Numéro 4 | Octobre 1999 | ||
Sommaire |
L'Alliance en Mouvement L'Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens (ATTAC, cf. Caravane n°2, Décembre 1998), qui a été fondée en France le 3 juin 1998 autour d'une plate-forme réunissant des citoyens, des associations, des syndicats et des journaux, a fêté son dix millième membre en France lors de son premier anniversaire en juin 1999. Elle est à l'origine d'un Mouvement international pour le contrôle démocratique des marchés financiers et de leurs institutions d'ores et déjà présent en Suisse, Belgique, Québec, Brésil, Sénégal et Norvège. Une soixantaine de parlementaires français a annoncé sa participation à un groupe local d'ATTAC créé à l'initiative de cinq députés. C'est l'une des originalités d'ATTAC de compter ainsi parmi ses membres des groupes formalisés comme tels au sein de la représentation nationale, des collectivités locales et des collectivités territoriales. Hors de France cette particularité se décline aussi : en Belgique, c'est un groupe local d'une trentaine de fonctionnaires internationaux au sein de la Commission Européenne qui existe ; au Brésil, c'est l'appui de gouvernements provinciaux qui s'est développé avec l'organisation formelle d'ATTAC. Ainsi forte des 100.000 signatures recueillies et fort des nouveaux députés européens élus qui ont signé eux aussi la pétition d'ATTAC (cf. http://attac.org/fra/asso/doc/petitioneuro.htm), l'association se développe et devient une véritable force politique internationale non partisane qui compte accueillir toutes les personnes désirant se réapproprier ensemble l'avenir de notre monde. ATTAC, en association avec CADTM - Coordination contre les clones de l'AMI - DAWN - Forum des alternatives a organisé une rencontre internationale à l'Université de St Denis (France) du 24 au 26 juin 1999, intitulée " Planet - un autre monde est possible " qui a réuni 1200 délégués de 80 nationalités, autant dire des mouvements de toute la planète. Un document de synthèse reprenant les différents travaux des commissions et des ateliers a été avalisé en séance plénière. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de la résolution finale adoptée à l'issue de la rencontre. Contact: Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens Résolution finale de la rencontre " Planet " 1) L'objectif des rencontres internationales de juin 1999, organisées par ATTAC, en partenariat avec le CADTM, la Coordination contre les clones de l'AMI, le Forum mondial des alternatives et DAWN était de contribuer à la coordination de réseaux agissant à l'échelle internationale contre la dictature des marchés. [...] 2) 2.- Cet objectif n'est pas utopique. Face à l'avancée de la mondialisation libérale, soutenue par des gouvernements qui, souvent, sont les premiers à s'opposer à la mondialisation de la démocratie et des droits humains, il s'agit maintenant de développer et de coordonner des contre-attaques et de faire le lien avec des forces porteuses d'une autre logique. [...] 3) Il nous faudra faire connaître et soutenir les principales luttes et actions nationales et internationales de résistance à la dictature des marchés financiers, notamment par des campagnes d'urgence en appui aux mouvements sociaux et de défense des droits humains. [...] 4) La première échéance est le démarrage d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales - le Cycle du millénaire - dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dont la conférence ministérielle est convoquée à Seattle (Etats-Unis) du 30 novembre au 3 décembre 1999. Ces négociations porteront non seulement sur la libéralisation accrue du commerce international, mais aussi sur l'investissement, les marchés publics et la concurrence, les services (santé, éducation, transports, etc.), le brevetage du vivant. Ce qui se profile est donc bien davantage qu'un simple " clone de l'AMI " : rien de moins que la mainmise des sociétés transnationales sur tous les domaines de l'existence humaine. [...] nous nous mobilisons, dès l'été 1999, pour exiger un moratoire sur ce Cycle du millénaire, et pour le remplacer par un Cycle du bilan (Assessment Round) de l'OMC. [...] Attachés au principe de séparation des pouvoirs, nous exigeons également que soit supprimé l'Organisme de Règlement des Différends (ORD) de l'OMC, où cette dernière est à la fois juge et partie. Une réflexion doit, par ailleurs, s'engager sur la création d'une Cour de justice économique, internationale et indépendante. Partout dans le monde, nous participerons à la Semaine internationale de mobilisation prévue du 12 octobre (Journée contre la colonisation et la néo-colonisation libérales) au 17 octobre 1999 (Journée internationale contre la misère). Seront notamment menées des actions d'interpellation des gouvernements et des parlementaires, avec comme axe principal la dénonciation des stratégies des sociétés transnationales. Une Journée internationale de mobilisation et d'initiatives publiques aura lieu au moment de l'ouverture de la conférence de Seattle. Notre vigilance ne faiblira pas aussi longtemps que dureront les négociations à l'OMC. 5) Deuxième thème qui nous rassemblera : la lutte pour la taxation des transactions financières, et la mise hors la loi des paradis fiscaux. Une occasion s'offre à nous, en Europe d'abord, pour cette campagne : la Finlande, qui assure la présidence de l'Union Européenne au deuxième semestre 1999, est l'un des deux pays, avec le Canada, où les autorités politiques se sont prononcées en faveur de la taxe Tobin. Dans cette perspective, une pétition mondiale sera déclinée dans les différents continents et, en particulier, au sein de l'Union Européenne qui dispose de la taille critique pour initier une taxation des capitaux spéculatifs. [...] 6) Troisième thème de mobilisation : la dette des pays du Sud et de l'Est. Lors du G7-G8 de Cologne, en juin 1999, les mesures prises ne concernent qu'une faible partie de la dette des pays les plus pauvres, et elles sont conditionnées par le renforcement des plans d'ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque Mondiale. Nous nous opposons à cette conditionnalité qui implique à la fois un abandon de souveraineté nationale et une dégradation supplémentaire des conditions de vie des populations concernées. Afin de rétrocéder aux peuples ce qui leur a été volé, nous soutiendrons l'engagement de poursuites judiciaires à l'égard des profiteurs, dictateurs, chefs d'Etat corrompus et des responsables de l'endettement. Nous appuierons la réalisation d'un front des pays endettés pour le non-paiement de la dette. Nous saluons l'organisation d'une rencontre Sud-Sud pour l'annulation de la dette, qui se tiendra à Johannesburg du 18 au 20 novembre 1999. Nous devons nous préparer à de nouvelles mobilisations internationales, notamment à l'occasion du prochain sommet du G7 à Okinawa en juillet 2000, pour que cette dernière année du millénaire soit celle de l'annulation de la dette des pays du Sud et de l'Est. 7) Quatrième thème de mobilisation : les organismes génétiquement modifiés (OGM) [avec le lancement] d'une campagne d'interpellation des gouvernements et des parlementaires pour exiger [notamment] : la mise en place d'un moratoire sur les organismes génétiquement modifiés en vue de libérer les paysans des relations de subordination développées par les entreprises transnationales productrices de semences, de permettre le développement d'agricultures alternatives, ainsi qu'une recherche scientifique au service de l'Humanité, et l'arrêt par les gouvernements, de toute négociation sur la brevetabilité du vivant [...] 8) L'action néfaste des institutions financières internationales a été mise en évidence une nouvelle fois à l'occasion des crises asiatique, russe et brésilienne. Par leurs mesures libérales, elles ont aggravé les situations économiques nationales et ont surtout fait payer aux plus faibles, aux femmes, aux chômeurs, aux petits paysans, aux petites entreprises et aux salariés, le prix de la spéculation financière et de leurs plans d'ajustement. Il convient d'analyser l'action de ces institutions, de faire connaître et de soutenir les mouvements de résistance aux plans d'ajustement, d'exiger un contrôle citoyen et une évaluation contradictoire de leurs actions. Il nous faudra rechercher les responsabilités et lutter contre l'impunité des " experts ", y compris devant les tribunaux, élaborer et promouvoir, sur le plan international, des propositions alternatives. 9) Les femmes sont fortement touchées par les conséquences de la mondialisation ; elles sont les premières atteintes par la pauvreté et la violence. Les participant(e)s visent à obtenir l'égalité des droits et leur application sur l'ensemble de la planète. C'est pourquoi nous soutiendrons la Marche mondiale des femmes de l'an 2000, ainsi que toutes les initiatives allant dans le même sens. 10) Des rencontres ultérieures nous permettront de nous retrouver. Nous avons pris date pour une initiative permettant, dans les deux ans, de dresser un bilan des actions engagées. [...] (Paris, 26 Juin 1999) |