Numéro 3 | Mai 1999 | ||
Sommaire |
Le mouvement Save the Seeds Nagani, petit village himalayen de la région de Tehri Garhwal. Un groupe de fermiers est assis sur les champs qui longent la rivière Henval - la plupart sont des femmes provenant des villages avoisinants. Une bannière indique le but de ce rassemblement : la rencontre Baranaja organisée par le mouvement 'Save the Seeds'. Mais qui sont ces personnes ? Que signifie Baranaja ? Pourquoi conserver les semences ? Comment le faire ? Cette rencontre dans ce village montagnard où se pratique la culture en terrasse soulève bien des questions. La présence de jeunes est encourageante étant donné leur exode massif vers les grandes villes en quête d'emploi. Ceux qui sont restés sont des soutiens fervents du mouvement. Le mouvement baptisé 'Save the Seeds' a été lancé par quelques agriculteurs avisés afin d'avertir les paysans des dangers imminents suscités par les firmes de semences transnationales. La grande variété des cultures et la diversité de la flore et la faune de la région himalayenne donne à ce mouvement une importance particulière. Menacé par la course au développement, cette diversité est en voie de disparition : les semences hybrides ou génétiquement modifiées, les engrais chimiques et les pesticides détruisent peu à peu l'agriculture traditionnelle. 'Save the Seeds' se donne comme mission de lutter contre cette course folle, d'informer les paysans sur les moyens traditionnels de conserver les semences et surtout de partager les semences. Nous croyons fermement que le paysan doit avoir le droit de semer la graine récoltée et que les champs sont le site incontestable des banques de gènes. Ce mouvement perçoit la science comme un partenaire et non comme un maître. Dans la région de Tehri Garhwal, les communautés villageoises ont leur propre savoir 'scientifique'. Ainsi, le système traditionnel Baranaja qui consiste à pratiquer la culture simultanée de douze variétés dans un même champ. Des céréales, des lentilles, des plantes légumineuses, des plantes grimpantes, des racines alimentaires se combinent dans ce système d'agriculture biologique qui aide à maintenir l'équilibre écologique et qui permet également au fermier, en cas de perte de l'une des cultures, de pouvoir compter sur les autres variétés. La perte n'est jamais totale. En plus d'informer les paysans de l'importance de l'agriculture biologique, nous tentons aussi de sensibiliser les fermiers aux moyens naturels d'obtenir de meilleurs rendements. Dhoomsingh Negi (Save the Seeds, Inde) |