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S.O.S. Mer et Pêche
Prud'homies de Méditerranée
Le tribunal des Patrons Pêcheurs
Longue histoire que celle des prud'homies, puisqu'elles existaient déjà au XIVe siècle. Des textes démontrent que cette profession était organisée en confréries de Saint-Pierre ; elles avaient obtenu l'autorisation de vendre leur poisson et de réglementer leurs activités. Dès le début de la Révolution, le 8 décembre 1790, Mirabeau intervient à l'Assemblée Nationale, à la demande des pêcheurs de Marseille pour que soit reconnu le droit aux professionnels de la pêche de se constituer en prud'homie. Sous peu, ce privilège allait être accordé à d'autres ports. C'est ainsi que se constitua celle des patrons pêcheurs de Gruissan, le 24 juillet 1791. (...)
Avant de prêter serment solennellement devant l'Assemblée, le candidat doit être élu à la majorité absolue, avoir été patron pendant au moins cinq ans, et le premier d'entre eux être âgé d'au moins 35 ans et avoir déjà exercé la fonction de 2e ou 3e durant un mandat. Actuellement, des prud'homies ont du mal à trouver en leur sein un candidat au poste de 1er prud'homme qui remplisse les conditions et en accepte la charge, celui-ci devant, trois ans durant, défendre et représenter la pêche locale, travail bénévole qui s'ajoute au déjà dur métier. L'étude des textes disponibles met en évidence, qu'issues de la Révolution, ces institutions en ont conservé tous les caractères, la démocratie, l'égalité des chances, le droit de l'homme à travailler et à vivre de son métier, dans le respect de la nature, donc la protection de la ressource, et, souci permanent, la cohésion de la communauté. Pour atteindre ces objectifs, les prud'homies ont été dotées de pouvoirs.
- Le pouvoir réglementaire : une des particularités des règlements prud'homaux est leur extrême rapidité de création, puisqu'il suffit d'une assemblée générale, d'un vote et d'une inscription au registre pour qu'ils soient immédiatement applicables.
- Le pouvoir de jugement et de police : les prud'hommes et l'assemblée arbitrent les conflits entre pêcheurs adhérents, mais aussi avec les ressortissants d'autres prud'homies ; la profession, qui juge à huis clos, préfère " laver son linge " en famille plutôt que de recourir à un tribunal qui serait par ailleurs fort ignorant de ses us et coutumes. Les peines encourues peuvent être une simple amende, la confiscation du filet ou de l'engin et sa vente aux enchères au profit de la prud'homie, l'interdiction de participer à un type de pêche ou, dans les cas graves (vol), l'exclusion après notification aux autorités de tutelle, l'administration des Affaires Maritimes.
- Le pouvoir d'intervention : les prud'homies interviennent dans tout ce qui concerne le domaine maritime. Elles tentent d'assurer au quotidien la défense du territoire, la qualité du milieu aquatique face aux multiples intrusions de nouveaux acteurs, plaisanciers, véliplanchistes.Elles essayent de défendre les intérêts de la corporation en interpellant les différentes administrations. Elles sont largement consultées par les Affaires Maritimes, les mairies, les Ponts et Chaussées, ainsi que pour l'élaboration des plans d'aménagements et des enquêtes publiques...
- Le pouvoir de gestion autonome : Parmi ses activités, la prud'homie crée et gère des équipements communs comme des entrepôts, des aires de séchage, l'électricité et l'eau des quais, une station service distribuant du carburant détaxé. Elle entretient les locaux qui lui appartiennent, conserve ses archives, des tableaux et des statues, généralement celle de Saint-Pierre, qui participera, une fois l'an, au défilé de la fête des pêcheurs.
Francois Marty
Pêcheur à Gruissan, France
" Nous, femmes de pêcheurs en Méditerranée... "
Jeanne, Rosalie, Martine, Josée, Fanny, Dominique, Raymonde, Thérèse, Chantal
Voici un livre à neuf voix, voici neuf plumes originales trempées dans leur vérité simple et quotidienne. Elles racontent. Elles écrivent. Elles parlent d'elles et de leurs hommes, de leurs hommes et d'elles - de leur vie à deux, où chacun a besoin de l'autre pour arracher jour après jour à la mer, et aux clients, de quoi vivre ou survivre. Elles écrivent pour se défendre : pour se faire reconnaître, elles, les femmes de pêcheurs, qui n'ont aucun droit. Et aussi pour défendre leurs hommes ; pour que ce métier qu'ils ont choisi, qu'elles ont choisi ne meure pas. Parce qu'elles n'acceptent pas un avenir où ils seraient, elles et eux, condamnés à disparaître.
Elles sont là dans ces textes, incroyablement vivantes, diverses et solidiares. Chacune a sa personnalité, son histoire, ses mots à elle. Mais elles ont toutes en commun une fierté de ce métier dont elles disent la dureté, la beauté et la dignité. Un métier choisi, aimé avec passion. Un métier où elles se sentent, elles, les femmes, indispensables.
"Paroles de femmes",
Paris, 1997, 180pgs.
INDIGO & Côté-femmes/FPH coll.
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