Résumé
: Le thème de discussion de ce mois était : Comment
pouvons-nous créer un mouvement pour la démocratie
mondiale et un Parlement Mondial et inviter tout le monde à
y participer ? Le débat a commencé avec une critique
du forum qui à son tour a donné lieu à des
réponses qui défendaient l'initiative. Il y a eu aussi
des désaccords concernant le besoin d'adopter une langue
universelle. La discussion est alors passée aux thèmes
fondamentaux tels que la participation directe, la vraie démocratie,
la démocratie qualitative et la démocratie mondiale.
Enfin, nous avons aussi traité l'importance d’autres
éléments tels que l'art et la nature, dans la construction
d'un Parlement Mondial.
La question du 5ème mois de notre période
de six mois de discussion sur un Parlement Mondial était
: Comment pouvons- nous créer un mouvement pour la démocratie
mondiale et un Parlement Mondial et inviter tout le monde à
y participer ?
Pour faire le point sur où nous en sommes
dans notre débat, nous avons commencé à organiser
un groupe de travail pour conduire le processus, dans l'idée
qu’il pourrait devenir plus tard un Comité de Coordination
représentant toutes les personnes et organisations qui participent
au processus d'organisation. Avec le temps, nous pourrions aussi
créer un vrai Conseil des Délégués avec
des représentants ou des liaisons d'assemblées locales
et régionales et des organisations participantes.
Construire un Parlement Mondial est
difficile, mais cela ne doit pas nous décourager
Quelques participants ont exprimé une critique
sur le forum, soutenant que la discussion est trop homogène,
avec une majorité de participants qui ont des expériences
semblables, par exemple des organisations actives dans la gouvernance
mondiale. Pour certains, ces tendances montrent que le forum ne
peut conduire que vers la construction d'une organisation qui n’est
pas si différente que celles qui existent déjà
- telles que l'Onu - et que cela empêche de mettre en place
un vrai processus participatif mondial et pluriel qui favoriserait
l’émergence d'une troisième voie. Un participant
a résumé ce sentiment ainsi : « Je crains qu'un
Parlement Mondial deviendra à l’avenir un lieu de pouvoir
absolu, dictatorial, contrôlé par quelques individus.
C'est un grand risque et personnellement, je ne veux pas en faire
partie. »
De l'autre côté, un même nombre
de participants a répondu à ces critiques en soutenant
que le processus qui mène à un Parlement Mondial est
ardu, difficile et plein d'obstacles, mais que ceux-ci ne devraient
pas nous dissuader de continuer le travail.
Pour le Parlement Mondial, une langue
commune serait pratique, mais pourrait mettre en danger la pluralité
La communication et le transfert de la connaissance
sont des besoins de base pour toute organisation. Quand nous avons
commencé la discussion générale il y a quelques
mois sur « les valeurs communes » pour un Parlement
Mondial, la langue était l’un des premiers sujets évoqués.
A mesure que nous avançons vers des questions pratiques,
la langue reste l’une des fondations clef pour la construction
d'un Parlement Mondial. Idéalement, le Parlement Mondial
devrait être linguistiquement neutre (tandis qu’une
adoption de l'anglais, comme langue candidate principale, ne le
serait pas). L'espéranto ou son dérivé, l'ido,
ont été conçus pour un tel but. Ils pourraient
réussir quant aux valeurs mais est-ce que ce serait faisable
de demander à tous les participants du Parlement Mondial
d'apprendre l’une de ces langues ? L’ido peut être
appris en entre douze jours et trois mois, devenant ainsi une option
viable. On pourrait ainsi proposer l'enseignement systématique
de l'ido comme deuxième langue dans les écoles, pour
permettre aux petits de toutes les cultures de communiquer entre
eux sans problème.
Cependant, quelques participants ont signalé
qu'établir une langue commune peut gêner un processus
déjà difficile et qu'il y a des organisations internationales
qui travaillent bien avec quatre ou cinq langues. Un participant
a même suggéré que le pluralisme devrait être
réellement la fondation d'un Parlement Mondial. Ainsi, pourquoi
essayer de transformer nos langues en une langue universelle ? La
langue est un élément de culture, civilisation et
identité. Ainsi, c'est important qu'un Parlement Mondial
donne la parole au plus grand nombre de langues possible.
Il faut mettre en place des équipes
pour poursuivre l’organisation du Parlement Mondial...
Le sujet du mois étant la recherche de moyens
pratiques pour organiser le Parlement Mondial, un participant a
suggéré un plan basé sur l'organisation d'équipes
(24 en tout), comprenant une équipe de coordination, une
équipe de collecte de fonds, une équipe de liaison
avec les politiciens et un équipe de création d’ambassades
« citerriennes », etc.
... tout en évitant à
tout prix la dictature des coordinateurs et en laissant la place
à la « démocratie directe »
Un des défis des futurs gouvernements et
organisations internationales, un Parlement Mondial compris, sera
de faire participer vraiment les citoyens particuliers aux processus
de prise de décision. Pour cela, la technologie moderne devrait
être exploitée comme un outil qui nous permettra de
créer des nouvelles formes d'organisation sociales par lesquelles
la participation directe du citoyen dans le processus politique
au niveau de la communauté locale pourrait mener à
la responsabilisation aux niveaux de l’État, fédéral
et à terme d’un Parlement Mondial. C'est l'un des défis
qu'un Parlement Mondial devra entreprendre étant donné
que tout le monde n’a pas accès à la technologie
de l'information..
Si on tient compte de cela, il faudra faire attention
à ne pas verser dans ce que l'on pourrait appeler la tyrannie
ou la dictature des coordinateurs, représentants ou porteurs.
Nous ne devons pas, comme l’a dit un participant, «
nous constituer en structure de contrôle, mais en structure
de raison. Nous avons besoin d'établir des méthodes
de contrôle sur les élus qui ne réalisent pas
la volonté de leur peuple. Nous devons être la conscience
du monde à l’intérieur de ce qui existe déjà.
»
Faire de la « vraie démocratie
» un objectif et appliquer le principe de consensus
La démocratie directe est bien un idéal
que l'on devrait s'efforcer de réaliser, mais la vraie démocratie
est un autre des objectifs que devrait viser un Parlement Mondial.
La vraie démocratie est-elle possible ? Un participant a
suggéré que l’on pourrait bien la développer
:
1. Sans le principe de majorité dans le
processus de prise de décision, pour empêcher la tyrannie
de la majorité. Le système serait basé sur
le principe de consensus et le droit de veto pour tous les députés.
2. Sans élection des représentants.
On mettrait en place des politiciens professionnels formés
tel qu’on le fait pour nos juges. Ceux qui voudraient devenir
des représentants politiques professionnels, devront déclarer
qu'ils sont absolument d'accord avec le principe de consensus et
que pour eux le bien-être commun a priorité sur les
intérêts particuliers.
Cette approche a été corroborée
par un autre participant qui a suggéré que «
Nous devons mettre en place une structure de raison dans toutes
les institutions démocratiques existantes aux échelles
locale, régionale, nationale, continentale et mondiale. Nous
n'avons pas besoin de fonctionnaires élus mais plutôt
de former des adjoints professionnels qui auront le temps, la formation
et l’expérience nécessaires pour faire le travail
intellectuel très dense de trouver le consensus nécessaire
pour coordonner partout dans le monde les différents thèmes
issus de la volonté de la population. »
Remplacer la « démocratie
quantitative » par la « démocratie qualitative
»
Un grand nombre de participants se sont montrés
impatients ou même fortement dégoûtés
face à la « politique politicienne » où
la vie publique sert seulement de moyen pour avancer les intérêts
des groupes ou individus qui participent activement dans ces processus
(y compris les politiciens bien évidemment). Un participant
a résumé ce sentiment ainsi : « Je crois que
le vrai pouvoir dans tout gouvernement vient des personnes. Nos
gouvernements sont défaillants à notre égard
maintenant parce que nous avons perdu notre voix. Nous sommes devenus
silencieux face à la bureaucratie du pouvoir politique national.
Et nous souffrons maintenant de notre propre ignorance passée.
»
Il y a donc un grand besoin d'améliorer
la qualité de la représentation et de la démocratie
en général. Ainsi l'idée de la démocratie
qualitative (ou démocratie de consensus), qui a été
développée par l'un de nos participants, veut dépasser
celle de la démocratie quantitative et son principe traditionnel
de la majorité.
La démocratie qualitative serait basée
sur une législation dominée par les priorités.
Ces priorités seraient élaborées par une nouvelle
espèce de « politiciens professionnels » (un
sujet que nous avons déjà largement traité
dans nos premiers débats) qui élaboreraient des listes
de priorités. Ces professionnels volontaires seraient formés
pour le Parlement Mondial et seraient sélectionnés
au lieu d'être élus. Ils obtiendraient une formation
adéquate dans des « Académies Politiques Indépendantes
».
Et réaliser, à terme,
la « démocratie mondiale »...
Pour beaucoup de participants, la question d'un
Parlement Mondial est liée directement à celle de
la démocratie mondiale ou globale. Une façon de penser
la démocratie mondiale pourrait être à travers
les approches suivantes, qui peuvent correspondre à des communautés
d'idées.
La première est pédagogique. Encourager
les autorités publiques, les éducateurs, les parents
et les citoyens à développer le sens de la critique
et la confiance sociale et coopérative des enfants au moment
ou ils commencent à parler et à avoir d'autres compétences
communicatives, et développer des comités délibératifs
de citoyens ad hoc, tant extensifs qu’intensifs.
La deuxième est communautaire. Encourager
les organisations qui cherchent à gagner plus d'influence
à l'Onu et dans d'autres autorités supranationales,
telles que le GPAN (le Réseau de l'Assemblée Mondiale
des Peuples).
La troisième est administrative. Encourager
la fusion des démarches existantes de propositions pour un
Parlement Mondial en dehors de l'Onu
La quatrième est nationale. Encourager les
gouvernements nationaux à développer le consentement,
ainsi que le consensus autant que possible, sur la législation
nationale et l'évolution constitutionnelle pour augmenter
la gouvernance démocratique (représentation provisoire,
subsidiarité, durabilité, transparence, responsabilité,
réseaux sociocratiques, etc.) localement, nationalement et
régionalement.
La cinquième est multilatérale. Encourager
les citoyens du monde et les décideurs de la politique nationale
à développer ces changements pour la démocratisation,
de façon multilatérale.
... tout en considérant l'art
comme élément universel et essentiel...
L'art a souvent plus de pouvoir que tous les discours
du monde. Au bout de compte, Shakespeare ou Van Gogh sont plus aimés
par les gens que n'importe quel théoricien ou figure politique.
L'art ne connaît pas de limites et son langage est universel.
Ainsi, il est impératif que le Parlement Mondial crée
un comité d'art où les membres pourraient publier
leurs commentaires sur les activités artistiques mondiales
; échanger leurs expériences artistiques ; prendre
des décisions pour des activités d'art mondiales et
exprimer leurs idées sur les affaires mondiales depuis une
perspective artistique.
... et en s’inspirant, enfin,
de la nature
De même, il faudra prendre en compte la nature,
et viser à ce que la construction et le fonctionnement d'un
Parlement Mondial puisse bien marcher, grâce à l'observation
des lois de la nature. Par exemple, comme un participant le suggère,
« Si nous faisons une place aux principes organiques, la construction
d'un Parlement Mondial deviendrait une activité agréable
au lieu d’être purement un dur travail. »
Tout le monde se souvient de l'analogie de «
l’arbre à palabres » pour le Parlement Mondial.
On pourrait le comparer aussi à une coquille marine : il
commence son cycle de vie comme une petite créature presque
invisible mais sa forme est déjà celle d'un spécimen
complètement adulte. Ainsi, le modèle qui doit servir
à sa croissance est déjà présent au
début de son cycle de vie.
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