Numéro 3 | Mai 1999 | ||
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Artiste de ce numéro : John Kariru (Kenya)
Prof. Kariru a fait ses études à l'université de Nairobi et au Canada entre 1967 et 1976 avant de rejoindre l'université Kenyatta en 1977 où il a dirigé le département des Beaux-Arts (1981-1991) et où il préside la Coopérative de l'Université. Il est également président, secrétaire ou membre de nombreuses autres organisations professionnelles et sociales. Prof. Kariru est un artiste complet intéressé tout particulièrement par la peinture, le design et la sculpture. Il a participé et a fait l'objet de plusieurs expositions au Kenya au Canada et en Allemagne. Il a aussi mené plusieurs projets artistiques pour des organisations locales et internationales, y compris la création des vêtements portés par le pape Jean Paul II et sa suite de cardinaux et d'évêques lors de la visite papale au Kenya et en Afrique en 1995. Il assiste en ce moment la commission Justice et Paix de l'église catholique du Kenya en créant notamment les posters devant servir aux campagnes de l'église durant le Carême. Il effectue des recherches sur l'enculturation dans l'espoir de trouver une voie viable pour l'africanisation de l'église au Kenya à travers l'art. L'Oeuvre " Reconstruire le monde " by John Kariru (Kenya) L'illustration de Caravane N°3 a pour thème principal " Reconstruire le monde ". Il s'agit d'une étude en couleur décrivant l'impression de l'artiste sur l'Alliance pour un monde responsable et solidaire. L'oeuvre principale est en trois niveaux : le niveau intermédiaire comporte une carte du monde derrière des bandes de lumière colorée ; le niveau inférieur est composé d'une masse d'eau dans laquelle ont coulé et continue de couler des animaux, des gens et d'autres objets ; le niveau supérieur expose un paysage avec des animaux, des arbres et des cités éparpillées. Le niveau inférieur est séparé en son milieu par un mouvement ascendant de cinq mains apportant chacune un objet identique devant servir à compléter un globe terrestre inachevé. Le niveau intermédiaire représente symboliquement le monde actuel avec ses innombrables problèmes dont la plupart sont créés par l'homme : guerres, pollutions et déchets industriels, déforestation, maladies, drogues, etc. D'évidence morcelé, le monde a déjà commencé à s'enfoncer au large dans l'océan outremer ; les repères culturels et autres symboles nationaux s'y perdent également. Le mouvement ascendant des cinq mains émergeant de l'eau symbolise l'alliance de personnes de bonne volonté des divers continents déterminées à rassembler les pièces du monde défait dans un effort de reconstruction d'un monde plus responsable et solidaire. Cet effort a commencé à porter ses premiers effets. Cela est apparent à travers le globe construit à moitié qui semble émerger de l'océan à la manière d'un grand soleil porteur d'espoir au petit matin. L'action est là pour nous rappeler le fait que la bonté, comme l'air chaud ou l'huile dans l'eau, trouve toujours son chemin vers le haut. Les rayons magnifiques du soleil naissant recouvrent le monde dilapidé sans raison dont les traits bruts et les instruments de destruction sont à peine devinés sous jacents. Le soleil naissant et ses rayons parviennent à créer un chemin naturel entre l'Afrique et les Amériques du vieux monde dans leur ascendance vers un monde nouveau et plus beau où la nature et la modernité semble vivre en harmonie. Dans ce monde nouveau, un autre soleil superbe apparaît dans le coin supérieur droit du tableau. Ce soleil, qui est l'arrangement systématique de petites formes triangulaires, symbolise "l'unité dans la diversité" qui pourrait facilement passer pour le symbole de l'Alliance. Les triangles tournés vers l'extérieur représentent la diversité et ceux tournés vers l'intérieur, l'unité. Quand deux triangles opposés sont réunis, ils forment ensemble un objet unique et magnifique qui n'est autre qu'un monde responsable et solidaire. La ressemblance entre les formes triangulaires du nouveau soleil et les motifs africains dessinés au bas du tableau est là pour suggérer qu'un bon nombre de réponses aux problèmes du monde moderne pourrait bien être trouvé dans des aspects de nos traditions que nous sommes nombreux à avoir oublié ou sommes en train d'oublier. Prof J. Kariru (Kenya) |