Numéro 1 | Septembre 1998 | ||
Sommaire |
Paroles d'allié(e)s Le projet de constitution du réseau d'initiatives locales est issu de la rencontre de l'Alliance de Zéralda (Algérie, décembre 1997) où il a notamment été question de l'utilisation du patrimoine biologique et culturel pour un développement durable des collectivités humaines. Le Réseau porte sur la collecte et la sauvegarde d'un patrimoine et de savoirs locaux qui sont en voie d'extinction. Il se propose de collecter, de traiter et de diffuser les expériences en matière de valorisation des ressources naturelles et les savoirs populaires qui leur sont liés tels que :
La réalisation de ce programme s'appuie essentiellement sur des rencontres locales et régionales entre différents acteurs impliqués dans le développement (communautés locales, organisations associatives, universitaires, artistes...). Le Réseau d'initiatives reste ouvert à toutes les contributions venant de différents pôles géographiques (Maghreb, Méditerranée, Sahel et autres régions). Contact: Samira OUCHIHA Une lettre du Togo aux allié(e)s algériens Au moment ou une douleur vive déchire vos entrailles Au moment ou vous vous préparez a porter a la Mère-Terre son digne fils Matoub Aujourd'hui l'Artiste est tombé après le journaliste à coté de la mère et de son enfant Au moment ou le chanteur berbère se tait à jamais Au moment ou le Héraut Kabyle nous quitte Théophile Folly AMOUZOU Une jeune alliée trop longtemps invisible " Beaucoup de fébrilité et d'impatience à la veille de la rencontre de Zéralda. C'était comme le début d'une grande aventure et pourtant je me sentais bien impuissante. Devant la situation que vit l'Algérie, mon pays, j'avais l'impression que nous étions devenus invisibles, que l'on ne pouvait plus rien. L'Alliance me paraissait plutôt utopique au départ. Aujourd'hui, elle continue de l'être, mais comme un idéal auquel on aspire et qui vous pousse à aller de l'avant. Au fil des jours, des ateliers et des soirées en commun, des changements s'opéraient en moi. Je ressentis pour la première fois ce que signifiait vraiment être responsable au cours d'une discussion sur le principe de responsabilité. Ailleurs, d'autres personnes se réunissaient en même temps que nous ; les mêmes préoccupations nous reliaient et les mêmes espoirs nous portaient. Je me sentais responsable d'un petit morceau de la Terre, et les autres avec moi devaient porter chacun leur part, et je me disais que finalement cela devait faire un 'sacré morceau'. Notre force était là. Nous ne pouvions pas changer tout ce qui n'allait pas mais nous pouvions ensemble transformer ce qui nous entourait. Les participants présents, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes étaient porteurs de valeurs, de connaissances que je ne soupçonnais pas. C'était le premier pas pour moi : aller à la rencontre de ces richesses à coté desquelles j'étais passée. En cette fin de siècle où le réalisme est si à la mode, il reste des actes, des paroles qui vous enchantent et vous font passer du réel à la magie. Au cours d'une des soirées, un allié nous a chanté le poème d'amour " Hiziya ". Je fus, au moins pour un moment, reconcilié avec ce sentiment passé de mode. Un autre m'a raconté l'histoire de la source de Jouvence. Mythe ou réalité, il m'en a donné la preuve vivante. Nous étions du même pays et pourtant nos couleurs, nos cultures, nos accents différaient. Ce fut comme un voyage à travers un pays que je ne connaissais pas. J'attends des lendemains meilleurs de paix et d'équité même si nos préoccupations urgentes et la réalité que nous vivons laisse peu de place à l'imagination. J'attends impatiemment que nous tenions une discussion sur l'événement 2000. " Mira Challal Trois partis à blâmer dans le conflit du Kosovo Les terribles événements du Kosovo se déroulent sous mes propres yeux, dans mon pays. Depuis le début des affrontements en février, j'essaie de comprendre ; je m'interroge sans cesse : "Pourquoi ?", "Qui blâmer ?", "Que faire ?", "Qui sont les parties prenantes du conflit ?" D'un côté, je vois le régime serbe, la police serbe et l'armée yougoslave, et de l'autre se trouvent les partis politiques albanais au Kosovo et l'Armée de libération du Kosovo. La troisième partie est la communauté internationale. Mais "Qui sont les victimes ?" : les citoyens yougoslaves encore et toujours! Aucune importance qu'ils soient albanais ou serbes vivant au Kosovo quand il s'agit de jeunes garçons obligés de servir dans l'armée (ou leurs parents terrorisés) - ils sont ceux qui souffrent le martyr! Pire que cette réalité est le sentiment d'impuissance. Il est évident que le sort du conflit dépend entièrement des parties mentionnées ci-dessus ; tout dépend de leurs manoeuvres politiciennes. Le citoyen ordinaire de ce pays ne trouve pas sa place dans la vie politique du pays. Il est las d'essayer de faire valoir ses droits ; il est impuissant ; il est oublié. Il se couche hanté par des histoires d'horreur concernant les trois parties : l'une manipulant l'histoire, répandant la haine et sacrifiant de jeunes vies afin de se maintenir au pouvoir ; l'autre, multipliant le nombre de victimes et soutenant le terrorisme pour conquérir un territoire ; et la troisième, débitant de vains communiqués, offrant des espoirs déçus et de temps en temps des bombardements de l'OTAN afin de ne pas rester totalement absente mais montrant de ce fait sa dérisoire puissance. Ce monde doit changer sans attendre! Combien de temps allons-nous vivre opprimé(e)s par des institutions archaïques ? Ils croient que la raison d'Etat justifie le sacrifice de vies humaines! Sommes-nous encore loin du 21ème siècle ? Tijana Zivanovic |