Numéro 4 | Octobre 1999 | |||
Sommaire |
CHARTE DE LA TERRE La Terre est notre seule, unique et irremplaçable patrie. L'Humanité, dans sa diversité, appartient au monde vivant et participe à son évolution. Leurs destins sont inséparables. Héritiers des femmes et des hommes qui nous ont précédés sur cette terre nous reconnaissons nos responsabilités personnelles et collectives à l'égard des êtres humains, à l'égard du monde vivant et à l'égard des générations à venir. L'Humanité est par sa puissance et sa science en train de transformer son environnement de façon irréversible. Si par imprévoyance, avidité, égoïsme, inconscience, par orgueil, ignorance ou indifférence nous oublions nos responsabilités et nos devoirs de solidarité à l'égard des autres et à l'égard de la Terre, nous finirons par nous auto-détruire. L'ampleur et la rapidité des changements qu'a connue l'Humanité depuis un siècle, la croissance rapide de la population, les atteintes à la diversité des cultures et des êtres vivants, l'épuisement progressif de ses ressources et leur mauvaise répartition entre les êtres humains, les inégalités entre les sociétés et au sein des sociétés rendent nécessaire et urgent un nouveau pacte entre les êtres humains, par lequel ils se reconnaissent partenaires pour la survie et le développement de l'Humanité et pour la sauvegarde de la planète. Ce pacte, destiné à promouvoir l'harmonie des relations entre les êtres humains, entre les sociétés, entre l'Humanité et la planète, s'enracine dans nos traditions et nos sagesses. Il repose sur cinq principes fondamentaux. Ces principes doivent guider la conduite des personnes, des autorités publiques, des entreprises, des scientifiques et de la communauté internationale. 1. Pour sauvegarder l'Humanité dans sa richesse et la Planète dans son intégrité, il faut à tous niveaux concilier l'unité et la diversité L'Humanité fait partie du monde vivant et doit, pour survivre et se développer, en préserver l'intégrité. L'Humanité et le monde vivant sont faits d'êtres infiniment divers et tous interdépendants. Unité et diversité sont inséparables et également nécessaires à l'intégrité de l'Humanité et du monde vivant. Toute communauté humaine a le droit de vivre conformément à sa culture et ses convictions à condition de respecter le même droit à la diversité en son sein et pour les autres communautés. 2. La reconnaissance de l'autre est le fondement de toute relation et de toute paix Tous les êtres humains ont une valeur en eux-mêmes et ont un même droit à la dignité, au respect, à la compassion, à la connaissance et aux ressources naturelles de la planète. Ni les modes de vie ni les actions ne peuvent compromettre les droits imprescriptibles des autres. La reconnaissance de l'autre est le fondement d'une gestion pacifique des conflits et de la recherche de la coopération pour gérer le bien commun. 3. L'acceptation des contraintes liées à la préservation du bien commun est nécessaire à l'exercice de la liberté La liberté des personnes, les droits de chercher, de posséder et d'entreprendre, la souveraineté des nations sont subordonnés à la préservation du bien commun, aux nécessités de la sauvegarde de l'Humanité et du monde vivant. Tout pouvoir et tout savoir entraîne une égale et imprescriptible responsabilité à l'égard des autres et à l'égard de l'Humanité. Chacun, avec ses moyens, est coresponsable de la sauvegarde de la Terre. C'est l'exercice simultané de droits et de devoirs qui fait de chaque personne un membre à part entière et un citoyen de la communauté humaine, qui fait de chaque peuple un membre à part entière de la communauté des nations. 4. Le développement matériel est au service du développement humain Les véritables mesures du développement humain ne sont ni l'accumulation de richesses ni l'accumulation de savoirs. Ce sont la possibilité pour chaque être humain d'avoir une vie digne et épanouie et l'harmonie des relations entre les personnes, entre les sociétés, entre l'Humanité et le monde vivant. Les ressources renouvelables de la planète sont limitées et doivent être réparties équitablement entre tous les êtres humains, les ressources de l'intelligence et du cour sont infinies et la source de tout développement humain. La dignité des personnes n'a ni mesure ni prix. 5. L'innovation n'est pas un but en soi mais un moyen au service du développement de l'Humanité et de la sauvegarde de la Planète L'Humanité ne peut, sans préparer son propre asservissement, faire de la nature et du monde vivant l'instrument de ses désirs, modelable au gré de ses volontés. Le monde vivant est complexe. Son fonctionnement immémorial a créé nos conditions de vie et de survie. Modestie et prudence s'imposent avant de porter atteinte à ses équilibres. Plus les conséquences des progrès scientifiques et techniques sont imprévisibles, plus grande doit être la prudence. Les sociétés humaines ne doivent mettre en ouvre des innovations qu'une fois vérifiée la capacité d'en maîtriser les risques présents et futurs.
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