Numéro 4 | Octobre 1999 | ||
Sommaire |
S.O.S. Mer et Pêche Editorial Ecoutons ce que les pêcheurs ont à nous dire. Ils nous disent qu'ils font le plus beau métier du monde mais qu'il est de plus en plus difficile d'en vivre parce que nos mers vont mal, qu'elles sont polluées, pillées par des techniques destructrices. Sans poissons il n'y a plus de pêcheurs. C'est pourquoi ceux-ci réclament le droit de gérer eux-mêmes les ressources qui les font vivre. Ils s'organisent pour adopter des techniques "durables " comme les pêcheurs irlandais, pour diversifier leurs activités comme les pêcheurs chiliens ou pour régler les conflits entre eux comme c'est le cas dans le sud de la France. Ils s'unissent pour faire valoir leur point de vue, pour être associés à la définition et à la mise en place des politiques qui les concernent. La mondialisation menace leur survie ? Ils lui opposent une solidarité mondiale entre pêcheurs, car la mer n'a pas de frontières et quand les pêcheurs sénégalais arrivent à changer des accords de pêche avec l'Union européenne à leur avantage, ce sont tous les travailleurs de la pêche artisanale qui remportent une victoire. Certains hommes politiques pensent que les communautés de pêcheurs artisans seront comme des réserves d'Amérindiens dans quelques années ? Comme les Indiens du Chiapas, les pêcheurs artisans forment un mouvement de résistance pour préserver leurs lieux de vie et leur identité. Le mouvement des travailleurs de la pêche artisanale s'inscrit clairement contre la mondialisation et pour le développement durable qui préserve les ressources, reconnaît le rôle primordial des femmes dans la filière du poisson et prend en compte l'avenir des générations futures. Le poisson est un or bleu qui suscite des convoitises et même des liaisons dangereuses comme celle de WWF et du groupe Unilever pour la création d'un éco-label. Décidés à ce que les grands industriels ne décident pas pour eux si tel poisson est pêché suivant les règles du commerce équitable, les pêcheurs artisans ont encore un combat supplémentaire à mener pour imposer leurs critères. Ils devraient être entendus à l'heure où la question de la sécurité alimentaire devient de plus en plus cruciale, notamment dans le domaine des ressources en protéines. La mer n'est pas épargnée. Dans les années 1970, l'aquaculture était sensée résoudre le problème de la faim dans le monde. Aujourd'hui, on sait qu'elle peut générer de la pollution, des maladies qui rendent les poissons fous et que l'élevage des espèces carnivores, consommatrices d'autres poissons, contribuent au dépeuplement des mers. C'est l'intérêt de tous d'encourager une pêche durable et de soutenir les combats que mènent aujourd'hui les pêcheurs artisans un peu partout dans le monde. S.N. |