Numéro 7 | Décembre 2000 | ||
Sommaire |
Pour un tourisme durable De nombreux mots sont utilisés pour définir les activités touristiques. Malheureusement, ils sont souvent utilisés de façon impropre ou progressivement détournés à des fins publicitaires, et ne correspondent plus aux concepts ou aux expériences qui ont été à l'origine de leur utilisation. Nous rendons ici à ces mots leur signification exacte. Le Tourisme intégré concernait à l'origine les formes de tourisme expérimentées en Casamance (Sénégal, Afrique) dans les années 70 (voir Le tourisme rural intégré). Les activités touristiques sont « intégrées » à la vie locale et mises au service du développement, contrairement aux pratiques courantes où les communautés locales sont mises au service du tourisme. Précurseur du tourisme durable, il s'oppose au Tourisme enclavé, lequel est plaqué sur un environnement préexistant qu'il détruit parfois complètement, et dont le tourisme balnéaire et les stations de ski sont les exemples courants. Le Tourisme individuel peut être organisé par une agence de voyage ou élaboré au jour le jour à la fantaisie du voyageur. Il n'est porteur que des valeurs de celui qui le pratique. Il utilise fréquemment les mêmes structures que le tourisme de masse. On dit que « 25 touristes individuels font plus de dégâts qu'un groupe de 25 touristes ». Tourisme de masse : cette expression ne concerne pas une pratique du tourisme, mais l'utilisation d'infrastructures lourdes (aéroports, réseaux routiers, parcs hôteliers, complexes de loisirs) dont l'impact est irréversible sur la région concernée. Il entraîne des effets en chaîne : urbanisation, afflux de populations pauvres, désocialisation, délinquance, prostitution. Les intérêts commerciaux des uns et les plaisirs des autres priment sur la protection de l'environnement et sur l'intérêt à long terme des populations locales. Le touriste le mieux intentionné peut rarement éviter de faire appel aux structures du tourisme de masse pour une partie au moins de son voyage. Le Tourisme social s'est surtout développé au lendemain de la seconde guerre mondiale, pour permettre au plus grand nombre de prendre des vacances, puis de voyager. Colonies, centres de vacances, il s'est à son tour intégré au tourisme de masse. Porteur à l'origine de valeurs respectueuses des lieux d'accueil, son concept, antérieur au développement massif du tourisme à l'étranger, ne manifeste qu'occasionnellement le souci de former les voyageurs en citoyens du monde. Le Tourisme d'aventure utilise des circuits peu fréquentés et se pratique en groupes restreints dans des conditions rudimentaires, mais protégées. C'est un tourisme onéreux. Le Tourisme culturel se limite trop souvent à privilégier les images ou les récits du passé par rapport à la dynamique du présent, en isolant les faits et les lieux de l'actualité vécue par les populations, réduites alors souvent à des objets de consommation. De même, le Tourisme de nature (ou éco-tourisme) privilégie trop souvent l'observation de la nature dans des complexes touristiques qui ne respectent pas toujours l'environnement, et met trop souvent aussi les populations locales à son service. Le Tourisme durable (expression née à la suite du Sommet de Rio en 1992) prône un tourisme qui contribue à un développement respectueux de l'équilibre environnemental et humain, pour assurer dans le temps la "durabilité" du milieu et de ses ressources, en étroite collaboration avec les populations locales, et dans l'intérêt des générations à venir. Ce terme tend à être récupéré à des fins publicitaires. Le Tourisme équitable est un concept plus récent, qui se réfère à celui du "commerce équitable" où une relation s'établit entre le producteur et le consommateur, de telle sorte que les intermédiaires restent sous la vigilance de réseaux. Il permet ainsi une rémunération équitable du « producteur » (l'hôte du pays d'accueil), et réduit les aléas du commerce entre régions consommatrices riches et « productrices » pauvres et dépendantes. L'adaptation de la notion d'équitabilité au tourisme reste délicate à cause de la complexité du marché touristique, qui n'est pas réductible à une simple transaction entre producteurs et consommateurs. Le "produit touristique" (qui n'est parfois qu'un paysage gratuit ou un loisir importé) est lui-même complexe. |