En alternative durable au modèle prévalent des mégapoles drainant les campagnes, le concept d'Ecovillage est apparu a Rio en 1992. Depuis 1996, le Global Ecovillage Network (GEN) catalyse a travers le monde la dynamique d'échange et de mise en oeuvre des multiples facettes de ce nouveau modèle d'habitat. Les sites préexistants, les sites récents et les milliers de projets proposent des approches holistiques de l'aménagement de l'espace et des relations humaines, recouvrant les dimensions socioculturelle et économique, l'environnement, le spirituel et le sacré. Des milliers de citoyens du monde se retrouvent pour mettre en pratique des modes de vie respectueux de l'individu, de la nature et des générations futures.

Le Forum ONG du Sommet de la Terre, à Rio en 1992, avait soulevé la question de la durabilité du modèle consumériste de société et fait valoir la nécessité d'explorer le champs des possibles modes de vie soutenables. Une première rencontre de plusieurs Ecovillages eut lieu en 1994 à Fjordvang, Danemark; puis à Lebensgarten Steyerberg (RFA) l'année suivante, où fut décidée l'organisation d'une conférence pour 1996. La rencontre de Findhorn (Ecosse) rassembla 480 personnes de 40 pays et traça les bases du Global Ecovillage Network (GEN), officiellement inauguré lors de la Conférence Habitat II des Nations Unies à Istanbul la même année. Depuis, un nombre croissant de sites, aussi bien au Nord qu'au Sud, se rattache à la dynamique du réseau des Ecovillages.

Une ébullition d'expériences

Selon l'article 3 des statuts de l'Association GEN Europe, un Ecovillage est "un habitat à dimension humaine, qui intègre les activités anthropiques sans effet adverse à l'environnement naturel, soutient un développement humain sain, et qui peut être perpétué à l'infini". IEn pratique, le concept est plus un objectif à atteindre qu'une réalité répandue. Il recouvre des expériences extrêmement variées selon les climats, les territoires, l'origine, l'histoire et les intentions des porteurs de projets. L'exemple le plus ancien, Auroville en Inde démarrée en 1968 (voir encadré) est un projet de Cité idéale de 50.000 habitants, entourée d'une forte connotation spirituelle.

Le Gaia Trust danois, qui pourvoit à la logistique de lancement du GEN, recense plusieurs centaines de sites, allant de l'Ecovillage pur et dur à des lotissements suburbains où une dynamique de quartier permet la mise en place d'actions écologiques. Tous se caractérisent par leur intention d'être des lieux d'évolution, des laboratoires de l'unité humaine à travers sa diversité, et une recherche intensive de solutions concrètes aux problèmes de la planète.

Crystal Waters(Australie) s'est constitué il y a 20 ans sur les principes de la Permaculture¹, dont elle abrite le réseau. Ce cadre théorique et technique a permis un aménagement rural durable et productif.

Dancing Rabbit (USA), Munkesogar (Danemark), le Village Convivial de la Paix-Dieu (Belgique) et bien d'autres, se veulent des lieux de vie pour l'individu, mais aussi de démonstration d'une possible société humaine en symbiose avec son environnement. L'accent est porté sur l'aspect pilote et la dissémination. La plupart des écovillages offrent des possibilités d'hébergement.

Les Ecovillages en rupture avec le consumérisme

Le comportement de notre société à l'égard de l'environnement est comparable à celui d'un nourrisson: il saisit et porte à sa bouche tout ce qui lui tombe sous la main, consommant la mère nourricière sans le moindre contrôle sur ses excrétions. A présent, la mère nourricière est exsangue et le nourrisson suffoque parmi ses rejets. Il est temps de changer de paradigme, que l'humanité grandisse, devienne l'amant de la Terre, pour évoluer avec générosité vers un avenir meilleur.

La société de consommation conduit inéluctablement à des phénomènes de concentration aux dépens de l'environnement : l'agriculture se standardise et s'intensifie sur un nombre toujours plus restreint d'exploitations, les industries recherchent les noeuds de communication, les services la proximité des clients, et les populations se massent là où se trouve l'activité. Le concept d'Ecovillage apparaît en rupture par rapport à ces phénomènes. La satisfaction n'est plus recherchée dans un mode de vie consumériste, mais dans la recherche d'un lien plus intime avec les autres et la nature.

Les sciences et l'exploration ont repoussé les limites du monde connu bien au delà du champs de perception du commun des mortels, que ce soit vers l'infiniment lointain ou l'infiniment petit. Cependant les physiciens nous montrent que ces infinis de notre univers matériel se rejoignent, tandis que les options technologiques engendrées par les sciences renvoient le citoyen à cet espace encore vierge de notre univers immatériel, la quête du sens. Les Ecovillages participent à cette exploration, car ils constituent une mosaïque-réseau d'espaces d'expérimentation à l'échelle humaine, de recherche tous azimuts, de façon très concrète et ancrée dans la réalité, dans le respect de la nature, et dans la solidarité.

Haut de page

Haut de page