Numéro 2 | Décembre 1998 | ||
Sommaire |
Témoignages sur la Rencontre de Dakar (Février 1998) Une rencontre plurielle Dakar, on a beaucoup versé dans l'analogie. On a ainsi parlé de 'marmite à trois pieds', de 'trépied'. de 'triangle'... Comme si l'on manquait de termes fonctionnels pour traduire la pertinence du désormais inévitable partenariat entre les élus, les techniciens et les habitants. Venus des dix pays d'Afrique (Sénégal, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Mauritanie, Togo, Bénin, Niger, Côte d'Ivoire, Burkina Fasso et Cameroun), de la France, de la Suisse et du Venezuela, les participants ont, durant une semaine, partagé d'intenses moments de débats et de concertations sur le rôle de chacun des partenaires dans le processus de décentralisation. L'un des points forts aura été les visites par les habitants, des quartiers périphériques de Dakar (Pïkine et Colobane) et de Rufisque. Ils ont, par exemple, rencontré les 'Amazones' de Pikine, un groupe de femmes ayant décidé de prendre en charge le ramassage des ordures dans leur localité, devant la démission de la Mairie. La Rencontre de Dakar a surtout consacré la mise en place d'un Réseau Africain des Habitants. Selon Malick Wade, principal initiateur de la rencontre de Dakar, il s'agira d'un "organisme à structure légère et itinérante, conçu, entre autres, pour favoriser les échanges entre les mouvements associatifs d'Afrique." Joseph Fumtim (Cameroun) D'Istambul à Dakar Istanbul, ville séculaire et développée, Dakar, ville jeune aux innombrables difficultés et nombreux objectifs. Ma participation à Dakar, contrairement à celle d'Istanbul, a consisté à écouter et à n'intervenir que pour compléter ou appuyer. Je crois cependant avoir laissé chez les Africains un peu de notre esprit joyeux et rebelle. Les réunions se sont tenues à deux endroits différents. A l'hôtel La Voile d'Or les participants ont parlé de leurs expériences dans leurs communautés : des interventions paisibles, ponctuelles et faciles à évaluer. Au Ngor Diarma, les habitants ont changé leurs discours et leur tempérament puisqu'il s'agissait de réclamer aux élus leurs promesses électorales de solution aux problèmes non résolus. Les maires, les techniciens et les professionnels se sont vus adresser une foule de critiques et de contestations. Les situations présentées ne diffèrent en rien de celles de nos communautés. On y retrouve en effet, à tous les niveaux, les mêmes problèmes : insécurité, chômage, logement, services publics, injustice, santé, etc. Mais tant que nos alliés nous orienteront et nous permettront de faire entendre notre voix aux élus, on peut espérer certaines solutions et, surtout, que la dignité devienne réalité. Rosa de Pena (Venezuela) Une quête légitime et juste J'ai été heureux de participer à la belle rencontre de Dakar pour réussir la décentralisation en Afrique. La rencontre m'a permis de comparer mes préoccupations et réflexions de professionnel et de chercheur à celles des habitants. J'ai été frappé et séduit par la rigoureuse coïncidence entre les unes et les autres. J'ai apprecié l'excellent travail d'organisation et de représentation à travers le monde qu'accomplissent les citoyens dans leur quête légitime et juste de plus de démocratie participative et de développement urbain et rurale concerté. J'ai aussi été amené à dépasser le schéma traditionnel qui voulait que l'administration, parce que neutre et républicaine, serve de tampon, de relais et de modérateur des rapports entre élus et habitants. La méthode de Dakar a révélé les limites d'une telle approche. Elle offre au final plus de garanties et de sécurité avec le concept majeur de contractualisation qui postule à tout le moins un cadre organique (élus - citoyens - professionnels), un calendrier régulier dont le respect s'impose à tous, et une continuité des engagements de tous et de chacun. Falilou Mbacké Cissé (Sénégal) |