudan), Marios Epaminondas (Youth Encounters for Peace, Chypre), Jane Higgins (Chantier Jeunes, Australie et Pacifique et coordinatrice assistante PMJ2000) & Tijana Zivanovic (Chantier Jeunes, Yougoslavie et Europe) * Pour en savoir plus sur le PMJ 2000, voir le site Internet du PMJ 2000 : www.caa.org.au/parliament/news/final_communique/index.html
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