Résumé
: Le débat s’est déroulé en deux parties
: critique du système actuel de gouvernance et visions pour
une future architecture de gouvernance globale. Les critiques se
sont portées sur les insuffisances des systèmes de
l'Etat, de l'économie capitaliste et de la globalisation
; sur la nature problématique du fossé Nord–Sud
; sur les défauts des Nations Unies ; et sur l'échec
ou l’inexistence de politiques de l'environnement. Les réponses
ont porté sur la réforme de l'Onu ; la création
d'un gouvernement mondial ; et l'extension du modèle de l'Union
européenne à l’échelle globale. Un plan
détaillé prévoit un système tripartite
à trois pôles : l'exécutif (l'Onu), le judiciaire
(les tribunaux internationaux), et le législatif (le Parlement
Mondial).
Certains d'entre vous avez sans doute vu le film
classique de Frank Capra, M. Smith au sénat, dans lequel
James Stewart joue le rôle d'un jeune sénateur qui
va à Washington pour défendre une cause. Au moment
de son départ pour Washington, son père lui donne
le conseil suivant : « Les causes perdues sont les seules
qu’il vaut la peine de défendre. » il aurait
beaucoup à dire sur ce conseil très bref, qui est
néanmoins à la base des ressorts qui font changer
et progresser l'humanité. Car les causes perdues, ou tout
ce qui est perçu comme tel, ce sont généralement
les seules qui ont une vraie valeur à défendre. Si
elles ne semblaient pas perdues d’avance, personne ne rassemblerait
la force pour les transformer en causes réalisables.
Au moment où nous débattons, changer
la structure du gouvernement global peut sembler aux yeux de toute
personne rationnelle une cause perdue. En effet, il y a beaucoup
de voix sceptiques qui disent que la plupart des choses que nous
pensons, même dans ce forum, à savoir qu'une telle
entreprise est à tel point décourageante qu'il faudrait
être soit un peu naïf ou même un peu absurde -
bref, idéaliste - pour croire qu’elle pourrait avoir
lieu. Pourtant, nous semblons partager une sorte de joie - les plus
sceptiques inclus - lorsque l’on essaye de déterminer
comment on pourrait changer la gouvernance globale et envisager
à quoi cette nouvelle structure pourrait vraiment ressembler.
En effet, le débat de ce mois sur «
l'architecture de la gouvernance globale » a été
particulièrement riche, vif et intéressant. Cette
brève synthèse ne rend pas justice à la qualité
de la discussion. Elle ne servira qu’à donner une vue
d'ensemble de quelques-uns des sujets discutés dans les échanges.
Un Parlement Mondial serait un «
plus » nécessaire
Si on mettait cette discussion dans une balance,
on pourrait constater qu’elle présentait deux parties.
La première était une critique du système actuel
de gouvernance. La deuxième a traité des visions de
ce que celui-ci pourrait devenir. Bien sûr, les deux parties
sont liées. En somme, la critique s'est concentrée
sur les insuffisances du système de l'État, de l'économie
capitaliste et de la globalisation ; sur la nature problématique
du fossé Nord–Sud ; sur les défauts des Nations
Unies ; et sur l'échec ou l’inexistence de politiques
environnementales.
Les contributions ont versé plutôt
sur les façons de répondre à ces problèmes
et à ces défauts. Le fil conducteur de la discussion
était de réfléchir à la question de
savoir si un Parlement Mondial pourrait être un instrument
pour les résoudre, et comment il pourrait le faire. Il y
a eu, évidemment, plusieurs points de vue, quelques désaccords,
et quelques points de convergence. Par exemple, l'idée de
la « politique simultanée », qui avait été
discutée le mois dernier, a paru trouver un avis favorable
parmi beaucoup de participants, en tant que moyen de secouer le
système actuel et passer à quelque chose plus en adéquation
avec notre temps. En général, la discussion a eu tendance
à se concentrer sur une question centrale : Un Parlement
Mondial peut-il vraiment accomplir ce que d’autres institutions
ont promis mais n'ont jamais fait ? Bref, qu'est-ce qu'un Parlement
Mondial aurait « de plus » qui lui permettrait de faire
tout ce que toutes les institutions antérieures ayant des
promesses semblables n'ont jamais fait ?
Il pourrait s’ajouter à
l’Onu, réformée ou pas, et la compléter
La question du rôle actuel et futur des Nations
Unies a été le sujet le plus discuté du mois.
Si d’un côté presque tous perçoivent les
Nations Unies comme une pierre angulaire de l'architecture actuelle
de la gouvernance globale, la plupart des participants voient aussi
sa réforme comme quelque chose de nécessaire. A un
des extrêmes, quelques participants ont pensé qu’il
faudrait faire un plus grand effort pour vraiment réformer
cette institution. A l'autre extrême, il y avait ceux qui
pensaient qu'il faudrait purement et simplement l’éliminer.
A la moitié du chemin, il y avaient ceux qui pensaient que
l'Onu devrait rester en place (réformée ou pas) mais
avec l’ajout d'autres institutions telles qu'un Parlement
Mondial, pour le compléter, le contrebalancer ou l'aider
à se réformer.
Une autre source d'insuffisances du système
actuel touche à la domination archi présente des États-Nations.
Certains ont pensé que la tâche d'éliminer ou
de réduire le pouvoir de l'Etat était franchement
intimidante. D'autres ont vu des possibilités de réformer
ce système, par exemple, en encourageant l'idée de
la cité (par opposition à l'Etat).
Son rôle serait d’encourager
la société civile et des processus participatifs...
et il pourrait s’appuyer sur un Conseil de sages
Quant au rôle du Parlement Mondial dans tout
ça, il semble que tout le monde a été d’accord
sur le fait que l'architecture actuelle de la gouvernance mondiale
souffre d'un manque sérieux de légitimité.
En encourageant l’intervention de la société
civile, en élevant la conscience collective à travers
un processus participatif qui impliquerait tous les citoyens - du
monde entier et tous les mielleux - un Parlement Mondial pourrait
résoudre certains de ces problèmes.
Un participant a critiqué l'idée
d'un système parlementaire traditionnel à une échelle
globale et a proposé à la place l'idée d'auto-gouvernance
régionale décentralisée, qui enverrait des
délégués à un Parlement Mondial. Ces
délégués ne légiféreraient pas
et ne voteraient aucune sorte de gouvernement mondial, mais agiraient
en tant que organisme de débat devant évaluer le chemin
que nous avons parcouru pour nous mettre d’accord sur des
valeurs humaines communes.
L’on a présenté plusieurs projets
quant à ce à quoi pourraient ressembler des visions
futures de l’état de la gouvernance globale. Parmi
eux, un projet pour un gouvernement mondial qui aurait l'avantage
de faire d'une pierre deux coups (l'Onu et le système d’États)
ou un système de gouvernement global qui serait une extension
de l'Union européenne. Le plan le plus compliqué envisageait
un système tripartite avec une branche exécutive (l'Onu),
une branche judiciaire (plusieurs tribunaux mondiaux : pénal,
économique, écologique, cour d'arbitrage) et l'équivalent
d'une branche législative (le Parlement Mondial) : cela permettrait
à tous les êtres humains de manifester leurs propres
choix d’avenir et les problèmes qu’ils aimeraient
traiter en priorité. Une telle entité fonctionnerait
grâce à une Chambre des Communautés d'Idées
(ou Chambre de Propositions) et un Conseil de Sages avec des penseurs,
scientifiques et activistes, élus démocratiquement,
qui se chargeraient de donner leur avis et leurs lumières.
Voilà quelques-uns des sujets discutés
ce dernier mois. Ils serviront de tremplin pour le thème
du mois qui commence : l'organisation interne et externe du Parlement
Mondial. Une bonne partie du chemin a déjà été
parcouru au moment où l’on entre dans une discussion
plus détaillée sur la forme réelle que pourrait
avoir un Parlement Mondial.
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